mercredi 30 juin 2010

INSTABILITE GOUVERNEMENTALE CHRONIQUE DEPUIS L'ALTERNANCE : Wade a utilisé 122 ministres en 10 ans


Cent vingt-deux (122) personnes ont défilé autour de la table du Conseil des ministres en dix années d'exercice du pouvoir par Abdoulaye Wade sanctionnées par 17 modifications au niveau du gouvernement - principalement des ministres détenant des portefeuilles. Une frénésie à changer de collaborateurs, comparativement à son prédécesseur Abdou Diouf qui, en deux fois plus de temps (vingt ans de magistère), n'a eu que 109 ministres au bout de vingt remaniements ou réaménagements. Ne parlons pas de Senghor qui n'a fait travailler que 78 ministres.


Les aficionados - ce ne sont plus simplement des partisans - de Me Abdoulaye Wade se glorifient qu'en moins d'une décennie, le régime issu de l'alternance politique de 2000 (donc vieux de 10 ans) a fait mieux que les socialistes durant leurs quarante années de règne. Des fanfaronnades discutables et discutées par les opposants actuels au régime, mais qui se confirment au moins dans un domaine : les innombrables remaniements ministériels et leur cohorte d'entrées et de sorties de ministres. En somme, pour les nominations aux postes ministériels, Me Wade bat largement les présidents Senghor et Diouf. Et encore. On a restreint le cas d'études aux ministres détenant des portefeuilles, car ce serait une gageure de vouloir l'étendre à tout ce que le système Wade compte de ministres. Et malgré cela, Wade double le nombre des ministres qui étaient aux affaires sous Senghor et dépasse le cumul des ministres qui ont siégé dans les différents gouvernements sous le règne du président Diouf.


En effet de 1960 à 1980, le premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, n'a travaillé qu'avec 78 ministres. Quant au président Abdou Diouf, en 20 ans, de 1980 à 2000, il n'a collaboré qu'avec 109 ministres et quatre Premiers ministres au terme de 20 remaniements et réaménagements. Soit une moyenne d'une retouche par an.


Il n'y a eu que 78 ministres durant le magistère de Senghor


Comparativement, pendant ses dix années à la tête du pays depuis 2000, Me Wade a utilisé plus de ministres que Diouf durant son règne. Pour ceux détenant exclusivement des portefeuilles, c'est-à-dire sous le contrôle du Premier ministre, il y en a eu cent vingt-deux (122) ministres dont 20 ministres d'État. Au terme de 17 remaniements et réaménagements de l'attelage gouvernemental qui ont vu défiler six (06) Premiers ministres. Une moyenne d'un ministre renvoyé chaque mois pendant les 123 mois qui ont couru depuis mars 2000. En outre, cela donne un remaniement ou un réaménagement tous les six mois. Pour dire que le Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui a fait plus que Diouf et presque deux fois plus que Senghor n'a pas son égal dans le remodelage de la physionomie de son équipe gouvernementale. II se plaît à se glorifier d'être un entraîneur d'équipe qui change ses joueurs à sa guise. Qui disait que « Wade, c'est le Domenech du coaching gouvernemental» ?


