mercredi 17 août 2011

GESTION DES DECHETS AU SENEGAL: SOPROSEN pour ôter l’or des ordures aux collectivités locales


Un projet de loi déposé sur la table des députés va consacrer la création d’une Société pour la propreté du Sénégal (SOPROSEN) chargée «du nettoiement et de la gestion de l’ensemble de la filière ordures sur l’étendue du territoire national». Ce, au détriment des collectivités locales et de l’Agence nationale pour la propreté du Sénégal (APROSEN).

Exit les collectivités locales dans la gestion des ordures. Place à la Société pour la propreté du Sénégal (SOPROSEN). Tel en a décidé l’Etat qui, à travers le ministère de la Culture, du genre et du Cadre de vie, a déposé un projet de loi à l’Assemblée nationale pour autoriser «la création d’une société à participation publique majoritaire dénommée la Société pour la propreté du Sénégal (SOPROSEN S.A.), régie par les dispositions de la loi N°90-07 du 26 juin 1990 relative à l’organisation, au contrôle des entreprises du secteur parapublic et au contrôle des personnes morales de droit privé bénéficiant du concours financier de la puissance publique». Une société à qui «reviendra la charge d’appliquer la politique définie par l’Etat en matière de ramassage et de traitement des ordures».

Dakar perd son statut spécial et ses 10 milliards

«Investie d’une mission de service public», la SOPROSEN est «chargée du nettoiement et de la gestion de l’ensemble de la filière ordures sur l’étendue du territoire national». Selon le projet de loi dont Enquête détient copie, la nouvelle société «assure la maîtrise d’ouvrage déléguée pour l’Etat et les collectivités locales, des opérations de nettoiement des lieux publics et de gestion des ordures ainsi que des équipements et infrastructures y afférents. A ce titre, l’Etat, et le cas échéant, les collectivités locales, met à la disposition de la société pour la propreté du Sénégal les ressources matérielles et financières requises pour l’exercice de cette mission, notamment celles issue de la taxe sur les ordures ménagères collectées à cet effet».
En effet, la SOPROSEN est chargée d’«assurer, pour le compte de l’Etat, des Collectivités locales et des personnes prives ou morales, toutes les activités de nettoiement public, de pré-collecte, de collecte, de transport, de transformation/ valorisation et de stockage des ordures solides».

Un capital détenu à 70% par l’Etat et les Collectivités locales

De «mettre en place une filière de gestion des déchets biomédicaux et des déchets d’abattoirs, aux fins de leur élimination, dans des conditions compatibles avec une saine gestion de la santé des populations et du respect de l’environnement». Mais aussi de «gérer l’ensemble des équipements et des infrastructures de gestion des ordures sur le territoire national» et de «veiller de manière permanente sur les normes et actions de salubrité publique, pour assurer un cadre de vie favorable à la santé et à l’épanouissement des populations ainsi qu’à la préservation de l’environnement».
Le projet de texte prévoit que «l’Etat et les Collectivités locales détiennent au moins 70% du capital de la société. Le reste est détenu par des personnes morales de droit public ou privé, toutes autres entreprises du secteur parapublic intéressées par la propreté, la salubrité et l’hygiène publique». Mieux, «les statuts de la société précisent les règles de l’organisation et de fonctionnement de la société pour la propreté du Sénégal. Ils sont approuvés par décret». Enfin, le document indique que «sont abrogées toutes dispositions contraires à la présente loi». Le texte vise principalement loi 96-06 du 22 mars 1996 portant Code des collectivités locales), la 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales et la 2002-15 du 15 avril 2002 modifiant l’article 29 de la loi 96-07 qui donne à la région de Dakar un statut spécial permettant à l’Etat d’injecter quelque 10 milliards de francs Cfa par an.

Les raisons d’une spoliation

Ainsi, si le projet passe, ce sera une méga structure qui va chapeauter les ordures sur au niveau de toutes les collectivités locales. Et pour justifier cette spoliation en règle, l’Etat soutient dans l’exposé des motifs du projet de loi que «la gestion des ordures est devenue en enjeu majeur de la politique nationale, notamment en matière d’environnement et de santé publique ». Et que «la loi numéro 96-07 du 22 mars 1996 qui transférait cette compétence aux collectivités locales, n’a pas été du tout un modèle de réussite dans son application ». Pis, «la la situation (qui) prévalait dans ces mêmes collectivités locales aura empiré gravement». Ainsi, «la volonté manifeste du gouvernement, plusieurs fois affirmée à trouver une solution durable au problème, n’aura pas suffi». Et va même créer «trois problèmes». Premièrement, il y a «une discrimination inopportune dans les collectivités locales au seul bénéfice, de Dakar, (qui) pourrait laisser croire indûment que les autres régions seraient des laissés pour compte en matière d’environnement et de santé ». Le second problème réside dans «une prise en compte incomplète de la typologie des ordures » notamment les déchets biomédicaux et les déchets d’abattage, par exemple, qui «ne sont pas traités comme des cas spécifiques». Enfin, il y a «l’absence fort préjudiciable d’un schéma efficient de recyclage et de valorisation des déchets solides alors même que c’est là un point nodal à traiter».


Vers la disparition de l’Entente CADAK-CAR et le recyclage de l’APROSEN

L’arrivée de la Société pour la propreté du Sénégal (SOPROSEN) dans la gestion des ordures aura au moins deux conséquences dans le secteur. La première, c’est la mort de l’Entente CADAK-CAR, la structure regroupant les collectivités locales des départements de Dakar et de Rufisque. En effet, cette autorité créée sur les cendres de la Communauté urbaine de Dakar avait commencé, après plusieurs errements, à sortir la tête … hors des déchets en lançant un appel d’offres international pour la gestion des ordures dans la région de Dakar. Le dépouillement de cette procédure est même prévu, selon non sources, dans la semaine.
La seconde victime, c’est l’Agence pour la propreté du Sénégal qui, d’après nos informations, pourraient se recycler dans la SOPROSEN. En effet, si la loi passe, toutes les prérogatives et compétence de l’APROSEN passeront entre les mains de cette société privée. D’ailleurs, l’Etat avait voulu, à travers le décret 2001-329 (décret du reste jamais publié) portant réorganisation et fonctionnement de l’APROSEN, transférer la gestion des ordures à cette agence.
Par ailleurs, l’APROSEN approuve la création de la SOPROSEN. En effet, dans «une note sur le projet» de création de cette société privée, l’APROSEN, a souligné que «l’insalubrité règne en maitre autant dans les communes de la capitale que partout ailleurs au Sénégal». Selon l’APROSEN, «le coût onéreux des équipements et des infrastructures de gestion des déchets et les charges de leur fonctionnement sont hors de portée des collectivités locales prises individuellement».


KHALIFA SALL, MAIRE DE LA VILLE DE DAKAR
«C’est Dakar qui est particulièrement visée dans cette procédure»


C’est un Khalifa Sall amer et étonné de la création de la Société pour la propreté du Sénégal (SOPROSEN) qu’EnQuête a joint hier. Le Maire de la ville de Dakar n’a pas mâché ses mots face à cette initiative qui, à l’en croire, remet en cause «la pertinence du principe de la libre administration qui régit les collectivités locales». «Je pense d'ailleurs que Dakar qui est particulièrement visée dans cette procédure », dit Khalifa Sall qui poursuit : «Maintenant nous allons réagir. On va se réunir au niveau national, c'est-à-dire dans le cadre de l'Association des maires du Sénégal et de l'UAL et de l'Entente Cadak-Dakar pour apporter une réponse appropriée à ces dérives. Il faut qu'on élargisse le champ de notre réaction au niveau national parce que la loi vise toutes les collectivités locales».
«Je suis étonné. Dans tous les pays du monde, les ordures relèvent des collectivités locales qui sont responsables en la matière. Maintenant, on change la loi et on nous créé une nouvelle société dans laquelle l'Etat et les collectivités locales sont actionnaires. On nous enlève une compétence et on nous oblige à adhérer dans une société », dit M. Sall qui ajoute : «On doit donc se poser la question de la pertinence du principe de la libre administration qui régit les collectivités locales ». Pour lui, ce projet de loi est «un recul grave par rapport à la loi sur la décentralisation de 1996 ».

«Logique politique de contrôler les collectivités locales perdues en 2009»

La cause de cette «régression terrible », Khalifa Sall estime qu’elle est «peut-être motivée par le crédit de la Banque islamique de développement (BID) qui prévoit d'acheter 300 camions bennes pour le ramassage des ordures». Mais derrière ce recule, le premier magistrat de la ville de Dakar voit «aussi une grosse contradiction par rapport aux propos que le président Wade a toujours tenus. Il parle de consolider la décentralisation, mais il fait autre chose. Dans ce contexte, que vaut par exemple son idée de provincialisation ? C'est tout le décalage qui existe entre le discours du Président Wade et les faits. Il initie de nouveaux découpages administratifs pour reprendre des zones perdues sur le plan électoral, au moment où il fait l'éloge de la centralisation».
De façon général, Khalifa Sall considère ce projet de loi comme «le troisième recul qu'on inflige aux collectivités locales depuis 2009. Il faut se rappeler en effet qu'on nous a retiré presque tout dans le domaine du lotissement avec le nouveau Code de l'Urbanisme. Wade a ensuite procédé à de nouveaux découpages administratifs dans un but politique. Tous ces actes rentrent dans la même logique politique qui est de contrôler les collectivités locales perdues en 2009. C'est dangereux et inquiétant ».
Bachir FOFANA
(Article paru dans l'édition du 16 août 2011 du quotidien ENQUETE)

ELECTRIFICATION RURALE: Micmac autour d’un projet indien de 12,5 milliards

KEC International Limited, une société indienne exerçant dans l’électrification rurale, vient de saisir l’Autorité de régulation des marchés publics pour dénoncer des pratiques peu orthodoxes dans un appel d’offres portant sur l’électrification rurale financée par une ligne de crédit de l’Inde d’un montant de 27,5 millions de dollars, soit près de 12,5 milliards de francs Cfa.

L’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) est appelée à trancher dans un appel d’offres émis par l’Ambassade du Sénégal en Inde portant sur la sélection de compagnies indiennes dans le cadre d’un projet d’électrification rurale. En effet, la société indienne KEC International Limited a saisi le régulateur des marchés publics pour dénoncer une nébuleuse qui entoure ce marché d’un montant de 27,5 millions de dollars, soit plus de 12,5 milliards de francs Cfa pour un projet d’électrification rurale que doit piloter l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER). L’objet du litige est l’«appel d’offres sur le Site Web de l’Ambassade du Sénégal en Inde en date du 20 mai 2011 pour la Sélection de Compagnies indiennes dans le cadre de la Ligne de Crédit de 27,5 millions de dollars pour un Projet d’électrification rurale au Sénégal». Pour la société KEC International, il y a «assez d'éléments pour penser que cette procédure est contre la réglementation des marchés publics en vigueur en Inde ou au Sénégal, et elle est clairement entachée d’irrégularités évidentes».

Un appel d’offres lancé en catimini

La première irrégularité se situe au niveau des délais de publication d’«un avis de sélection en procédure d’urgence de fournisseurs indiens» effectué le 20 mai 2011 par l’Ambassade du Sénégal en Inde qui l’a publié sur son site web. Mais, selon le plaignant, «l'avis était publié pour une durée extraordinairement courte et inhabituelle de dix jours seulement pour un projet de cette dimension». Si c’est le code des marchés du Sénégal qui est appliqué, l’appel d’offres d’urgence doit au moins durer 21 jours. Pis, «il ne figurait sur aucun autre média indien ou sénégalais comme le demande la Convention de Crédit. Il n'était surtout pas publié sur le web site de l'Exim Bank d’Inde ou tout appel d'offres de ce type doit figurer». Mais le plus cocasse, c’est «la faiblesse du document» d’appel d’offres. En effet, «un document sommaire de 9 pages qui demandait une cotation de prix pour du matériel électrique avec des erreurs ou omissions flagrantes sur les quantités demandées d’une page à une autre». L'avis disait aussi que «la liste du matériel était seulement à titre indicatif et que les quantités définitives seraient connues une fois un Survey effectué sans en préciser la date ni la nature». Or, dans la pratique, pour ce genre de projet, une visite des sites ou une séance d’explications préalable était attendue des autorités contractantes.

