mercredi 20 juillet 2011

CENTRE D'ENFOUISSEMENT TECHNIQUE: LA FILIERE MAFIEUSE DES ORDURES


CENTRE D’ENFOUISSEMENT TECHNIQUE DE SINDIA
La mafia sicilienne au cœur de la gestion des ordures au Sénégal

La construction du Centre d’enfouissement technique a été confiée à deux sociétés dont l’une fréquente la mafia sicilienne. EnQuête a même appris que l’un des administrateurs de cette société (Tirreno-ambiente) a fait l’objet d’une condamnation «pour association mafieuse».


La pègre dans les ordures dakaroises. Dans le cadre de la gestion des ordures solides de la capitale sénégalaise et surtout de la mise en œuvre du projet d’autoroute à péage, les autorités envisagent la fermeture de la décharge de Mbeubeuss et l’ouverture d’un centre d’enfouissement technique à Sindia. Centre dont la construction sur le modèle Bot (Construction, exploitation et transfert), a été confié à deux sociétés italiennes qui ont créé une société de droit sénégalaise, Gta environnement. Une société au capital de 3 milliards de francs Cfa dont le capital est détenu par Gicos Sarl à 60% et Tirreno-ambiente SPA à 40%. Dans ses investigations, EnQuête a appris que l’une des entités choisies par le Sénégal pour gérer le centre d’enfouissement technique, c'est-à-dire la Tirreno-ambiente, est liée à la mafia en Sicile, en Italie.

Le Consultant de Tirreno-ambiente condamné pour «pour association mafieuse»

Selon des sites italiens d'information consultés par EnQuête, «un règlement de comptes, par candidats interposés», aux élections locales en 2009, à mis à nu des pratiques mafieuses dans le ramassage des déchets dans la province de Messine, la capitale de la Sicile, au sud de la botte européenne. En effet, il a été établi «les relations avec la direction de Tirreno Ambiente et surtout le mentor de la ''monezza business'', le mythique Pino Innocenti», un des barons de la mafia sicilienne. Ce business est d’une simplicité limpide : la mafia offre aux industriels de toute la péninsule des tarifs inférieurs à 60% pour le traitement des déchets toxiques. Mais au lieu de les traiter, elle les disperse dans les décharges sauvages autour de Naples. Un trafic dont le chiffre d'affaires est estimé à 24 milliards d’euros (plus de 15 000 milliards de francs Cfa), d’après les sites italiens.
D'après ces sources, une grande enquête dirigée par deux magistrats, Verzeri Joseph et son collègue procureur Francesco Massara de Barcelone, a découvert le pot aux roses et condamné à 6 ans «pour association mafieuse» M. Marti, consultant à Tirreno-Ambiente, la société qui a été choisie pour le Centre d’enfouissement technique de Sindia.

La société mêlée à un scandale de dépôt d'ordure à Naples

D’ailleurs, le nom de cette société est aussi mêlé, dans un autre article paru sur le site d’un journal italien le 12 avril 2011, à un autre scandale de dépôt d’ordures à Mazzarrà Sant’Andrea, une commune dans la région sicilienne. Il s’agit de «camions suspects» différents «des camions habituels» qui ont déchargé sans aucun contrat plus de 25 000 tonnes d’ordures dans cette région italienne en toute illégalité, de la saleté venant d’une autre région qui s’appelle Campanie. «Seulement personne n’était au courant ni à Palermo, ni à Mazzarra, ni à Messina», dit cet article lu par EnQuête. En effet, une société de Naples cédait «à 200 euros (130 000 francs Cfa) une tonne d’ordures à deux compagnies siciliennes, la ''Vincenzo d’Angelo srl'' et la ''Profenico spa'', lesquelles auront la charge d’éliminer ces déchets produits au sein du dépotoir de Mazzarrà Sant Andrea, géré par la Tirreno-ambiente Spa». On parle d’environ «500 tonnes par jour», soit près de 25000 tonnes déversées dans cette région sans que les autorités locales ne soient informées.
Joint au téléphone, Amadou Tidiane Mbaye, le chargé de communication de Gta Environnement, la filiale sénégalaise de Tirreno-Ambiente, n'a pas souhaité se prononcer sur un sujet dont il ne maîtrise pas le contenu, d'après ses dires.