Dans le détail : A l'avènement de l'Alternance politique, en 2000, le gouvernement de Niasse qui était de 27 ministres a été réaménagé à deux reprises pour permettre l'entrée de Bécaye Diop et Kansoubaly Ndiaye, en remplacement de Marie Lucienne Tissa Mbengue. Au limogeage de Niasse, remplacé par Mame Madior Boye. Mamoussé Diagne et Penda Mbow font leur entrée, juste pour trois mois. Un remaniement intervenu après les législatives de 2001 (3 mars précisément) consacre un gouvernement de 24 membres, qui sera remanié trois mois après avec l'évic tion de Mamadou Makalou du ministère de la Culture. Au naufrage du Joola, en septembre 2002, les ministres Youba Sambou et Youssouph Sakho sont contraints à la démission. En novembre 2002, Idrissa Seck arrive à la station primatorale avec une équipe de 31 membres qui sera remaniée en août 2003, suite à sa démission-reconduction. Son nouveau gouvernement atteint 34 ministres. Quand, après l'épisode de la «dualité au sommet de l'Etat», il cède le poste à Macky Sall, en avril 2004, ce dernier trône à la tête d'un gouvernement de 39 ministres. Son séjour à la Primature a enregistré le plus de remodelages de l'équipe gouvernementale. Le 8 mars 2005, son gouvernement fait 38 ministres , le 18 mai de la même année, il revient à 39 membres. Le 1 er février 2006, l'attelage gouvernemental passe à 38 ministres avant de monter a 41, le 23 novembre de la même année à la faveur de l'entrée de certains leaders comme Mes El Hadji Diouf Abdoulaye Babou et Oumar Khassimou Dia du Rp de Serigne Mamoune Niass.


Flagrant délit continue de remaniement sous Souleymane Ndéné Ndiaye


C'est avec l'arrivée de Cheikh Hadjibou Soumaré, après les Législatives de juin 2007, que le gouvernement de Me Wade va connaître une baisse sensible avec 28 min istres. Le 1 er avril 2008, le gouvernement est remanié à la hausse (30 ministres). Au mois d’août de la même année le ministre du Budget, Ibrahima Sar, est défenestré et remplacé par Mamadou Abdoulaye Sow, en pleine crise des dépenses extrabudgétaires. Mais, quand Soumaré passe le témoin à Souleymane Ndéné Ndiaye, le 30 avril 2009 ce dernier forme, le 1 er mai suivant, une équipe de 33 ministres. Deux jours après, Wade lui impose une retouche pour faire revenir Me Ousmane Ngom qui remplace Ibrahima Cissé qui avait pris sa place, en plus de rendre la totalité de son départe ment à Abdoulaye Diop qui avait été amputé de l'Economie. C'était la voie ouverte à une dizaine de réaménagements qui font passer le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye sur le billard de Wade qui use et abuse de son bistouri pour opérer à satiété, au gré de ses intérêts du moment. Ainsi, le départ d'Aïda Mbodj du ministère de la Transformation alimentaire des Produits agricoles (Tapa) fera subir au gouvernement de Ndéné une nouvelle retouche. Le 24 mai, les attributions de Ndèye Khady Diop et Faustin Diatta sont modifiées avec un nou veau modelage. Le 16 juin, Mamadou Abdoulaye Sow démissionne du ministère du Budget et est remplacé par Abdoulaye Diop qui a eu à occuper les fonctions de Directeur de cabinet des Premiers ministre Cheikh Hadjibou Soumaré et Souleymane Ndéné Ndiaye. Le 10 septembre 2009, Wade sort un nouveau décret qui consacre la permutation entre Habib Sy et Diakaria Diaw. Le premier migre à la Présidence où il occupe les fonctions de directeur de Cabinet du président de la République. Dans la soirée du 1 er octobre, Wade vire Cheikh Tidiane Gadio, inamovible chef de la diplomatie sénégalaise et le remplace par Me Madické Niang. Ce dernier cède sa place au Pr Moustapha Sourang qui, à son tour, passe le témoin au Pr Amadou Tidiane Bâ. Lors de ce jeu de chaises musicales, Samuel Sarr est délesté des Biocarburants désormais dévolus à Fatou Gaye Sarr qui les cumule avec ses fonctions de ministre de l'Agriculture et de la Pisciculture. Le 15 octobre, un nouveau réaménagement inter vient et consacre le départ de Cheikh Tidiane Sy de l'Intérieur et l'entrée d'Abdoulaye Baldé aux Forces armées, à la place de Bécaye Diop qui prend la place du premier nommé. Adama Sall est également revenu. Deux mois plus tard, en décembre, Moustapha Sourang quitte à son tour le gouvernement et laisse la place à Me El Hadj Amadou Sall, qui sera à son tour remercié au bout de six mois. Cheikh Tidiane Sy faisant du coup son retour. Et deux semaines après, le jeudi 24 juin, six nouveaux ministres font leur entrée dans le gouvernement au terme d'un énième remaniement.