Des spécifications techniques non spécifiées dans le dossier d’appel d’offres de 9 pages avec «des erreurs ou omissions flagrantes»

L’avis publié disait également que «l’évaluation des offres devait se faire sur la base de spécifications techniques (qui n’étaient d’ailleurs pas spécifiées) par le département compétent du ministère de l’Energie, qui avait le droit d’accepter ou de rejeter toute offre non-conforme, sans que les paramètres de conformité des offres ne soient décrits». Le plus troublant concernait l'ouverture des plis qui «devait se faire au siège de l'agence d'exécution du Gouvernement le samedi 04 Juin 2011 (jour non ouvrable) sans que le nom ni l'adresse de l'agence soit mentionnés». Pire, soutient la société KEC, «les sociétés soumissionnaires n'étaient même pas conviées à l'ouverture des plis qui normalement doit être faite en séance publique, selon la loi. Ce qui donne quand même peu de crédibilité et de sérieux à cette procédure». Et de se demander : «Comment assurer une transparence si même les sociétés qui ont envoyé des plis fermés ne sont pas représentées le jour de l'ouverture de ces plis?»
La réponse à ce questionnement se trouve, à en croire la société plaignante, dans le fait «qu’un Contrat aurait été signé par l’ASER avec un des fournisseurs indiens qui avait déposé une offre». La plaignante poursuit : «Comme nous le permet la législation au Sénégal et en Inde, nous avons envoyé une lettre de protestation à l’ASER datée du 03 août 2011. Étrangement, aucune réponse ne nous est parvenue à ce jour. Nous nous sommes également renseignés auprès d’autres sociétés indiennes qui ont soumissionné et qui sont dans la même situation d’incompréhension et de surprise que nous». Mais avant ce courrier à l’ASER, KEC International avait «envoyé un courrier de demande d’explications à l’Ambassadeur du Sénégal en Inde daté du 27 mai 2011 avec copie (au) ministre de l’Energie. (Mais) aucune réponse ou explication ne nous a été donnée jusqu'à présent».

L’Aser aurait déjà signé le contrat avant la fin de la procédure

C’est fort de toutes ces considérations que l’ARMP a été saisie pour qu’elle fasse «respecter la loi et démontrer que le Sénégal est un grand pays de droit où les sociétés sont choisies selon des règles sérieuses de compétitivité». Karim Wade, ministre d’Etat en charge de l’Energie, Ibrahima Sar, ministre délégué à l’Energie, Aliou Niang, Directeur général de l’ASER, l’Ambassadeur d’Inde au Sénégal, sont entre autres ampliataires de cette plainte auprès de l’ARMP. Et pour bétonner son argumentaire, KEC International a joint à son dossier la Convention de crédit signée le 27 avril 2011 entre le Sénégal et l’Inde, l’avis de publication sur le site de l’ambassade du Sénégal en Inde et les lettres de protestation des 27 mai et 3 août derniers.
Pour rappel, c’est le 21 avril 2011 que le Sénégal et l’Inde ont signé une convention de crédit d'un montant de 27, 5 millions de dollars «pour le financement d'un Projet d'électrification rurale». D’après ladite convention, «seules des entreprises indiennes sont habilitées à être retenues comme fournisseurs pour ce projet et que la procédure de sélection doit respecter le Code des marchés en vigueur au Sénégal et en Inde».
Bachir FOFANA
(Article paru dans l'édition du 17 mai 2011 du quotidien ENQUETE)

mercredi 10 août 2011

L’ETAT TRAÎNE EN JUSTICE LE N°1 MONDIAL DE LA SIDERURGIE: 342 milliards de francs Cfa de dommages réclamés à Arcelor-Mittal


C’est la Cour internationale d’arbitrage de Paris qui a hérité du contentieux entre le Sénégal et Arcelor Mittal dans le cadre du contrat de concession les liant pour l’exploitation du fer de la Falémé. Le premier s’estime abusé par le second qui «n’a pas respecté ses engagements» et lui réclame 750 millions de dollars de dommages et intérêts.

Entre Arcelor Mittal et le Sénégal, le divorce est consommé. Tellement consommé qu’il a atterri devant la Cour internationale d’arbitrage de Paris avec la plainte de l’Etat du Sénégal contre le géant mondial de la sidérurgie. EnQuête a appris de sources bien informées que la Sénégal a attrait Arcelo Mittal devant cette juridiction pour «non respect de ses engagements» et lui réclame 750 millions de dollars de dommages et intérêts. Soit 342 milliards de francs Cfa (avec 1 dollar valant 456 francs Cfa à la date du 8 août 2011).
La Cour internationale d’arbitrage de Paris va statuer sur ce dossier le 15 septembre prochain, selon nos informateurs qui ajoutent que le Sénégal s’attache les services de deux avocats français. Il s’agit de Mes Rasseck Bourgi et Sébastien Bonnard. Pour Me Bourgi, EnQuête a joint son cabinet pour avoir les détails de la procédure. Mais son assistante, après nous avoir fait savoir que Me Bourgi était «en vacances», a expliqué que le cabinet n’était «pas habilité à parler de cette affaire». Au ministère des Mines également, l’on soutient que «c’est une procédure confidentielle».

Verdict le 15 septembre

Toutefois, EnQuête a appris de sources concordantes que l’objet du litige relève du non respect des engagements d’Arcelor Mittal. En effet, prétextant la crise financière internationale, Mittal avait soutenu qu’il était dans l’incapacité de respecter les 25 millions de tonnes de fer qu’il devait produire par an. Pis, le N°1 mondial de la sidérurgie avait aussi fait savoir au Sénégal qu’il ne pouvait plus construire le chemin de fer ni le port minéralier qui faisaient partie de la convention de concession. Arcelor avançait n'être en mesure de produire que 2 millions de tonnes de fer par an (contre les 25 millions prévus par le contrat). Et pour le transport de ce fer, il proposait de le faire … dans des camions.
Le Sénégal a naturellement refusé les révisions du géant de l'acier. S’en est suivie une procédure de conciliation et un échange de correspondance avec des propositions et des contre-propositions qui ne satisferont par le Sénégal qui campait sur le contrat signé en février 2007. C'est-à-dire, outre l’exploitation du gisement estimé à 750 millions de tonnes, Arcelor Mittal devait investir environ 2,2 milliards de dollars pour un complexe qui comprendrait le développement de la mine, la construction d'un nouveau port près de Dakar, ainsi que le développement d'environ 750 km d'infrastructures ferroviaires pour relier la mine au port. Sans compter les milliers d’emplois directs ou indirects que cette exploitation devait générer.

Signes avant-coureurs

Il faut dire que cette procédure contentieuse était dans l’air du temps depuis novembre 2010. En effet, devant les députés pour le vote du budget de son département, le ministre d’Etat Abdoulaye Baldé avait laissé plané l’éventualité d’une saisine des juridictions. «Pour le projet Arcelor Mittal, il ne faut pas se voiler la face, il y a eu quelques difficultés dans l’exécution de ce contrat. Arcelor Mittal a été confronté dans un premier temps à la crise économique mondiale. Ce qui a fait qu’aussi bien la convention minière, la convention portuaire, que celle ferroviaire qui avait été signée, tous ces programmes n’ont pas pu être exécutés.

Les louvoiements de Mittal

Dans la mesure où Arcelor nous avait signifié les difficultés dans lesquelles il était plongé et qui faisaient qu’il demandait à l’Etat de pouvoir retarder leur exécution. Nous nous sommes rendus compte qu’Arcelor Mittal n’avait pas respecté les engagements qui étaient contenus dans ce contrat. Il avait évoqué la crise financière internationale pour demander une suspension du contrat», disait le ministre Abdoulaye Baldé devant les députés. Il ajoutait : «Nous avons repris les négociations avec la société. Nous osons espérer que nous pourrions relancer dans les jours à venir ce projet si les discussions qui sont en cours aboutissaient. Sinon bien entendu, nous nous engagerons dans des solutions qui sont prévues dans le contrat et qui vont nous mener vers un contentieux». Se voulant plus précis, M. Baldé de dire : «Nous sommes en train de voir comment relancer tout cela, mais si nous ne nous entendons pas, il est évident que nous irons devant le juge». Pour le ministre, «le contrat prévoit une phase de conciliation au préalable, ensuite aller devant une cour arbitrale». Précisant être dans «dans une phase de pré-contentieux» mais «pas encore en contentieux», Abdoulaye Baldé révèle qu’«il y a de bonnes dispositions qui se sont manifestées de part et d’autres. Nous pensons que si nous sommes autour d’une table, nous allons trouver des solutions. Mais je pense que l’Etat du Sénégal fera de telle sorte que tous ses intérêts puissent être préservés dans ce dossier. Et nous travaillons dans ce sens».


10000 emplois et 1000 milliards d’investissement fondus
C’est en février 2007 que le Sénégal avait signé un contrat avec Arcelor Mittal (né de la fusion entre le groupe europée, Arcelor et de l’indien Mittal Steel). Le N°1 mondial de la sidérurgie promettait un investissement de 2,2 milliards de dollars (plus de 1000 milliards de francs Cfa) pour exploiter le fer de la Falémé. L'importance de ce financement était à la mesure des investissements projetés pour exploiter des réserves de fer estimées à 750 millions de tonnes. Il s’agissait de construire un port minéralier à Bargny, et de rénover (ou construire) 750 km de chemin de fer reliant la mine au port de Bargny. Le géant mondial de l'acier s’engageait à produire, à partir de 2011, 15 à 25 millions de tonnes de fer par an. Ce qui devait générer plus de 10000 emplois directs et indirects. Les décrets présidentiels lui attribuaient une concession de 25 ans. Mais le Sénégal, en application du Code minier, avait gratuitement 10% des actions dans le capital de la société d'exploitation alors que le secteur privé local devait avoir droit à 25% des parts. Autres avantages pour le Sénégal : la construction d'une unité sidérurgique dont 10% de la production reviendra au Sénégal, qui aura la latitude de l’écouler sur le marché international ou de le vendre à Arcelor Mittal. Les finances publiques devaient ainsi récolter chaque année près de 115 millions d’euros. Soit plus de 75 milliards de francs Cfa.
Mais avant Arcelor Mittal, le Sénégal avait signé un contrat avec les Sud Africains de Kumba Iron Resources. Chassé du Sénégal pour non respect des engagements, Kumba avait attrait le gouvernement au tribunal arbitral de Bruxelles et lui avait réclamé plus de 304 milliards de francs Cfa de dommages et intérêts. Mais l’affaire sera finalement réglée à l’amiable.



De la Cour internationale d’arbitrage
La Cour internationale d'arbitrage de la Chambre de commerce internationale est une organisation internationale de juridiction arbitrale permanente dont le siège est Paris, en France. Elle assure l’administration des arbitrages internationaux, des conciliations, et des commissions d’enquêtes dans des litiges entre États, personnes privées et organisations intergouvernementales. Elle se situe ainsi à la croisée du droit international public et du droit international privé.


Article paru dans l'édition du mercredi 10 août 2011 du quotidien ENQUÊTE

vendredi 5 août 2011

FINANCEMENT DU PLAN TAKKAL: Lumière sur un montage financier


Décrets à la pelle, nouvelles taxes saignant davantage les contribuables, virements de crédits préjudiciables à d'autres secteurs d'activités, alourdissement de la dette... L'argentier de l'Etat a dû s'exercer à des acrobaties pour le financement du Plan Takkal de Karim Wade. EnQuête revient sur le diable de détails de cette mobilisation certainement sans précédent.

«Nous pouvons dire que le financement du Plan Takkal est bouclé». L’annonce a été faite par Abdoulaye Diop, ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances le 26 juillet 2011. C’était lors de la signature d’une convention de financement de 57 milliards de francs Cfa pour le plan de relance et de restructuration du secteur énergétique dénommé Plan Takkal.