Un projet de 8 milliards sur 5 ans
Il faut dire que le Centre d’enfouissement technique de Sindia, c’est une affaire de gros sous. En effet, à l’image de la collecte des ordures ménagères pour laquelle l’Etat débourse pas moins de 10 milliards de francs Cfa par an, le financement du Centre est de l’ordre de 8 milliards de francs Cfa. C’est depuis 2004 que le site de Sindia a été identifié comme devant accueillir le centre. Les travaux avaient même démarré en 2005 avant d’être arrêtés l’année suivante. C’est en 2009, avec le changement de l’équipe municipale à la Ville de Dakar que l’Entente Cadak-Car (Communauté des agglomérations de Dakar-Communauté des agglomérations de Rufisque) a repris le projet.
«Pour les besoins de la mise en œuvre du Centre d’enfouissement technique, nous avons privilégié le partenariat public privé selon le mécanisme Bot (construction exploitation et transfert). Le partenaire privé, c’est Gta environnement avec qui nous avons signé une convention. Cette société va assurer le financement. Elle va réaliser les travaux sur la base d’un cahier de charges qui définit les objectifs techniques et environnementaux. C’est un investissement planifié sur 5 ans. Il y a un investissement initial de 4 milliards de francs Cfa. 4 autres milliards d’investissements sont prévus pour les 5 prochaines années», explique Ibrahima Diagne, Directeur technique de l’Entente Cadak-Car, interrogé à ce propos par EnQuête.

400 millions de mesures sociales toujours attendues

Le projet est-il actuellement compromis ? Difficile de répondre par l’affirmative. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il a pris beaucoup de retard par rapport à son calendrier de mise en œuvre. D’après des informations, le projet avance lentement parce que Gta environnement peine à «respecter le cahier de charges» produit par l’Entente Cadak-Car. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle l’expert français qui avait été commis dans le cadre du Comité technique est en partance. Et l’on compte le nombre de lettres de mise en demeure à l’en-tête de Cadak-Car pour que cette entreprise respecte le cahier des charges.
Pis, pour les mesures sociales en faveur des populations riveraines du centre, il était prévu que Gta environnement libère une bonne partie des 400 millions de francs Cfa. Mais jusqu’à présent, rien n'est fait.



C.E.T DE SINDIA
Nouveau cimetière des ordures


D'une capacité de 1500 tonnes/jour, le Centre d'enfouissement technique (C.E.T) de Sindia, en phase de finalisation, devrait sonner le glas de la décharge de Mbeubeuss. Situé à une soixantaine de kilomètres de Dakar sur la route nationale N°1, le C.E.T est en phase terminale. Sur place, le vrombissement des gros porteurs et la poussière accueillent le visiteur. Lequel doit montrer patte blanche pour accéder dans l'enceinte. A l'entrée trône un bâtiment qui fait office de bureaux. Lesquels font face à deux ponts-bascules nouvellement installés. Derrière, se trouve un garage où des camions sont en cours de réparation sous un soleil de plomb. Et pour accéder au site devant accueillir les ordures ménagères, il faut parcourir quelques kilomètres à pied ou en véhicule. Ici, des ouvriers méconnaissables à cause de la poussière qui les recouvrent se bagarrent avec de lourdes bâches qu'ils étalent sur une immense bande de terre d'une superficie d'un hectare. Mais ils ne sont pas les seuls, des Italiens s'activent aussi sur le chantier.
Interpellé, un ingénieur sénégalais indique que cette bâche sera recouverte d'une géomembrane pour éviter que les déchets n'infiltrent la nappe phréatique. Mieux, notre interlocuteur renseigne que toutes les mesures ont été prises pour que le Centre soit aux normes internationales, notamment environnementales. Un argument qui ne convainc pas les pourfendeurs de ce projet qui pensent que l'aménagement va polluer de manière considérable leur cadre de vie.
Plus loin, des tasseuses chargent du sable sur des camions Bennes pour une destination inconnue. Distant de quatre kilomètres de la Communauté rurale de Sindia, le Centre aiguise déjà des appétits grâce aux promesses mirobolantes que les promoteurs ont faites aux populations riveraines. En sus des projets de développement, les ordures ménagères des Communautés rurales de Sindia et Diass seraient traitées «gratuitement» dans le Cet.