Listes des ministres Sous Wade



Seynabou Ly Mbacké, Fatou Blondin Ndiaye Diop, Khady Mbow, Babacar Ndao, Louis Seck, Nafi Diouf Ngom, Mame Astou Guèye, Safiétou Sy, Karim Wade, Thérèse Coumba Diop, Serigne Mame Bousso Lèye, Amadou Tdiane Ba, Faustin Diatta, Sada Ndiaye, Moustapha Guirassy, Ibrahima Cissé, Amadou I Niang, Khadim Guèye, Kalidou Diallo, Mamadou Abdoulaye Sow, Diamé Signaté, Safiatou Thiam, Awa Ndiaye, Sophie Gladima Siby, Adama Sall, Mame Birame Diouf, Amath Sall, Fatou Bintou Taya Ndiaye, Mamadou Lamine Keita, Samuel Ameth Sarr, Innocence Ntap, Fatou D. Diagne, Amadou Habibou Ndiaye, Moussa Sakho, Aminata Lô, Fatou Gassama, Ibrahima Sar, Fatou Gaye Sarr, Abdourahim Agne, El Hadj Diouf, Abdoulaye Babou, El Hadji Daouda Faye, Marie-Pierre Sarr Traoré, Yaye Kène Gassama Dia, Cheikh Tidiane Sy, Awa Fall Diop, Souleymane Ndéné Ndiaye, Assane Diagne, Bineta Samb Bâ, Ousmane Ngom, Djibo Leïty Kâ, Aminata Diallo, Aida Mbodj, Aziz Sow, Mamadou Sidibé, Oumy Khaïry Guèye Seck, Ibrahima Fall, Diégane Sène, Farba Senghor, Issa Mbaye Samb, Mme Saphiétou Ndiaye Diop, Opa Ndiaye, Ahmeth Yéro Diallo, Mme Marième Ndiaye, Salif Bâ, Abdoul Malal Diop, Bakar Dia, Youssoupha Ndiaye, Sengne Diop, Habib Sy, Ousmane Masseck Ndiaye, Madické Niang, Maimouna Sourang Ndir, Soukeyna Ndiaye Ba, Christian Sina Diatta, Saoudatou Ndiaye Seck, Aliou Sow, Cheikh Hadjibou Soumaré, Georges Tendeng, Ndèye Khady Diop, M. Mamadou Seck, Basile Senghor, Moustapha Sourang, Macky Sall, Awa Marie Coll Seck, Youssouph Sakho, Aicha Agne Pouye, Awa Guèye Kébé, Mamadou Makalou, Thieo Cissé Doucouré, Mamoussé Diagne, Penda Mbow, Libasse Diop, Moustapha Niasse, Bécaye Diop, Kansoubaly Ndiaye, Landing Savané, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho, Madieyna Diouf, Pape Diouf, Youba Sambou, Mame Madior Boye, Général Mamadou Niang, Madior Diouf, Cheikh Tidiane Gadio, Abdoulaye Diop, Omar Khassimou Dia, Marie Lucienne Mbengue, Abdou Fall, Aminata Tall, Khady Fall Diallo, Khoureychi Thiam,Yero Deh, Oumar Sarr, Lamine Ba, Mamadou Diop Decroix, Ndiawar Touré, Joseph Ndong, Modou Diagne Fada, Amadou Doudou Sarr, Haoua Dia Thiam, Moctar Diop