Plus de 30% entre ponctions sur budgets et création de nouvelles taxes

Toujours perfusée jamais guérie, du moins jusqu'à ce jour, la Senelec ressemble au tonneau des Danaïdes depuis plus d'une décennie. Paradoxalement, c'est un montage financier sans précédent, et à coups de décrets, pour que lumière pérenne soit à moyen et long terme. Le faisceau lumineux sur la mobilisation des ressources nécessaires - 650 milliards de francs Cfa – découvre les acrobaties auxquelles a dû se livrer l'argentier de l'Etat pour que le problème énergétique ne fasse plus perdre 1,4% de croissance à l’économie, comme en 2010.
Déjà, lors du Conseil des ministres du 30 mars 2011, le gouvernement annonçait dans un communiqué que «220 milliards de francs Cfa sur les 365 nécessaires cette année pour financer le plan Takkal ont été déjà acquis». Mais, c’est finalement 210 milliards de francs Cfa qui seront trouvés dans le budget national. Et comment ? A travers des ponctions effectuées sur d’autres budgets ministériels pour alimenter le Fonds spécial de soutien du secteur de l’énergie (FSE) créé par le décret 2011-161 du 28 janvier 2011. Selon la Loi de finances rectificative 2011, des réaménagements ont été apportés dans diverses lignes de crédits. C’est le cas notamment d’une ponction de 62 milliards sur les 92,5 prévus pour le prolongement de l’autoroute à péage de Diamniadio à AIBD-Mbour-Thiès. Une somme tirée de l’emprunt obligataire de 500 millions de dollars américains levés sur le marché financier international. D’autres crédits d’un montant de 114 milliards de francs Cfa ont aussi migré vers la cagnotte du plan Takkal.
A côté du budget de l’Etat, les autorités ont saigné aussi d'autres secteurs à travers la création de nouvelles taxes ou la migration de fonds initialement destinés à un autre usage. Dans ce lot, il y a le décret 2011-167 du 3 février 2011 instituant une taxe de «Contribution au développement du secteur de l’énergie» (CDSE) qui augmente de 100% le taux du prélèvement sur la valeur en douane des marchandises importées par voie maritime (de 0,2% à 0,4%) au profit du Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC). Cette taxe affecte 85% des montants collectés au FSE. Idem pour les décrets 2011-170 du 03 février 2011, instituant une taxe dénommée «Prélèvement de soutien au secteur de l’Energie» (PSE), et 2011-171, portant modification des modalités de détermination des prix des hydrocarbures raffinés. Ces textes réglementaires portent sur de nouvelles taxes sur les hydrocarbures. Variant entre 1 et 5%, hormis le fuel, ils devraient permettre de mobiliser 45 milliards FCfa par an. Le décret N°2011-311 du 07 mars 2011, lui, affecte 95% des ressources du Fonds de développement du service universel des télécommunications (FDSUT) au FSE. Pour mémoire, le FDSUT a été créé par décret n°2007-593 du 10 mai 2007 en application de l’article 9 de la loi 2001-15 du 27 décembre 2001 portant Code des télécommunications. Ce texte prévoyait que les opérateurs de téléphonie versent au FDSUT «une contribution annuelle fixée à 3% au maximum du chiffre d'affaires hors taxes net des frais d'interconnexion réglés entre exploitants des réseaux de télécommunications ouverts au public». Et d’après nos informations, c’est seulement sur l’année 2007 qu’un montant de 7 milliards de francs Cfa avait été collecté auprès des deux opérateurs (Orange et Tigo) qui existaient en son temps. Depuis lors, plus aucune somme n’avait été collectée du fait des difficultés de l’Etat à mettre en place un Comité de direction, organe qui devait se charger de l’orientation et du contrôle du Fonds. Mais, selon des sources proches du dossier, pas moins de 40 milliards de francs Cfa sont à recouvrer auprès des trois opérateurs de téléphonie. Ainsi, si la somme est perçue, les 38 milliards iraient au Takkal. Un vrai détournement d’objectif si l’on sait que FDSUT avait été mis en place pour faire en sorte que les services de télécommunications couvrent l’ensemble du territoire.

Plus de cent milliards d’emprunt auprès des bailleurs
Les bailleurs de fonds sont aussi venus à la rescousse pour que cesse le rationnement de l’électricité au Sénégal. C’est ainsi qu’il est attendu de la Banque islamique de développement (BID) 100 milliards de francs Cfa. Le mardi 26 juillet dernier, la Banque ouest africaine de développement (BOAD) a mis sur la table près de 57 milliards de francs en trois accords de prêts. Ces accords sont destinés à financer l’acquisition de groupes conteneurisés pour un montant de 27 milliards, un projet de construction d’une centrale de la SENELEC à hauteur de 23 milliards F Cfa et la location de groupes électrogènes à 12 milliards. L'objectif visé est un accroissement et une sécurisation de la fourniture de l’énergie électrique dans le réseau interconnecté avec la production de 250 gigawatts/heure par année.
En outre, l’Agence française de développement (AFD) a aussi répondu à l’appel du pouvoir sénégalais avec un prêt de 40 milliards de francs Cfa pour la réhabilitation de 14 machines (moteurs et tribunes) des centrales de Bel-Air, Cap des Biches et Kahone ainsi que la mise à niveau du parc de fuel du Cap des Biches. De même, quatre moteurs de la centrale de Boutoute à Ziguinchor seront réhabilités mais aussi, la maintenance des groupes électrogènes de Kédougou, Tambacounda, Kolda et Vélingara.

A quand la lumière ?
A quel Wade se fier quant à la fin des délestages ? Est-ce le père qui l’annonce en septembre prochain ou le fils qui, devant les députés pour le vote du budget de son ministère l’avait différé en 2014 ? Ou encore, est-ce le Karim qui s’aligne sur les positions de son père lors de la signature d’un accord de prêt avec la Banque ouest africaine de développement (BOAD) ? Difficile de répondre aujourd’hui à cette question.
Mais pour Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs sénégalais (ASCOSEN), «on peut mettre fin aux délestages sans que les Sénégalais n’aient de l’électricité en continu». Pour lui, il faut nuancer les propos des autorités en charge du secteur quand elles soutiennent que les délestages seront un mauvais souvenir pour les populations à partir du mois de septembre. «Les délestages pour manque de production (de combustible), ça, ça peut finir. Mais des pannes dans le réseau peuvent survenir à tout moment. Et cela revient à la même chose pour les consommateurs. C'est-à-dire qu’ils n’auront pas d’électricité. Ce qui importe, c’est d’avoir de l’électricité en continu», soutient M. Ndao.
Mais pour Djibril Thiongane, expert en énergie, «on ne fait que différer le problème dans le temps. Le problème, ce n’est pas avoir de l’argent et des financements. C’est comment dépenser cet argent». Pour lui, le système actuel et celui d’avant est le même. «Ce sont les mêmes conditions d’approvisionnement, le même système. Et ça, ce n’est pas régler la question». Mieux, il affirme que la Senelec est «prise en otage par un système» qui fait que le gain d’un milliard de francs Cfa engrangé dans l’appel d’offres pour son approvisionnement en combustible aurait pu être multiplié par quatre.


L’ALTERNANCE ET LE SECTEUR DE L’ELECTRICITE
Plus de 1200 milliards pour le plus grand échec des Wade


«L'échec de Samuel Sarr dans le secteur de l’énergie, c’est l’échec personnel, avant tout, du président Abdoulaye Wade». C’est dans une interview accordée au journal «Le Populaire» du 11 janvier 2011 que Jacques Habib Sy, Secrétaire exécutif de l’ONG Aid Transparence, avait tenu ces propos sur la situation énergétique du pays. Des propos confirmés par la pluie de milliards qui s’est abattue sur un secteur depuis 2000 sans pour autant que les Sénégalais n’aient une fourniture continue de l’électricité. En réalité, en cumulant les investissements prévus dans le cadre du plan Takkal et les financements antérieurs, près de 1200 milliards de francs Cfa ont été injectés dans l’électricité, soit l'équivalent du budget du Sénégal en 2006. Et les Sénégalais continuent toujours à s’éclairer à la bougie en attendant un règlement définitif de la situation qui n’est attendue qu’en 2014, quand les centrales à charbon seront opérationnelles.
En effet, n’en déplaise à Karim Wade qui avait soutenu le 13 février 2011 à la télévision nationale que «c'est 139 milliards de F Cfa qui ont été investis à la Senelec depuis 2000 et non 800 comme le soutiennent certains», la société d’électricité a déjà englouti plus de 631 milliards de francs Cfa en investissement, subvention sur le prix de l’électricité ou recapitalisation. Faut-il le rappeler, l’une des premières mesures de Wade nouvellement élu président de la République a été de dénoncer le contrat liant le Sénégal au consortium franco-canadien Hydro Québec Hélio. Cette rupture de contrat pilotée en son temps par Abdoulaye Bathily alors ministre de l’Energie, sous la houlette de Moustapha Niasse Premier ministre, s’était faite suite au rachat des actions de ce consortium à hauteur de 45 milliards de francs Cfa. S’en est suivie une recapitalisation de la Senelec pour 40 milliards de francs Cfa. En clair, le départ des Franco-canadiens a coûté au contribuable 85 milliards de francs Cfa. Sans compter qu’entre 2000 et 2004, les divers investissements faits à la Senelec étaient de l’ordre de 26 milliards de francs Cfa.
En 2008 également, dans un autre processus de recapitalisation, l’Etat avait déboursé 102 milliards de francs Cfa au profit de la Senelec. Ce, sans compter un investissement de 169 milliards de francs Cfa dans divers investissements dans le réseau, l’immobilier et la production. Mais aussi les 200 milliards de francs Cfa de compensation financière pour éviter les diverses augmentations du prix de l’électricité. Augmentation que les différentes compensations n’ont pu empêcher. Selon Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs sénégalais (ASCOSEN), le cumul des différentes hausses du prix de l’électricité est de 49% et 89% respectivement pour les petits et grands consommateurs. Et cette année, il est prévu une compensation de 18 milliards de francs Cfa.
Mais de façon générale, entre 2006 et 2009, le secteur de l’énergie a coûté à l’Etat et aux bailleurs de fonds 480 milliards de francs Cfa en termes de subventions sur le prix de l'électricité, du gaz butane comme pour la recapitalisation des dettes de la Senelec et de la Sar. Soit 152 milliards en 2006, 120 milliards en 2007, 136 milliards en 2008 et une projection de 72 milliards en 2009.

(Article paru dans l'édition du 3 août 2011 du quotidien ENQUÊTE)

MILLENIUM CHALLENGE ACCOUNT (MCA): Comment le Sénégal a perdu 330 milliards de don


Quand un homme du sérail déballe, ça fait souvent désordre. Dans son ouvrage «Macky Sall, un combat pour la République», Diène Farba Sarr explique comment le régime wadien a fait perdre au Sénégal 330 milliards de francs Cfa de don américain. Notamment dans le cadre de la première approche du Millenium challenge account(MCA).

Alchimie wadienne dans toute sa splendeur. Refuser un don de 600 milliards FCfa pour n'en accepter que moins de 300 ; c'est la prouesse réussie par le régime de l'alternance. En effet, de 600 milliards de francs Cfa dans le premier projet piloté par l’Agence de mise en œuvre de la plate-forme du millénaire de Diamniadio (AMPMD) en 2007, le Sénégal s’est finalement retrouvé avec une enveloppe de 270 milliards de francs Cfa en 2010 dans le cadre du Millenium challenge account (MCA). Soit une perte sèche de 330 milliards de francs Cfa. Diène Farba Sarr, ancien Conseiller spécial du Premier ministre Macky Sall, met cette curieuse arithmétique sur le compte de la volonté d’un «certain lobby influent sur les décisions de l’Etat» de se substituer au principe de transparence dans les procédures d’appel d’offres voulues par l’administration américaine.
En effet, dans son ouvrage «Macky Sall, un combat pour la République», présenté en juillet dernier, l’auteur s’indigne de la faiblesse de l’enveloppe des 270 milliards que le président Wade, en septembre 2010, présentait comme «une bonne nouvelle». M. Sarr, lui, se focalise aujourd'hui sur la perte de 330 milliards.