L’urgence et l’autoroute à péage, la porte d’entrée des mafieux
Si la société Tirreno-ambiente est venue au Sénégal, c’est en grande partie grâce à ses relations avec la Société Gicos. EnQuête a appris que cette société était un sous-traitant de la société Ama Sénégal auquel l’Etat sénégalais avait confié la responsabilité de la collecte des ordures ménagères dans la région de Dakar. Cette société est une filiale d’Ama international, une société italienne qui a un siège à Rome.
D’ailleurs, c’est avec Veolia, la société qui a finalement remplacé Ama Sénégal dans la gestion des ordures que le Sénégal avait, dans un premier temps voulu réaliser la Centre d’enfouissement technique de Sindia. Mais, il ressort de nos fouilles que c’est à la suite d’un désaccord entre les autorités et Veolia que la société Gicos a été sollicitée pour la réalisation de cette infrastructure devant prendre le relais de la décharge de Mbeubeuss.
La construction de l’autoroute à péage aidant, avec surtout ses exigences en matière de délai de livraison de l’ouvrage avec toutes les réalisations connexes y afférant, les choses sont allées très vite. Un Comité technique regroupant l’Entente Cadak-Car, l’Agence pour la promotion de l’investissement et des grands travaux (Apix), le ministère de l’Environnement, le département de l’Economie et des Finances a été mis sur pied. Ce comité, d’après des informations concordantes, a fait travailler des experts qui lui ont soumis un cahier de charges, le modèle financier et une proposition de contrat. C’est à la suite de cela que le dossier de cette entreprise liée à la mafia sicilienne a été transmis au Conseil des infrastructures pour la validation du contrat Construction exploitation et transfert, BOT en anglais.
Pourtant, pas plus tard qu’en avril dernier, le maire de la Ville de Dakar, Khalifa Sall réaffirmait que tout se ferait «sur la base d’un appel d’offres» dans la gestion des ordures. «Nous avons réfléchi sur toute la filière, de la collecte à la transformation : la fermeture de Mbeubeuss, la réorganisation de la collecte et du transport, etc. Et, pour chaque étape, nous avons fait des appels d’offres», avait dit l'édile de Dakar concernant la gestion des ordures dans la capitale sénégalaise. Or, voilà que Gta environnement a été choisi sans qu'aucun appel d’offres n'ait été lancé. Pis, étant dans le domaine d'une concession, l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) et la Direction centrale des marchés publics (DCMP) devaient être saisis préalablement.


IBRAHIMA DIAGNE, DIRECTEUR TECHNIQUE DE L’ENTENTE CADAK-CAR
«Nous n’avons jamais eu d’écho sur les accointances mafieuses de la société Tirreno-ambiente»


Qui est derrière la venue de la société Tirreno-ambiente au Sénégal ? L’Apix ? Le maire Khalifa Sall ? Un ministre ? Beaucoup de nom de personnalités politiques circulent. Mais en l’état actuel de nos investigations, il est difficile de se prononcer. Tout au plus, le nom du maire de Dakar a été cité avec insistance. Nous avons tenté d’y voir clair et sommes entrés en contact avec son Chef de cabinet. Celui-ci avait promis de nous rappeler, mais ne l’a pas fait.
Nous nous sommes rabattus sur Ibrahima Diagne, le Directeur technique de l’Entente Cadak-Car (Communauté des agglomérations de Dakar- Communauté des agglomération de Rufisque), l’entité regroupant les Collectivités locales de la région de Dakar et qui s’occupe de la gestion des ordures. «Nous n’avons jamais eu d’écho sur les accointances mafieuses de la société Tirreno-ambiente», dit M. Diagne dans un entretien qu’il a accordé la semaine dernière à EnQuête. A cette occasion, il a fait la genèse du projet du Centre d’enfouissement technique de Sindia.

L'ambassade du Sénégal en Italie n'y a vu que du feu

«Nous, on a pris le dossier en 2009», souligne notre interlocuteur qui ajoute : «Avec l’urgence liée au projet d’autoroute à péage, il y avait un Comité technique regroupant toutes les parties : l’Entente Cadak-Car, l’Apix, le ministère de l’Environnement, le ministère de l’Economie et des Finances. (…) On a voulu s’assurer sur les capacités et pour cela, on a exigé du partenaire de nous donner toutes les références. On a envoyé un expert technique en Italie pour vérifier dans le site que la société exploitait. Des avocats ont été aussi sollicités. On a reçu un rapport disant que la société exploite un site en Italie conformément aux règles de l’art, un avocat nous a aussi dit que la société est nickel, en règle».
En outre, l’ambassade du Sénégal en Italie a même été sollicitée «pour faire des enquêtes au niveau de cette société. Tout ceci ne nous a pas révélé qu’il y a eu des accointances mafieuses de cette société. Ça, je viens de l’apprendre. Nous n’avons jamais eu d’écho de cela», argue le Directeur technique de l’Entente Cadak-Car. Mieux, il fait savoir qu’au mois de janvier dernier, «il y a eu une mission de l’Entente Cadak-Car, de l’Apix, des communautés rurales de Diass et de Sindia, du préfet de Mbour, du sous-préfet de Sindia. On a visité l’exploitation de Mazzara, on a vu que cela se passait dans les règles de l’art».
De l'avis de M. Diagne, l’Entente Cadak-Car était auparavant «dans les dispositions d’engager des négociations avec Veolia» pour la réalisation du Centre d’enfouissement technique de Sindia. «Il n’y a pas eu d’accord en un moment donné avec Veolia. Face à l’urgence, le Conseil des infrastructures a été sollicité pour avoir un contrat de gré à gré avec Gicos qui était le sous-traitant d’Ama Sénégal. Le motif, c’est que la société avait tout son matériel déjà disponible à Sindia. Donc, il fallait profiter de la disponibilité du matériel de cette société. C’est ainsi que le Conseil des infrastructures a donné une suite favorable à la requête et c’est sur cette base que le contrat été signé».

2 commentaires:

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    Merci, Busarakham.

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