LES MINISTÈRES LES PLUS INSTABLES

La Santé, (10), la Culture (9) et les Sports (8) ministres chacun 10 ans

Le limogeage d’un ministre de la culture ou de la Santé est devenu un fait banal depuis l’arrivée de Me Abdoulaye Wade à la présidence de la République. En effet, avec 19 ministres en 10 ans, ces deux départements sont les plus instables depuis l’alternance politique de 2000. Si le dernier remaniement de jeudi passé a vu les titulaires des postes maintenus, tel n’était pas le cas dans le premier gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye avec Mame Birame Diouf et le docteur Safiétou Thiam qui avaient débarrassé le plancher pour laisser leurs places respectivement au docteur vétérinaire Docteur Serigne Bousso Léye et à l'ingénieur des Transports Thérèse Coumba Diop.

5 ministres de Culture durant l'année 2001

Pour le département Santé, la valse des ministres a débuté avec a connu 10 ministres en 10 ans. La valse des ministres a débuté avec Abdou Fall (avril 2000 à mai 2001) qui passe le témoin au professeur Awa Marie Coll Seck (mai 2001 à août 2003). Le défunt Issa Mbaye Samb s'empare du ministère d'août 2003 à avril 2004 avant de céder le département à Aminata Diallo; mais il revient encore quatre (4) mois plus tard pour repartir en 2005. Abdou Fall encore revenu, fait deux ans (2005/2007) avant de remettre encore le ministère à Issa Mbaye Samb. En septembre 2007, Daouda Faye viré du département des Sports, Issa Mbaye Samb prend sa place et cède le sien à Safiétou Thiam qui vient d'être remerciée au profit de Thérèse Coumba Diop. Cette dernière cédera à son tour le département à Madou Diagne Fada.

Pour le ministère de la Culture c'est Mamadou Diop «Decroix» (avril 2000 à février 2001) qui ouvre le bal de l'instabilité suivi du professeur Madior Diouf (février 2001 mars 2001). Puis ce fut au tour de Penda Mbow d'occuper le poste pour trois mois (mars à mai 2001). Puis de Mamadou Makalou pour également quatre mois (mai à août 2001). Après, c'est au tour de Amadou Tidiane Wone dit Baba qui est nommé ministre de la Culture (2 août 2001 à novembre 2002) pour céder la place à Abdou Fall (novembre 2002 à août 2003). Par la suite, arrive Safiétou Ndiaye Diop d'août 2003 à juin 2007 qui sera remplacée par Mame Birame Diouf (juin 2007 à mai 2009). Maintenant, le département de la Culture est géré par le docteur Serigne Mama Bousso Léye.

Outre ces deux ministères, le Sport a également changé huit (8) fois de patron. Joseph Ndong (avril 2000-novembre 2002), Youssoupha Ndiaye (novembre 2002-juin 2005), El Hadji Daouda Faye (juin 2005-septembre 2007), Issa Mbaye Samb (septembre 2007-avril 2008), Bacar Dia (avril 2008-mai 2009), Mamadou Lamine Keïta (mai 2009-juin 2010). Ils seront tous emportés par des crises dans le football, à l’exception du maire de Bignona. Wade après un retour à l'orthodoxie en jumelant la Jeunesse aux Sports confié à Mamadou Lamine Keïta a décidé, jeudi dernier, de séparer les départements pour confier les sports à Faustin Diatta

Le ministère de la Fonction publique, de l'Emploi, du Travail et des Organisations professionnelles, longtemps resté sous la coupe de Yoro Dé (5 ans) verra, après ce dernier, Souleymane Ndéné Ndiaye, Adama Sall, Me Abdoulaye Babou, Innocence Ntap Ndiaye et Habib Sy, Diakaria Diaw occuper le poste en cinq ans. L'Agriculture a vu défiler les ministres Pape Diouf, Habib Sy, Farba Senghor, Hamath Sall, Fatou Gaye Sarr et maintenant Khadim Guèye.