«Lobby influent»

D'après l'écrivain, «la seule condition préalable, posée par les autorités américaines pour disposer de cette manne financière, était l’administration de la Plate-forme (de Diamniadio) par un opérateur privé, choisi suite à un appel d’offres international, plus conforme aux règles qui déterminent la gestion des fonds publics aux USA». Mais «la procédure était très contraignante pour un certain lobby influent sur les décisions de l’Etat». Et pendant ce temps, le pouvoir de Wade «négociait déjà le même projet avec les arabes qui devaient investir à travers le JAFZA pour environ 400 milliards de francs Cfa sous forme de prêt destiné à financer une Zone économique spéciale d’une aire de 10 000 ha délimitée entre autres par la Plate-forme (de Diamniadio)», révèle M. Sarr.
«Ce lobby influent» est parvenu à saper le financement américain le 15 février 2007, «en pleine campagne électorale (pour la présidentielle), lorsque le gouvernement fera voter en catimini par 16 députés, parmi les 120 que comptait la dixième législature, deux textes de loi bien singuliers». Ces deux textes «adoptés en définitive par 10 députés seulement», portaient sur la création de la Jebel Ali free zone autority (JAFZA) et le passage de l’Agence pour la promotion de l’investissement des grands travaux (APIX) en société anonyme.

«Coup de Jarnac»

«Cette opération louche de mise en place d’une Zone spéciale, pilotée par l’ANOCI (NDRL : Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique) reposait sur le principe de faire de l’APIX l’autorité de régulation de la Plate-forme et de (ZAFZA) l’opérateur privé de gestion», analyse Diène Farba Sarr. Il ajoute que «dès lors, il aurait suffi d’un décret présidentiel, si le chef de l’Etat l’avait voulu, pour intégrer la Plate-forme (de Diamniadio) dans la Zone (économique spéciale) et du coup contourner la disposition de la partie américaine qui consistait à choisir l’opérateur privé suite à un appel d’offres international, une condition essentielle avant de pouvoir disposer des fonds prévus dans le cadre du MCA».
Ainsi, «la privatisation surprenante et douteuse de l’APIX (…) avait pour objectif final de mettre à la disposition de JAFZA le projet originel de la Plate-forme» de Diamniadio managé à la grande satisfaction du Millenium challenge corporation (MCC). Ainsi, «devant (ce) coup de Jarnac», «le départ des Américains s’ensuivra peu de temps après à travers le séjour d’une mission de Washington pour clôturer le projet». Parce que, commente le conseiller d'alors en infrastructures du Premier ministre, Macky Sall, «le MCC, l’organe de gestion et de supervision du MCA n’a jamais toléré les tentatives incompréhensibles de substitution de la Zone économique spéciale à la Plate-forme par les autorités sénégalaises».

«Résidus du pactole»

M. Sarr dénonce ainsi une «attitude inadmissible» qui oblige Washington «à retirer le Sénégal du processus» et à remettre «à zéro» les compteurs de notre pays «après trois années de dur labeur». Et après le lobbying «par devoir» de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio et de l’ancien Ambassadeur du Sénégal au USA, Lamine Bâ, «la nouvelle équipe de Barack Obama (sera convaincue) pour la signature d’un Compact avec le Sénégal». Mais notre pays «ne pourra bénéficier, avec la Moldavie que des résidus du pactole». Et avec, pourtant, des conditions draconiennes imposées par la partie américaine comme l’annulation du projet «si les signes de dérapages en matière de corruption et de gaspillage économique persistaient comme ce fut le cas de Madagascar, du Niger et du Honduras».
Pour Diène Farba Sarr, «en dépit du rattrapage survenu après 18 mois d’hibernation, la perte provisoire de plus de 300 milliards de francs demeurera toujours une vérité constante et ne pouvait guère être dissimulée».

200 000 emplois à l’eau

Une chose est certaine, aux yeux du collaborateur de Macky Sall. Les 270 milliards de francs Cfa présentés par le président Abdoulaye Wade comme un trophée ne pourront être perçus «ni comme une prouesse ni comme une bonne nouvelle mais plutôt une immense perte qui restera à jamais gravée dans la mémoire des Sénégalais». Et ceci est, de l'avis de Diène Farba Sarr, le fait de «fossoyeurs conscients de l’économie nationale (…) (qui) fauchèrent cyniquement ce projet d’avenir (…) en brisant le rêve de toute une Nation». D’après l’auteur du livre «Macky Sall, un combat pour la République», ces «fossoyeurs» ont mis en avant leurs «intérêts égoïstes d’affairistes» pour entraîner «impérativement la perte de 200000 emplois permanents qui étaient prévus dans les vingt premières années de vie de la Plate-forme, la privation de la formation pour 45000 jeunes et d’une réserve naturelle de 270 hectares». Sans compter, poursuit le détracteur du pouvoir, les effets induits du projet qui étaient «le décongestionnement de la ville de Dakar, la maîtrise de l’inflation foncière, l’amélioration de la compétitivité du Port de Dakar, la potentialisation des effets de l’autoroute à péage, la lutte contre la meurtrière et insupportable émigration clandestine des jeunes Sénégalais». Accablant.

Où était Macky ?

Dans son ouvrage «Macky Sall, un combat pour la République », Diène Farba Sarr raconte, avec minutie, les péripéties qui ont fait perdre au Sénégal quelque 330 milliards de francs Cfa de don. Seulement, l’auteur omet (sciemment ?) de dire quelle a été la position de Macky Sall quand un «lobby influent» s’activait dans les coulisses pour torpiller un projet présenté par l’économiste principal du Millenium challenge corporation (MCC) comme l’«un des meilleurs projets jusque-là présentés par les pays et qui pourrait être un véritable coup de poing pour changer complètement le visage du Sénégal». Où était Macky Sall ? qu’a-t-il fait pour sauver le projet ? N’est-ce pas lui qui acquiesçait quand Wade soutenait n’avoir jamais cru au projet américain et qu’il préférait les Arabes ?
Autant de questions qui ne trouvent pas réponse dans l’ouvrage de Diène Farba Sarr qui s’est évertué à présenter Macky Sall comme «un homme vertueux et organisé», au «parcours sans faute», mais emporté par une «conspiration (qui) avait commencé à être discrètement tissée comme une toile d’araignée, depuis (la) victorieuse campagne présidentielle de 2007».



(article paru dans l'édition du 4 août du quotidien ENQUÊTE)

jeudi 28 juillet 2011

LETTRE OUVERTE AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL: Etudier «l’esprit» de la loi quand la «lettre» tue


Il n’est pas trop tard pour le Conseil Constitutionnel de sortir de sa «léthargie». Il est vrai que dans le passé, la juridiction constitutionnelle dont la jurisprudence devrait constituée une véritable «charte des libertés et droits fondamentaux», a eu des positions discutées et discutables sur lesquelles pèse la suspicion d’un certain «diktat de l’exécutif». Mais espérons, pour parler comme l’éminent philosophe Gaston Berger, que «demain ne sera pas comme hier» ; qu’il sera nouveau afin que la paix règne comme ça a toujours été le cas dans notre cher pays.
Dès lors, il serait de notre devoir, en tant que citoyen d’abord, et en tant que juriste ensuite, de porter un regard d’initié à la problématique de la «légalité de la candidature de Me Abdoulaye Wade» qui défraie la chronique ces derniers temps. Force est de remarquer, en effet, pour dire les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait qu’elles soient comme l’ont fait par ailleurs les constitutionnalistes les plus «autorisés» de notre pays, que la candidature de Me Abdoulaye Wade serait anticonstitutionnelle et en porte-à-faux avec la légalité.
Il est peut-être inutile de rappeler à un juriste que la loi ne dispose que pour l’avenir mais il ne serait certainement pas superflu de signaler qu’il est même un principe général de droit de «recourir à l’esprit de la loi quand la lettre tue». Le juge est, certes, lié par les textes auxquels il cherche à se raccrocher, mais il n’est pas seulement la «bouche de la loi» car le droit, pour parler comme Montesquieu, est «la plus puissante des écoles de l’imagination» et que «…jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité». Et il faut avouer sans ambages que dans le contexte qui nous intéresse, il n’est pas nécessaire d’avoir une très grande imagination pour s’apercevoir que l’esprit de l’article 27 de la constitution plaide pour une irrecevabilité de la candidature de Me Wade si jamais il décide de se présenter, chose qu’il a déjà faite d’ailleurs le 14 Juillet dernier lors de son soi-disant discours avec son «peuple» à lui.


«On lie les bœufs par les cornes et les hommes par les paroles»

L’interprétation de cet article ne doit en principe poser de problèmes et ce, d’autant plus que celui qui était à l’initiative de cette disposition avait avoué en Mars 2007, sans y être contraint et en toute connaissance de cause, que la constitution actuelle ne lui permettait pas de briguer un autre mandat. Il est vrai qu’on peut toujours se dédire, même s’il est irresponsable pour un chef de l’Etat de le faire et de le reconnaître publiquement car, comme le disait le grand juriste Loysel, «on lie les bœufs par les cornes et les hommes par les paroles». Mais on peut quand même le lui pardonner parce qu’ayant atteint un âge ou selon certains oulémas, Dieu lui-même est indulgent à son égard. Au demeurant, ce dédit du président doit-il lié le juge ? Je pense que «non» s’il est effectivement là pour la «vérité».

La science du législateur

La science du législateur consiste à trouver dans chaque matière les principes les plus favorables au bien commun ; la science du magistrat est de mettre ces principes en action, de les ramifier, de les étendre par une application sage et raisonnée, d’étudier l’esprit de la loi quand la lettre tue et de ne pas s’exposer au risque d’être esclave. Qui a dit que la justice n’est pas juste ? Si, elle est bel et bien juste mais à la seule condition que ceux qui en sont chargés le soient. C’est dire ainsi qu’un grand arrêt ou «une grande décision de justice», pour parler pour les non juristes, c’est tout à la fois un nom, une date, une anecdote, une solution objective, une postérité… C’est dans son objectivité que tout spectateur du droit se trouve appelé à vivre ; magistrats, professeurs et juristes de manière générale appartiennent à cet égard au même monde d’initiés. Le dialogue est donc entretenu, honorables magistrats, entre gens de métier et l’on sait, pour avoir lu Molière, que le maître de danse et le maître de musique, s’ils n’oublient pas leur concurrence, s’unissent contre le maître d’escrime.
Sous le bénéfice de ces observations, il me plairait de rappeler à notre cher Conseil Constitutionnel cet apophtegme du doyen Vedel : «Une loi s’avale, un arrêt se savoure». Osons espérer, dès lors, que la juridiction constitutionnelle saura faire fi «à la pression de l’exécutif» afin que son arrêt soit savouré et puisse se savourer éternellement...


Moustapha TAMBEDOU
Juriste
tambedoumoustapha@hotmail.fr

mercredi 27 juillet 2011

Le Sénégal, un pays géré aujourd’hui par le mensonge, dans le mensonge et pour le mensonge par le régime libéral

« Les promesses non tenues sont autant de mensonges » [J. Gagnon] Extrait de "Les Murs de brique"


Il y a juste un an, jour pour jour, que j’avais publié ce texte, le 16 juillet 2010. La déclaration du 14 juillet 2011 de Me Wade le confirme à tous égards. En réalité c’est du «maa waxoon waxeet» avant l’heure. Le 14 juillet ne constitue que l’aveu.