Abdoulaye Diop et Bécaye Diop : champions de la longévité chez Wade

Si Jean Collin et Robert Sagna totalisent une présence de plus de 25 ans dans les gouvernements de Senghor puis de Diouf, chez Me Wade, ce sont les ministres Abdoulaye Diop et Bécaye Diop qui battent le record de longévité depuis l'Alternance. En effet, ces deux ministres, qui ont gagné entre temps des galons de ministres d'État, sont présents depuis le premier gouvernement de Moustapha Niass du 3 avril 2000.

Abdoulaye Diop, a commencé comme ministre délégué chargé du Budget en 2000 dans le premier attelage gouvernemental formé par Moustapha Niass avec comme patron Mactar Diop puis Mamadou Seck. Ce dernier démissionnaire en juin 2001, Abdoulaye Diop prendra les reines du ministère de l'Économie et des Finances pour ne plus le quitter.

Quant à Bécaye Diop, il a fait son entrée dans l'équipe de Moustapha Niass une semaine après son installation comme ministre délégué chargé de l'Alphabétisation et des Langue nationales qui deviendra par la suite un ministère plein. Par la suite, il migre au ministère des Forces armées et est maintenant aux commandes du stratégique département de l’Intérieur.

Quant à Cheikh Tidiane Gadio, il est celui également dont le poste n'a pas varié depuis le début. En effet d’avril 2000 à octobre 2009 ; il est resté l'inamovible ministre des Affaires étrangères.

À coté de ces trois indéboulonnables, on retrouve Moustapha Sourang (mars 2001 à décembre 2009), Cheikh Hadjibou Soumaré qui est resté 6 ans au Budget puis Premier ministre pendant deux ans. Pour Macky Sall également, il aura été ministre, ministres d'État puis Premier ministre de façon continue entre 2001 et juin 2007 avant de migrer à l'assemblée nationale. Madické Niang qui, entre 2002 et maintenant, a occupé les départements de l'Habitat, de l'Énergie, des Mines, de la Justice et Affaires étrangères. Idem pour Habib Sy qui a occupé tour à tour les départements de l'Agriculture de l'Hydraulique, des Infrastructures et de la Fonction publique. Il est aujourd’hui le Directeur de cabinet du président Wade. Ousmane Masseck Ndiaye, après un passage d'une année au Secrétariat général de la Présidence de la République (2000-2001), intègre le gouvernement en 2002 pour n'en ressortir qu'en 2009.

Modou Diagne Fada (2000 à 2005 et depuis 2009) et Bacar Dia (2003 à 2009) font également office d'anciens. Tout comme Aliou Sow qui vient d'être reconduit ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales et qui avait passé cinq années (2003-2007 et depuis 2009) à la tête du département de la Jeunesse. Les ministres Ousmane Ngom, Djibo Leyti Ka, Cheikh Tidiane Sy, pour ce citer que les plus en vues, totalisent plus de cinq ans de présence dans les différents gouvernements de Macky Sall, Cheikh Hadjibou Soumaré et maintenant Souleymane Ndéné Ndiaye.

Ibrahima Cissé, Marie Lucienne Tissa Mbengue, Penda Mbow, Mamoussé Diagne, Mamadou Makalou, les éphémères ministres de Wade

À coté des ministres qui affichent une longévité pour tout le moins extraordinaire tellement Me Wade est d'humeur changeante, il y a ceux qui ont de séjours tellement éphémères qu'ils ont du coup rejoint le Guinness sénégalais des records. Parmi ces ministres, arrive premier Ibrahima Cissé qui n'aura pas eu le plaisir de chauffer le fauteuil de son bureau encore moins partager une séance de Conseil des ministres avec le locataire du Palais Léopold Sédar Senghor. En effet, comme l'écrivait mon confrère du «Quotidien» qui reprenait l'humoriste Kouthia, Ibrahima Cissé a été «consulté vendredi, nommé samedi, installé dimanche et limogé lundi». Qui dit mieux?