Il est parfaitement dit et reconnu que Dieu déteste le mensonge et ceux qui en font usage aussi. Il en est de même aussi, que toutes les religions révélées répriment et condamnent les auteurs de mensonge ainsi que, tout ce qui s’obtient par lui. Enfin, tous les honnêtes gens de par le monde, ont horreur du mensonge. Mais hélas ! Notre pays lui, de par ses dirigeants actuels, semble s’installer dans le mensonge permanent, depuis l’alternance et ceci, comme mode de gestion. Le pouvoir en place en use sans état d’âme, comme une arme pour se délester des charges et obligations qui lui incombent.
Le malheur de l’alternance et par extrapolation de notre pays, c’est qu’elle a produit plus de faussaires, de corrupteurs, de pilleurs de ressources, etc…, que de gestionnaires crédibles, compétents et de probité morale incontestable, au service de la nation. Un pays qui se trouve entre les mains de gens qui ne savent que voler, organiser des scandales de tout genre, les uns plus graves que les autres, sans avoir nullement honte d’eux-mêmes ou de quoi que ce soit, ne saurait aller de l’avant, dans le sens du progrès dans aucun domaine. Et cette manie, de procéder par le mensonge éhonté, au maquillage systématique de la réalité des faits, peut certes retarder l’échéance de la manifestation de la vérité, mais ne les sauvera pas de la sanction populaire inéluctable, qu’ils méritent bien des Sénégalais.
Les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, meurtris et déçus, qui ont subi et même continuent de subir injustement, les affres du régime libéral de Me Wade, à qui, ils ont tout donné, et ont fait confiance comme il n’en a jamais été pour un homme politique sénégalais, ne reçoivent aujourd’hui en retour de lui, qu’humiliations et provocations. Cette ingratitude à l’endroit de tous ceux-là, qui lui ont apporté leur soutien sans réserve, malgré tous les griefs fondés et largement justifiés, qui étaient portés sur lui, ne pourrait passer à pertes et profits.
Me Wade, est cet homme dont les paroles prononcées, n’ont rien à voir avec la réalité du sujet concerné. Il est toujours dans ses discours, en déphasage avec l’objet en cause. C’est un homme confus qui peine à tenir un raisonnement logique et cohérent dans ses nombreuses déclarations brouillonnes, qu’il distille à travers le monde. D’ailleurs, ses partisans en sont si conscients voire convaincus, qu’ils tentent toujours vainement, à vouloir expliciter ses propos, dans le but de faire comprendre à son auditoire ou ses lecteurs, ce qu’il voulait dire réellement.
Mais toujours malheur à eux, car aussitôt ou bien le lendemain, il prend leur contrepied pour déclarer tout à fait, tout le contraire. La dernière en date est la volte-face à propos du poste de vice-premier ministre. Nous avons tous entendu, comment Bamba Ndiaye, son ministre porte-parole, s’est épanché comme à son habitude à travers les ondes de la RFM, le dimanche 11/07/2010, pour justifier l’opportunité et la nécessité de la création du poste, en évoquant un surcroît de travail et une surcharge de tâches à exécuter pour le Premier ministre. Alors, c’est le même jour que Me Wade a pris le décret de retirer du circuit, sans aucune explication, le projet de loi qui avait été déjà examiné et adopté par l’Assemblée nationale, et devrait l’être par le congrès le 13/07/2010. Ce genre de faits ou procédures, est récurrent chez Me Wade. C’est même une de ses méthodes finalement. Mais Bamba Ndiaye, est certainement cet homme, qui ne sait pas ce que veut dire la honte, malgré son fameux titre « d’islamologue », parce que, si la honte tuait, il ne devrait plus être en vie, car Me Wade l’humilie toujours.
Il ne me semble pas aujourd’hui, qu’il existerait dans notre pays, un seul Sénégalais ou même Etranger, honnête et de bonne foi, qui serait surpris par les dénégations ou les promesses non tenues de Me Wade. Par exemple, quand Me Wade nous déclare avec une vanité sans feinte : « je ne vous ai pas fait de promesses que je n’ai pas tenues depuis que je suis à la tête de ce pays. » n’est-ce pas gros ? Alors que, même nos enfants, âgés de 15 ans aujourd’hui, savent que ces allégations-là sont totalement fausses, à plus forte raison encore que d’autres, qui vivent au Sénégal depuis l’avènement de l’alternance. C’est en cela que Me Wade constitue un danger imminent pour l’avenir de notre pays, car finalement, les autres pourraient avoir tendance à identifier les Sénégalais à travers sa personne, ce qui serait naturellement, une erreur grave, malgré qu’il soit à la tête du pays en ce moment.
Notre pays, par ses dirigeants actuels, présente un visage peu honorable et qui fait de lui, un Etat de non droit où, les vices remplacent tout à fait les vertus.
Ainsi, nos dirigeants emploient malheureusement, tout ce qui est antivaleur à leur portée, rien que pour se maintenir au pouvoir à tout prix et le plus longtemps possible. Quand le mensonge ne leur suffit pas pour atteindre le but visé, ils usent alors de la corruption sous toutes ses formes, selon la nature du terrain et de l’élément en question. Dans les cas de résistances rencontrées, comme par exemple, ceux de Latif Coulibaly et Bara Tall, deux concitoyens, patriotes et exemplaires chacun dans son domaine, ils procèdent par la provocation, l’intimidation ou l’action judiciaire, pour parvenir à leurs tristes fins. Dans un tel régime, la vérité, la probité, le courage, la foi en Dieu seul, l’honnêteté, le patriotisme et tant d’autres valeurs, sont aux yeux des tenants du pouvoir, comme un affront ou lèse majesté. Ces parvenus accidentels, au pouvoir, ne tolèrent pas, qu’un citoyen puisse les résister, avec toute leur puissance de contrainte et de corruption dans tous les domaines dont ils disposent. À ne pas en douter, leur dessein caché, c’est de transformer notre peuple en un troupeau de moutons avec un seul berger, Me Wade, ou, des sujets du roi Wade, et non, de citoyens à part entière, libres dans la République du Sénégal, qui doit demeurer un Etat de droit, par la volonté de son peuple. C’est ce combat-là, que les citoyens patriotes et tous les démocrates, doivent mener avec détermination, pour que la République du Sénégal soit définitivement consacrée.
Le Sénégal sous Abdoulaye, est devenu ce pays où les voleurs, les criminels de tout ordre, les malfaiteurs et tous ces gens de morale douteuse, sont en liberté, et bénéficient d’une impunité presque totale. C’est dans ce pays-là, qu’un citoyen comme A. Latif Coulibaly, qui s’investit entièrement par patriotisme pour débusquer et traquer ceux qui pillent nos biens publics ou en usent sans droit, est traduit en justice sous le prétexte fallacieux de recel de documents administratifs, ou publication de fausses nouvelles. Ainsi, au lieu de recevoir les félicitations du gouvernement, pour avoir fait le travail d’investigation qui était le leur, non, on lui (le journaliste) reproche d’aller à la bonne source pour trouver l’information bétonnée et, de la porter à la connaissance du public. Au même moment, les auteurs du pillage de nos deniers publics se pavanent en toute liberté et même nous narguent parfois. Bara Tall est aussi dans le même cas. Pour avoir refusé de rentrer dans leurs combines et prédations, en surfacturant les marchés publics, pour voler son peuple, le pouvoir déclenche toute une batterie d’incriminations et de prétextes, pour l’inculper à tous les coûts. La route de Fatick-Kaolack, qui en était un cas, est en voie de s’écrouler comme un château de cartes.
Il est aujourd’hui indéniable, que c’est un véritable désastre, voire un calvaire, que de vivre sous un tel régime, et sous la direction d’un homme comme Abdoulaye Wade.
Pour vous édifier, faisons le rappel de quelques déclarations propres à Me Wade, attestant que l’homme ne s’entoure même pas de précautions élémentaires et préalables, avant de faire certaines promesses. Mais puisqu’il ne compte pas les tenir, alors, il se laisse aller sans retenue, et en fait à la pelle.
• Dans l’euphorie de la victoire du 19 mars 2000, il promettait du travail à tous les jeunes qui n’en avaient pas. Au résultat, il a récompensé les calots bleus et quelques transhumants, ce qui a poussé certains jeunes à emprunter les pirogues de la mort pour une émigration clandestine.
• Face aux inondations récurrentes, il promet en 2005 de régler définitivement ce problème, d’abord, en décidant de jumeler les élections législatives de 2006 et la présidentielle de 2007, dans le but de créer son fameux plan Jaxaay, en définitive, il reporte les législatives pour soi-disant, financer Jaxaay, mais nous sommes en 2010 et les inondations demeurent encore plus que jamais, avec les populations qui vivent dans ces eaux nauséabondes depuis lors. Et Jaxaay semble avoir du plomb dans les ailes, pour s’envoler.
• Ses propos sur le poste de vice-premier ministre réclamé à l’époque par Djibo Ka, lors de leurs négociations entre les deux tours, bourdonnent encore dans nos oreilles. Il disait ceci : « ….c’est un poste conflictuel que je ne peux pas créer….. » « ….il promettait aussi de former un gouvernement restreint de 20 à 21 membres au plus… ». Alors, nous sommes aujourd’hui témoins et constatons tous, qu’il est passé complètement de travers avec son gouvernement pléthorique d’une cinquantaine de ministres.
• À propos d’énergie, là aussi, il nous a livré plusieurs discours qui se pourchassaient et avaient tous sonné faux en fin de course. Il nous propose dans un premier temps de retourner tout bonnement à l’ère de la bougie pour quelque temps, ce qui selon lui, ne nous fera pas de mal. N’est-ce pas un Président anti- progrès ? Puis, il nous annonce pour 2006, la fin définitive du calvaire des délestages. Certains qui connaissent bien l’homme, avaient dit, attendez de voir avant d’y croire. Effectivement, ils avaient parfaitement raison, car ce ne fut que du vent. Comme il aime tant les médiats, il a profité de l’occasion de l’inauguration de la centrale électrique de Kahone en 2008, pour annoncer avec fanfaronnade à travers les ondes et les télévisions, l’arrivée d’autres centrales électriques et la fin des délestages au plus tard en 2009. Nous étions en 2008, et il déclarait péremptoirement ceci : « …toutes les centrales électriques que j’ai annoncées verront le jour avant la fin de mon mandat en 2012 » et il ajouta : « avant 2010, non seulement, nous n’aurons plus de déficit, mais nous aurons même un excédent d’énergie que nous pourrons vendre aux autres…. » Nous voici en 2010, le problème de l’électricité et de l’énergie en général, s’est empiré davantage. Et aucune perspective encourageante pour une sortie des ténèbres, dans lesquelles Me Wade et Samuel Sarr nous ont plongés –comme dit-il à propos de sa statue- ne pointe à l’horizon dans les meilleurs délais.
• Ce n’est pas tout ! Encore et toujours à l’Etranger, Me Wade déclare à Paris : « je vais offrir de l’énergie solaire et gratuite pour tout le continent» Et, il a fait rire sous cap en disant : « J’ai le montage financier mais que je ne révèle pas pour l’instant » Ceci, quand on sait que dans son propre pays, aucune expérience concluante de grande envergure dans le domaine de l’énergie solaire, n’a été notée. Et, qu’au même moment, son pays est plongé dans les ténèbres depuis plus de 10 ans, parce que justement, confronté à un déficit chronique de production d’énergie électrique. Il est sûr et voire certain, que dans son auditoire, en dehors de quelques chefs d’Etat africains naïfs, personne n’a accordé du crédit à un seul mot, d’une telle déclaration.
C’est le lieu, de remercier les radios et la presse privée libre de notre pays, sans qui, nous n’aurions pas eu droit au rappel de certains faits et éléments sonores, dont les auteurs ne souhaiteraient pas en entendre parler aujourd’hui. Une mention particulière à Ndèye Marième Ndiaye de Sud-Fm grâce à qui, nous avons pu réécouter les passages historiques, cités plus haut. Ces quelques exemples, parmi tant d’autres de Me Wade, suffisent pour montrer quelques-unes des facettes, les plus incommodantes de notre Président.
Les Sénégalais ont constaté avec une certaine amertume, que pour nos autorités, la Coupe du Monde vaut plus que la vie des populations sénégalaises toutes tendances confondues, car dès la fin de la compétition du Mondial, elles ont été, le soir même, replongées dans les délestages, ce qui veut dire, que les 21 milliards injectés à la Senelec, par le contribuable sénégalais, étaient strictement destinés aux amateurs et téléspectateurs de la Coupe du Monde, Afsud 2010. La preuve ! Depuis lors, tout le pays s’est retrouvé dans la pénurie d’électricité.
Toutes les manifestations de ces derniers jours, à propos des coupures d’électricité, des inondations, des revendications légitimes des travailleurs de tous les secteurs d’activité, le meurtre du jeune pêcheur de Soumbédioune, tué froidement, et tant d’autres revendications sociales largement justifiées, n’ont fait aucun effet chez Me Wade, qui reste toujours de marbre, avec son gouvernement. Mieux, il continue de plus bel, à s’occuper de sa réélection ou de sa succession dynastique pure et simple, par des combines loufoques.
Pour toutes ces raisons plus que valables, il nous appartient à nous tous, en tant que citoyens conscients de nos responsabilités, d’opter pour l’un des deux seuls camps, qui existent en ce moment dans notre pays. Celui du peuple qui comprend toutes les victimes de l’alternance dévoyée et l’autre, comprenant ceux qui soutiennent sous toutes les formes, le régime en place dans le mensonge, la corruption, le pillage systématique de nos ressources, la dégradation de nos valeurs et mœurs, la gestion gabégique et j’en passe. Cette situation grave de notre pays appelle de la part de tous ceux qui en sont conscients, que nous cessions d’être indifférents aux affaires publiques de notre pays, et que nous combattions sous toutes ses formes, l’individualisme et l’égoïsme petit-bourgeois, qui sont un frein évident, à un large rassemblement des forces vives et les pires ennemis de l’unité d’action à l’échelle nationale.
En tout état de cause, nous devons combattre Me Wade et son régime, avec toutes les armes à notre disposition, car l’homme ne nous fera pas de cadeau, et croyez-moi, il est prêt à exterminer tous les Sénégalais, au profit de la seule famille, Wade.


Mandiaye Gaye
Gaye_mandiaye@hotmail.com

mardi 26 juillet 2011

Mobilisation du Pds à la Vdn : Les vrais chiffres

Les partisans du Président Wade ont déclaré qu’ils ont réussi à mobiliser, le samedi 23 juillet 2011, deux à trois millions de personnes déterminées à lui magnifier leur soutien indéfectible. ‘Ceci défie toute logique’, estime l’ingénieur statisticien -économiste Moubarack Lô qui explique que ‘la manifestation de la Vdn s’est tenue sur une longueur de 700 à 1 200 mètres, pour une largeur de 50 mètres environ ; soit une surface maximale de 35 000 à 60 000 mètres carrés’. En prenant comme hypothèse cette dernière donnée, Moubarack Lô signale qu’il faudrait ‘placer 33 personnes par mettre carré pour obtenir 2 millions de personnes sur le lieu de la manifestation, et 50 personnes par mètre carré pour obtenir 3 millions de personnes. Ce qui est bien évidemment impossible’.
En vérité, analyse l’ingénieur statisticien, dans des manifestations de ce type, ‘le nombre moyen de personnes par mètre carré ne peut dépasser le chiffre de 4. Dans le meilleur des cas, le total des participants se plafonne donc à 240 000 personnes si la manifestation s’est tenue sur 1 200 mètres (jusqu’au pont de l’ancienne piste) et à 140 000 personnes si elle s’est tenue sur 700 mètres (jusqu'au siège du Pds)’. Moubarack Lô, candidat à la présidentielle de 2012 de conclure : ‘En tenant compte de la réduction habituelle des effectifs au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la tribune officielle (50 % de perte de densité en moyenne), on peut estimer le vrai chiffre de manifestants dans une fourchette de 70 000 à 120 000 personnes’.Des explications de ce genre ont été données dans la journée d’hier par beaucoup de spécialistes en estimation de foule.
G. Nesta DIOP
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Arrêtons ce débat absurde : Pour transporter 2 500 000 personnes, il faut 83 334 cars «Ndiaga Ndiaye»


Arrêtons ce débat absurde : Pour transporter 2 500 000 personnes, il faut 83 334 cars «Ndiaga Ndiaye», un parking de 500 kilomètres, une foule massée sur 83 kilomètres

Petit problème d’arithmétique.
Un parti politique organise un meeting et dispose de 2 500 000 militants à transporter sur le lieu de la manifestation. Le moyen de transport utilisé est le car dit «Ndiaga Ndiaye». Un «Ndiaga Ndiaye» contient un maximum de 30 voyageurs* :
-Combien de ces cars faut-il au parti politique pour emmener ses militants sur le lieu du meeting ?
Chaque Ndiaga Ndiaye mesurant six mètres de long :
- Sur quelle longueur de parking seront garés les cars en attendant la fin du meeting ?
Le meeting devant se tenir sur une route large de 15 mètres, le parti ayant prévu d’occuper le lieu à raison de 2 personnes par mètre carré :
-Quelle longueur de la route devra-t-il prévoir d’occuper pour tenir son meeting.
Ce problème est du niveau du Certificat de fin d’études primaires (nous parlons sous le contrôle du ministre de l’Education nationale Kalidou Diallo). Nous proposons aux candidats à l’élection présidentielle de 2012 d’essayer de le résoudre avant de consulter la solution qui sera publiée en page une de notre édition de demain. Et si l’un quelconque d’entre eux n’y arrivait pas, il devra lui-même se rendre à l’évidence qu’il est inapte à diriger un pays. N’est-ce pas un honorable député libéral qui proposait que l’on exigeât de chaque candidat à l’élection présidentielle le niveau de la licence ? Nous, on est moins exigeant que lui.
Si après avoir affronté ce problème, n’importe quel Sénégalais continuait d’affirmer qu’au meeting du Pds et de ses alliés, samedi, il y avait 2 500 000 personnes, le Conseil constitutionnel devra constater son incapacité à briguer le suffrage des Sénégalais, même pour devenir chef de quartier.
Car - arrêtons la plaisanterie - voici la solution au problème posé :
-Pour transporter les participants au meeting par «Ndiaga Ndiaye», il faut : 2 500 000 divisé par 30. Résultat : 83 333, 3333333.
J’arrondis à la baisse à 83 333 «Ndiaga Ndiaye»
-On aura besoin d’une longueur de parking de : 6 mètres multiplié par 83 333. Résultat : 449 998 mètres (c’est-à-dire 449 kilomètres, 998 mètres, autant dire 500 kilomètres) de «Ndiaga Ndiaye» en file indienne. Sur plus que la distance Dakar/Tambacounda.
-La surface de route en mètres carrés nécessaire pour contenir la foule est de 2 500 000 divisé par 2. Résultat : 1 250 000 mètres carrés.
-La longueur de route pouvant contenir les participants au meeting est de 1 250 000 mètres carrés divisés par 15 mètres. Résultat : 83 333, 3333333 mètres.
Pour donc mettre 2 500 000 personnes sur une route large de 15 mètres (exactement la largeur du goudron sur l’ancienne piste où se tenait le meeting du Pds) à raisons de 2 personnes par mètre carré, il faudrait que la route soit longue de plus de 83 kilomètres (Dakar Tivaouane).
Vérification faite sur Googlehearth (tout le monde peut aller vérifier sur Internet, la route de l’ancienne piste qui passe devant chez Béthio Thioune où se déroulait le meeting de Wade est longue, de bout en bout, de 970 mètres. Alors, où mettre même 250 000 personnes, le dixième du chiffre avancé de 2 500 000 personnes ?
Il paraît que c’est la police qui a fourni ce chiffre (Rfm, hier, midi). Nous renvoyons la police au problème arithmétique posé en introduction de ce papier, et invitons son responsable, Ousmane Ngom, à revoir le niveau de ses troupes. A moins que ce soit Maître Ngom, lui-même, qui ait fourni d’autorité à ses services ces chiffres affreusement mensongers (nous venons de le prouver arithmétiquement) qui confirment qu’on est gouverné par le faux et l’usage sans mesure du faux.
Pour finir avec cette affaire ! Au Populaire, nous n’avons jamais pensé que c’était une histoire de foules mobilisées ou à mobiliser. Samedi, nous avions titré en une de notre journal que c’était le face-à-face du rassemblement de l’argent et de celui du cœur.
Mais puisque les chiffres semblent si importants qu’ils font l’objet de débats si passionnés, parlons-en un peu. Les 910 mètres sur 15 qui ont abrité le meeting du Pds ne peuvent contenir plus de 60 000 personnes, à raison de 2 personnes par mètre carré si on y ajoute le terre-plein, les devantures des maisons, et les trottoirs, 30 mètres de large au maximum. Sur 1000 mètres (soyons large), cela donne, deux personnes fois trente mille : 60 000 personnes. Et encore, à condition qu’il y ait des gens jusque sous la tribune et sur les toits des voitures garées dans l’espace…

*Le chiffre 30 voyageurs est indicatif. Les Ndiaga Ndiaye et les Cars Rapides mobilisés ayant une capacité qui varie de 35 à 42 places (Ndiaga Ndiaye) et 25 à 30 places (Car rapide).

lundi 25 juillet 2011

S.O.S DU MOUVEMENT CITOYEN POUR L’EXPULSION DE LA MAFIA DES ORDURES DE SINDIA: CET de Sindia : Paroles d’ordures et dolce vita au Sénégal


Sindia ne doit plus rimer avec Mafia ! L’article publié en date du 19 juillet 2011 par le quotidien ‘‘Enquête’’, annoncé à sa Une sous le titre ‘‘Projet du centre d’enfouissement de Sindia : La filière mafieuse des ordures, un gré à gré de 8 milliards’’, vient à son heure !

Nous avons souhaité réagir et agir, en tant que citoyens qui sommes qualifiés de ‘‘personnes affectées par le projet’’ (PAP), dans ce qui a fini de devenir un embrouillamini sans nom, à cause de la main très peu verte de l’opérateur de ce projet, la société TIRRENO AMBIENTE, un démembrement du groupement GTA ENVIRONNEMENT qui travaille sous la houlette de l’Entente CADAK-CAR, Maître d’Ouvrage du CET de Sindia.
Ce dossier d’enquête fouillée réhabilite le combat de l’ombre que nous menons depuis des mois, pour faire respecter les lois de ce pays, le droit du travail et le respect de notre habitat, par cette société à laquelle nous avions accepté de prêter le bénéfice du doute et notre bonne foi en ses engagements, avant d’être désarçonnés, puis étonnés, et enfin dégoutés, devant la persistance de pratiques inqualifiables.
Nous tenons absolument à appuyer la démonstration du journal L’Enquête, ce que nous aurions été soupçonnés de ne faire que pour nos intérêts privés, si nous avions persisté à être les seuls à la dénoncer publiquement. Les accointances de cette société avec des démembrements de l’Etat comme l’APIX, l’entente CADAK-CAR et les autorités des Collectivités locales de Dakar, Rufisque, Sindia, Diass, nous empêchaient jusqu’ici de faire entendre haut fort notre voix.
A nouveau, nous voulons faire valoir, devant les Sénégalais, nos arguments contre ce projet, présenté au départ comme ‘‘hautement patriotique’’, ce qui s’est avéré totalement faux. Les intérêts moraux et matériels des personnes affectées par le projet sont bafoués. Les préoccupations pour la santé et le droit des populations à un environnement sain sont traitées comme quantité négligeable, par des Italiens qui disent ‘‘Va bene !’’, c’est-à-dire ‘‘grawoul’’, devant toute situation qui requiert pourtant un traitement urgent.
Nous en appelons à ce que continue la mobilisation citoyenne de nos compatriotes, et en particulier les populations de Diass et de Sindia, devant le grave danger environnemental et sanitaire que comporte le projet, en raison des pratiques peu orthodoxes de TIRRENO AMBIENTE, en Italie comme au Sénégal. Les révélations du quotidien L’Enquête, corroborées par des articles en ligne de plusieurs journaux italiens, le démontrent de manière irréfutable. Nous informons aussi l’opinion publique que des menaces concrètes et des intimidations intempestives ont été manifestées à l’encontre de plusieurs « employés », « collaborateurs externes » et « partenaires » de ladite structure.
Nous manifestons tout notre soutien et notre engagement, aux côtés des populations de Sindia et Diass, qui ont été sollicitées pour accepter ce projet, sur la base d’informations qui se sont avérées totalement erronées, alors qu’il avait pourtant été refusé en 2005.
Où sont les prétendues garanties environnementales, quand on sait maintenant que l’un des membres de la société TIRRENO AMBIENTE a été récemment en prise avec la justice sicilienne (Italie) sur fond de trafic d’ordures non ménagères, qui étaient traitées par cette société à l’insu de tout le monde et au mépris de toutes normes?
Quelles sont ces autorités qui dûment informées de la situation qui prévaut, laissent pourrir la situation et les personnes affectées par ce projet (PAP) ? Y a-t-il encore une autorité morale quand on sait que la maison-mère de GTA en Italie, qui a préfinancé ce projet à hauteur de 700 000 euros, vient de décider de porter plainte contre la filiale sénégalaise TIRRENO AMBIENTE, en raison de l’absence de résultats tangibles depuis plusieurs mois, alors même que les sommes avancées sont aujourd’hui évaporées ?
Où est l’intégrité morale et la responsabilité sociale d’entreprise lorsque Mr Cheikh Tidiane Mbaye, Responsable des Affaires Juridiques et de la Communication (mélange des genres rarement vu entre deux fonctions antinomiques et non pas complémentaires) s’érige en contremaître des plantations d’esclaves et finit par être à l’origine de tous les malheurs des employés locaux, experts et partenaires dont les droits ont été bafoués, voire tout simplement niés, en l’absence d’un enregistrement des contrats à l’inspection du travail, comme cela se devrait pour toute entreprise qui se respecte, surtout lorsqu’elle est exonérée de payer des impôts à notre Trésor public ?
Que dire de l’insolvabilité organisée de TIRRENO AMBIENTE au Sénégal, qui se distingue dans l’errance de banque en banque et qui a trouvé actuellement refuge à la BIS ? Dieu merci, il y a des banques comme la SGBS, qui ont su se débarrasser à temps de ce client douteux.
Comment accepter que cette société soit exonérée de la TVA, alors qu’elle ne respecte ni le cahier des charges du projet et encore moins la règlementation en vigueur en essayant de faire entrer sur le territoire des containers qui n’ont rien à voir avec l’activité exercée par l’entreprise, à savoir un container de pneus échoué au port de Dakar qui, aux dernières nouvelles, chercher preneur pour le compte de privés ?
Le détournement d’objet social et l’abus de biens sociaux est avéré et consommé. Devant cette situation contre laquelle nous n’avons eu de cesse de nous émouvoir et de nous insurger, comment les travailleurs de cette société peuvent-ils continuer à accepter d’être insultés par l’administrateur principal de la société TIRRENO AMBIENTE, Mr Gianni Giacone, qui s’est laissé aller à les qualifier publiquement de « Sénégalais de merde » ?
Les propos nauséabonds de Mr Giacone rentrent dans le droit fil justement de cette « merda » d’ici et peut-être d’importation, qui enrichit l’entreprise et participe exclusivement à entretenir la dolce vita en famille de plusieurs membres et expatriés de l’entreprise.
Prétextant des problèmes de santé, ce même administrateur, tel un Jules César rendu fou devant Rome en flammes, vient souverainement de décider de confier les rênes de ce partenariat public-privé à un gamin qui se trouve être son fils Gabriel, qu’il laisse en héritage à ses employés, pour gérer un projet de plus de plusieurs dizaines de milliards sur 5 ans ! Ce sera certainement là le seul acte de recyclage de ce projet très peu écologique, qui viole allègrement notre téranga et ajoute une couche supplémentaire à l’hérésie administrative dont GTA ENVIRONNEMENT a choisi de faire le lit de ses agissements !
Le Ministère de l’Environnement qui demande une taxe de 15 millions FCFA pour octroyer un permis d’exploitation à cette société GTA ENVIRONNEMENT, s’est-il donné les moyens, avant de donner quitus, de s’assurer que des ordures bactériologiques ne seront pas enfouies à Sindia ?
Aussi, par principe de précaution après que toutes les précautions aient été bafouées, nous demandons instamment que les populations, employés et partenaires du projet soient dûment informés de ce qu’est réellement la société TIRRENO AMBIENTE, Maître d’œuvre du CET.
Aussi et à titre de mesure conservatoire qui doit être prise d’extrême urgence, nous en appelons aux plus hautes autorités de l’Etat, afin qu’elles réagissent rapidement et fassent la lumière sur cette entreprise écran.
Aussi et enfin, est-il urgent que le Procureur de la République s’autosaisisse et actionne la DIC, pour faire en sorte que Monsieur Cheikh Tidiane Mbaye « Don Corleone des Tropiques», ancien de la société AMA Sénégal de triste mémoire dans la gestion des ordures, rende compte de ses menaces contre les travailleurs, tentatives de subornation des notables, intimidations et violations en flagrant délit continu contre les lois qui gouvernent notre pays.
En définitive, nous disons non à un prétendu CET, déguisement d’un dépotoir mortel et réceptacle d’abus et d’assauts contre des honnêtes citoyens sénégalais, dont le seul tort est d’avoir fini par croire sincèrement à ce projet. Les plus hautes autorités de l’Etat ont toutes été interpellées. Qu’elles prennent leurs responsabilités ! Le CET de Sindia est une bombe écologique à déflagration continue. Il est urgent de la désamorcer définitivement, avant l’explosion finale des populations de Sindia et de Diass.

Mouvement citoyen
Le 20 juillet 2011

La tragédie Wade : Bavardages, bluff et contre-vérités



« Le discours politique est destiné à donner au mensonge l’accent de la vérité, à rendre les meurtres respectables, et à donner l’apparence de la solidité à un simple courant d’air ». George Orwell


Pathétique, le terme est peu fort pour désigner le bavardage que certains qualifient de discours de celui qui manifestement était en campagne pour une élection à laquelle sa candidature est tout sauf recevable. La montagne, comme l’on pouvait s’y attendre, a accouché d’une toute petite souris. Car en lieu et place d’un discours d’homme d’Etat, les Sénégalais ont eu droit à des histoires à dormir debout, du théâtre présidentiel, un monologue futile que d’aucuns qualifient de « One old man show ». En d’autres termes, l’habituel bavardage kilométrique qui pollue les écrans de la RTS, la chaine de propagande. Qui encore une fois s’est illustrée en retransmettant en direct pendant près de trois heures une réunion du PDS, un meeting politique à caractère privé. A ce propos, l’on se demande bien de quel droit se prévaut Abdoulaye Wade lorsqu’il accapare l’audiovisuel sénégalais et fait interrompre les programmes de la télévision publique des heures durant pour des questions qui non seulement relèvent du privé, mais n’ont aucun intérêt particulier pour l’Etat et le fonctionnement de ses institutions. N’a-t-il pas souhaité s’entretenir avec ses propres militants, ceux du PDS, au lieu de s’adresser à la nation entière qui l’attendait sur des questions concrètes ? Une telle attitude dénote d’un manque de sérieux notoire de la part de la RTS, mais aussi de la présidence de la république, l’institution qui sous l’alternance aura le plus souffert des manquements d’un personnage qui a beaucoup de mal à habiter la fonction. On a hâte que le CNRA, Conseil national de régulation de l’audiovisuel, se mette au travail, en mettant fin à ce favoritisme de la RTS à l’endroit du camp présidentiel, lequel s’arroge le droit à la propagande télévisuelle.
Ennuyeux par moments, comme lorsqu’il promet l’électrification rurale à 400 villages du Sénégal, à l’heure où la Senelec peine à assurer une fourniture régulière en électricité des grandes villes, mais continue d’enregistrer des centaines et des milliers d’abonnés à qui elle promet un courant électrique inexistant. Si ce n’est de l’arnaque déguisée, il n’y a pas de termes appropriés pour désigner cette attitude insupportable à l’origine des émeutes du 27 juin dernier. Les villageois qui ont écouté le monologue d’Abdoulaye Wade doivent éprouver ou du mépris, ou de la pitié pour le vieil homme qui manifestement n’a aucun respect pour le monde rural.
Mensonger dans une certaine mesure lorsque Wade dans son délire, nie publiquement avoir tenu devant les journalistes le 1er mars 2007 ses propos mémorables sur l’irrecevabilité de sa candidature à un troisième mandat. Mentir est humain, mais persister dans le mensonge est diabolique. Mais le président finira par se confondre dans ses propres contradictions, avant d’asséner honteusement, « j’ai dit, je me dédis, et alors ? »
Contre-vérités lorsqu’il promet de mettre fin aux délestages en septembre prochain, des promesses de plus, qui n’engagent que ceux qui les écoutent ou ceux qui y croient. Samuel Sarr, alors ministre de l’énergie avait promis de mettre fin aux délestages au plus tard en fin 2006. Après Karim Wade, c’est maintenant au tour d’Abdoulaye Wade de dérouler un chapelet de promesses qu’il n’a aucunement l’intention de tenir. En l’état actuel des choses, l’opinion doit se faire à l’idée qu’après 11 ans d’exercice du pouvoir, Wade et son régime auront prouvé leur incompétence à trouver une solution pérenne à la question de l’énergie. Malgré le respect dû aux aînés, il n’y a aucun mal à dire à un vieil homme qu’il ment, surtout lorsqu’il ment sciemment. Fût-il un président de la République qui, pour arriver à ses fins, n’hésite pas à mentir en déclarant être en mesure de régler le problème de la Casamance en cent jours…
Quant à l’organisation d’élections anticipées, rien que du bluff. Wade fait diversion encore une fois et tente de faire croire à l’opinion internationale qu’il est prêt à aller aux élections et à les gagner même. Une ruse de plus, une manœuvre habile dont l’objectif premier est de surseoir au débat sur l’irrecevabilité de sa candidature loin d’être tranchée. Wade fait penser à ce sportif qui après s’être dopé, veut forcer les portes d’un stade pour participer à un marathon auquel il n’est pas convié.
Aux « sages » du Conseil Constitutionnel d’assumer toutes les conséquences qui découleront de leur décision éventuelle qui serait favorable à la candidature de Wade en 2012. Il faudrait d’abord qu’ils pensent à se mettre à l’abri et à protéger les siens, parce que Wade ne leur sera d’aucun secours le jour où le peuple aura décidé de reprendre son pouvoir et d’en finir avec les voyous de la république, qui n’ont pas saisi le message du 23 juin dernier.
En fin de compte, ce discours politicien destiné à distraire les adultes et à endormir la jeunesse sénégalaise, ne valait pas la peine de sacrifier des heures devant le petit écran. Car le fort des personnes âgées, c’est de raconter des histoires à leurs enfants et petits-enfants. Précisément ce que Wade vient de faire. Encore faudrait-il que les histoires soient drôles, même si on ne saurait lui en vouloir de ses trous de mémoire, et des incohérences du discours, objet d’applaudissements aveuglés de ses inconditionnels et affidés.
D’un rêve pour l’Afrique dont il voulait tracer le destin, Wade est devenue une tragédie pour le continent tout entier, un cauchemar pour la république, un danger pour la démocratie même. Un assoiffé de pouvoir qui ne recule que devant le rapport de force, un contre-exemple entré dans l’histoire par la grande porte, mais qui manifestement en ressortira par la petite. Car hier soir, il avait l’occasion de se racheter, il avait toute la latitude de se réconcilier avec le peuple, mais il en a été incapable comme on pouvait s’y attendre. Abdoulaye Wade partira, de lui-même, ou par la rue, à l’image de Gbagbo, Moubarak, Ben Ali, Saleh, …. Son départ du pouvoir, que lui-même n’envisage pas de son vivant, n’est en fait qu’une question de temps et de circonstances.

Momar Mbaye
http://mbayemomar.over-blog.net

mercredi 20 juillet 2011

CENTRE D'ENFOUISSEMENT TECHNIQUE: LA FILIERE MAFIEUSE DES ORDURES


CENTRE D’ENFOUISSEMENT TECHNIQUE DE SINDIA
La mafia sicilienne au cœur de la gestion des ordures au Sénégal

La construction du Centre d’enfouissement technique a été confiée à deux sociétés dont l’une fréquente la mafia sicilienne. EnQuête a même appris que l’un des administrateurs de cette société (Tirreno-ambiente) a fait l’objet d’une condamnation «pour association mafieuse».


La pègre dans les ordures dakaroises. Dans le cadre de la gestion des ordures solides de la capitale sénégalaise et surtout de la mise en œuvre du projet d’autoroute à péage, les autorités envisagent la fermeture de la décharge de Mbeubeuss et l’ouverture d’un centre d’enfouissement technique à Sindia. Centre dont la construction sur le modèle Bot (Construction, exploitation et transfert), a été confié à deux sociétés italiennes qui ont créé une société de droit sénégalaise, Gta environnement. Une société au capital de 3 milliards de francs Cfa dont le capital est détenu par Gicos Sarl à 60% et Tirreno-ambiente SPA à 40%. Dans ses investigations, EnQuête a appris que l’une des entités choisies par le Sénégal pour gérer le centre d’enfouissement technique, c'est-à-dire la Tirreno-ambiente, est liée à la mafia en Sicile, en Italie.

Le Consultant de Tirreno-ambiente condamné pour «pour association mafieuse»

Selon des sites italiens d'information consultés par EnQuête, «un règlement de comptes, par candidats interposés», aux élections locales en 2009, à mis à nu des pratiques mafieuses dans le ramassage des déchets dans la province de Messine, la capitale de la Sicile, au sud de la botte européenne. En effet, il a été établi «les relations avec la direction de Tirreno Ambiente et surtout le mentor de la ''monezza business'', le mythique Pino Innocenti», un des barons de la mafia sicilienne. Ce business est d’une simplicité limpide : la mafia offre aux industriels de toute la péninsule des tarifs inférieurs à 60% pour le traitement des déchets toxiques. Mais au lieu de les traiter, elle les disperse dans les décharges sauvages autour de Naples. Un trafic dont le chiffre d'affaires est estimé à 24 milliards d’euros (plus de 15 000 milliards de francs Cfa), d’après les sites italiens.
D'après ces sources, une grande enquête dirigée par deux magistrats, Verzeri Joseph et son collègue procureur Francesco Massara de Barcelone, a découvert le pot aux roses et condamné à 6 ans «pour association mafieuse» M. Marti, consultant à Tirreno-Ambiente, la société qui a été choisie pour le Centre d’enfouissement technique de Sindia.

La société mêlée à un scandale de dépôt d'ordure à Naples

D’ailleurs, le nom de cette société est aussi mêlé, dans un autre article paru sur le site d’un journal italien le 12 avril 2011, à un autre scandale de dépôt d’ordures à Mazzarrà Sant’Andrea, une commune dans la région sicilienne. Il s’agit de «camions suspects» différents «des camions habituels» qui ont déchargé sans aucun contrat plus de 25 000 tonnes d’ordures dans cette région italienne en toute illégalité, de la saleté venant d’une autre région qui s’appelle Campanie. «Seulement personne n’était au courant ni à Palermo, ni à Mazzarra, ni à Messina», dit cet article lu par EnQuête. En effet, une société de Naples cédait «à 200 euros (130 000 francs Cfa) une tonne d’ordures à deux compagnies siciliennes, la ''Vincenzo d’Angelo srl'' et la ''Profenico spa'', lesquelles auront la charge d’éliminer ces déchets produits au sein du dépotoir de Mazzarrà Sant Andrea, géré par la Tirreno-ambiente Spa». On parle d’environ «500 tonnes par jour», soit près de 25000 tonnes déversées dans cette région sans que les autorités locales ne soient informées.
Joint au téléphone, Amadou Tidiane Mbaye, le chargé de communication de Gta Environnement, la filiale sénégalaise de Tirreno-Ambiente, n'a pas souhaité se prononcer sur un sujet dont il ne maîtrise pas le contenu, d'après ses dires.


Un projet de 8 milliards sur 5 ans
Il faut dire que le Centre d’enfouissement technique de Sindia, c’est une affaire de gros sous. En effet, à l’image de la collecte des ordures ménagères pour laquelle l’Etat débourse pas moins de 10 milliards de francs Cfa par an, le financement du Centre est de l’ordre de 8 milliards de francs Cfa. C’est depuis 2004 que le site de Sindia a été identifié comme devant accueillir le centre. Les travaux avaient même démarré en 2005 avant d’être arrêtés l’année suivante. C’est en 2009, avec le changement de l’équipe municipale à la Ville de Dakar que l’Entente Cadak-Car (Communauté des agglomérations de Dakar-Communauté des agglomérations de Rufisque) a repris le projet.
«Pour les besoins de la mise en œuvre du Centre d’enfouissement technique, nous avons privilégié le partenariat public privé selon le mécanisme Bot (construction exploitation et transfert). Le partenaire privé, c’est Gta environnement avec qui nous avons signé une convention. Cette société va assurer le financement. Elle va réaliser les travaux sur la base d’un cahier de charges qui définit les objectifs techniques et environnementaux. C’est un investissement planifié sur 5 ans. Il y a un investissement initial de 4 milliards de francs Cfa. 4 autres milliards d’investissements sont prévus pour les 5 prochaines années», explique Ibrahima Diagne, Directeur technique de l’Entente Cadak-Car, interrogé à ce propos par EnQuête.

400 millions de mesures sociales toujours attendues

Le projet est-il actuellement compromis ? Difficile de répondre par l’affirmative. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il a pris beaucoup de retard par rapport à son calendrier de mise en œuvre. D’après des informations, le projet avance lentement parce que Gta environnement peine à «respecter le cahier de charges» produit par l’Entente Cadak-Car. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle l’expert français qui avait été commis dans le cadre du Comité technique est en partance. Et l’on compte le nombre de lettres de mise en demeure à l’en-tête de Cadak-Car pour que cette entreprise respecte le cahier des charges.
Pis, pour les mesures sociales en faveur des populations riveraines du centre, il était prévu que Gta environnement libère une bonne partie des 400 millions de francs Cfa. Mais jusqu’à présent, rien n'est fait.



C.E.T DE SINDIA
Nouveau cimetière des ordures


D'une capacité de 1500 tonnes/jour, le Centre d'enfouissement technique (C.E.T) de Sindia, en phase de finalisation, devrait sonner le glas de la décharge de Mbeubeuss. Situé à une soixantaine de kilomètres de Dakar sur la route nationale N°1, le C.E.T est en phase terminale. Sur place, le vrombissement des gros porteurs et la poussière accueillent le visiteur. Lequel doit montrer patte blanche pour accéder dans l'enceinte. A l'entrée trône un bâtiment qui fait office de bureaux. Lesquels font face à deux ponts-bascules nouvellement installés. Derrière, se trouve un garage où des camions sont en cours de réparation sous un soleil de plomb. Et pour accéder au site devant accueillir les ordures ménagères, il faut parcourir quelques kilomètres à pied ou en véhicule. Ici, des ouvriers méconnaissables à cause de la poussière qui les recouvrent se bagarrent avec de lourdes bâches qu'ils étalent sur une immense bande de terre d'une superficie d'un hectare. Mais ils ne sont pas les seuls, des Italiens s'activent aussi sur le chantier.
Interpellé, un ingénieur sénégalais indique que cette bâche sera recouverte d'une géomembrane pour éviter que les déchets n'infiltrent la nappe phréatique. Mieux, notre interlocuteur renseigne que toutes les mesures ont été prises pour que le Centre soit aux normes internationales, notamment environnementales. Un argument qui ne convainc pas les pourfendeurs de ce projet qui pensent que l'aménagement va polluer de manière considérable leur cadre de vie.
Plus loin, des tasseuses chargent du sable sur des camions Bennes pour une destination inconnue. Distant de quatre kilomètres de la Communauté rurale de Sindia, le Centre aiguise déjà des appétits grâce aux promesses mirobolantes que les promoteurs ont faites aux populations riveraines. En sus des projets de développement, les ordures ménagères des Communautés rurales de Sindia et Diass seraient traitées «gratuitement» dans le Cet.


L’urgence et l’autoroute à péage, la porte d’entrée des mafieux
Si la société Tirreno-ambiente est venue au Sénégal, c’est en grande partie grâce à ses relations avec la Société Gicos. EnQuête a appris que cette société était un sous-traitant de la société Ama Sénégal auquel l’Etat sénégalais avait confié la responsabilité de la collecte des ordures ménagères dans la région de Dakar. Cette société est une filiale d’Ama international, une société italienne qui a un siège à Rome.
D’ailleurs, c’est avec Veolia, la société qui a finalement remplacé Ama Sénégal dans la gestion des ordures que le Sénégal avait, dans un premier temps voulu réaliser la Centre d’enfouissement technique de Sindia. Mais, il ressort de nos fouilles que c’est à la suite d’un désaccord entre les autorités et Veolia que la société Gicos a été sollicitée pour la réalisation de cette infrastructure devant prendre le relais de la décharge de Mbeubeuss.
La construction de l’autoroute à péage aidant, avec surtout ses exigences en matière de délai de livraison de l’ouvrage avec toutes les réalisations connexes y afférant, les choses sont allées très vite. Un Comité technique regroupant l’Entente Cadak-Car, l’Agence pour la promotion de l’investissement et des grands travaux (Apix), le ministère de l’Environnement, le département de l’Economie et des Finances a été mis sur pied. Ce comité, d’après des informations concordantes, a fait travailler des experts qui lui ont soumis un cahier de charges, le modèle financier et une proposition de contrat. C’est à la suite de cela que le dossier de cette entreprise liée à la mafia sicilienne a été transmis au Conseil des infrastructures pour la validation du contrat Construction exploitation et transfert, BOT en anglais.
Pourtant, pas plus tard qu’en avril dernier, le maire de la Ville de Dakar, Khalifa Sall réaffirmait que tout se ferait «sur la base d’un appel d’offres» dans la gestion des ordures. «Nous avons réfléchi sur toute la filière, de la collecte à la transformation : la fermeture de Mbeubeuss, la réorganisation de la collecte et du transport, etc. Et, pour chaque étape, nous avons fait des appels d’offres», avait dit l'édile de Dakar concernant la gestion des ordures dans la capitale sénégalaise. Or, voilà que Gta environnement a été choisi sans qu'aucun appel d’offres n'ait été lancé. Pis, étant dans le domaine d'une concession, l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) et la Direction centrale des marchés publics (DCMP) devaient être saisis préalablement.


IBRAHIMA DIAGNE, DIRECTEUR TECHNIQUE DE L’ENTENTE CADAK-CAR
«Nous n’avons jamais eu d’écho sur les accointances mafieuses de la société Tirreno-ambiente»


Qui est derrière la venue de la société Tirreno-ambiente au Sénégal ? L’Apix ? Le maire Khalifa Sall ? Un ministre ? Beaucoup de nom de personnalités politiques circulent. Mais en l’état actuel de nos investigations, il est difficile de se prononcer. Tout au plus, le nom du maire de Dakar a été cité avec insistance. Nous avons tenté d’y voir clair et sommes entrés en contact avec son Chef de cabinet. Celui-ci avait promis de nous rappeler, mais ne l’a pas fait.
Nous nous sommes rabattus sur Ibrahima Diagne, le Directeur technique de l’Entente Cadak-Car (Communauté des agglomérations de Dakar- Communauté des agglomération de Rufisque), l’entité regroupant les Collectivités locales de la région de Dakar et qui s’occupe de la gestion des ordures. «Nous n’avons jamais eu d’écho sur les accointances mafieuses de la société Tirreno-ambiente», dit M. Diagne dans un entretien qu’il a accordé la semaine dernière à EnQuête. A cette occasion, il a fait la genèse du projet du Centre d’enfouissement technique de Sindia.

L'ambassade du Sénégal en Italie n'y a vu que du feu

«Nous, on a pris le dossier en 2009», souligne notre interlocuteur qui ajoute : «Avec l’urgence liée au projet d’autoroute à péage, il y avait un Comité technique regroupant toutes les parties : l’Entente Cadak-Car, l’Apix, le ministère de l’Environnement, le ministère de l’Economie et des Finances. (…) On a voulu s’assurer sur les capacités et pour cela, on a exigé du partenaire de nous donner toutes les références. On a envoyé un expert technique en Italie pour vérifier dans le site que la société exploitait. Des avocats ont été aussi sollicités. On a reçu un rapport disant que la société exploite un site en Italie conformément aux règles de l’art, un avocat nous a aussi dit que la société est nickel, en règle».
En outre, l’ambassade du Sénégal en Italie a même été sollicitée «pour faire des enquêtes au niveau de cette société. Tout ceci ne nous a pas révélé qu’il y a eu des accointances mafieuses de cette société. Ça, je viens de l’apprendre. Nous n’avons jamais eu d’écho de cela», argue le Directeur technique de l’Entente Cadak-Car. Mieux, il fait savoir qu’au mois de janvier dernier, «il y a eu une mission de l’Entente Cadak-Car, de l’Apix, des communautés rurales de Diass et de Sindia, du préfet de Mbour, du sous-préfet de Sindia. On a visité l’exploitation de Mazzara, on a vu que cela se passait dans les règles de l’art».
De l'avis de M. Diagne, l’Entente Cadak-Car était auparavant «dans les dispositions d’engager des négociations avec Veolia» pour la réalisation du Centre d’enfouissement technique de Sindia. «Il n’y a pas eu d’accord en un moment donné avec Veolia. Face à l’urgence, le Conseil des infrastructures a été sollicité pour avoir un contrat de gré à gré avec Gicos qui était le sous-traitant d’Ama Sénégal. Le motif, c’est que la société avait tout son matériel déjà disponible à Sindia. Donc, il fallait profiter de la disponibilité du matériel de cette société. C’est ainsi que le Conseil des infrastructures a donné une suite favorable à la requête et c’est sur cette base que le contrat été signé».