M. Cissé a ravi la première place à Marie Lucienne Tissa Mbengue qui avait fait un séjour d'une semaine dans le premier gouvernement de l'Alternance pour se rendre compte qu'elle n'avait ni le profit encore moins les diplômes requis pour être ministres de l'Éducation nationale, de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle. Aïda Mdodj n’est pas en reste puis qu’elle a mis fin au tapage de Wade en renonçant, au bout d’une dizaine de jours, de son poste de ministre de la Transformation alimentaires des produits agricoles (Tapa) dans le premier gouvernement de

Arrivent après Penda Mbow et Mamoussé Diagne, deux universitaires qui ont respectivement occupé les ministères de la Culture et de l'Enseignement supérieur qui ont pris fonction en mars 2001 pour être se voir remercier deux mois plus tard. Sans avoir pris possession de leurs bureaux encore moins des voitures et logements de fonctions. Aminata Diallo (Santé), Mamadou Makalou (Culture) et Diamé Signaté (Enseignement technique et formation professionnelle a sont également à ranger dans le lot des ministres éphémères. Tous trois n'ont pas fait quatre mois de fonction et ont été limogés. C'est le cas également de deux avocats, Mes El Hadji Diouf (Bassins de rétention, des Lacs artificiels et des Cours d'eau) et Abdoulaye Babou (Fonction publique, du Travail, de l'Emploi et des Organisations professionnelles) qui ont fait six mois de ministère avant de vider le plancher. Idem pour Awa Diop qui a occupé le poste de ministre délégué auprès du Premier ministre Macky Sall que pendant six mois.

À coté des ces éphémères, il y a les ministres qui ont fait du Dem Dikk (aller et retour) durant les 10 ans de Wade. Et le plus en vue en sans doute Abdou Fall qui a été viré à trois du gouvernement. Deux fois du ministère de la Santé et une fois à la Culture et à la Communication. Dans le lot des ministres qui ont eu deux entrées dans le gouvernement, on peut citer Mamadou Makalou (Culture, Tourisme et Loisirs puis Francophonie et Langue nationales), Issa Mbaye Samb (Santé et Sports), Aziz Sow (Nepad et Bonne gouvernance et Information et Tic), Aliou Sow (Jeunesse puis Décentralisation et Collectivités locales), Modou Diagne Fada (Jeunesse puis environnement, ensuite Santé aujourd’hui). Il y a également Aminata Lo qui revient au ministère des Relations avec les Institutions, après un passage dans le département du Tourisme et des Sénégalais de l’extérieur. Thierno Lo et Ndèye Khady Diop respectivement ministre du Tourisme et de la Famille et de la Petite enfance, avaient occupé du temps de Macky Sall comme chef de gouvernement les départements de l’Environnement et de la Case des tout petit et de la Petite enfance.

La nébuleuse des ministres conseillers qui entourent Wade

Avec Me Wade, le Palais présidentiel est le déversoir naturel de tous les ministres virés des gouvernements. Et l'on n'est pas loin de se demander, comme l'avait fait d'ailleurs Ousmane Tanor Dieng, Secrétaire général du Parti socialiste (Ps), combien sont-ils à avoir 2 millions de francs Cfa de salaire par mois ? Cela, sans compter les autres avantages tels que voitures, carburant, ligne téléphonique, villa et passeport diplomatique, chauffeurs, garde du corps, entre autres ?
En effet, sans prétendre à l'exhaustivité, nous pouvons citer les ministres qui, après être sortis par la petite porte gouvernementale, reviennent ensuite par la lucarne présidentielle en tant que ministre conseiller. On peut citer Aminata Diallo (Santé), Lamine Bâ (Assainissement), Joseph Ndong (Sports), Amadou Tidiane Wane dit Baba (Culture), Marie Lucienne Tissa Mbengue (Éducation), Mamadou Seck (Infrastructures). Il y a également Kansoubaly Ndiaye (Éducation) qui a continué un moment à cumuler ce poste avec celui de Pca de l'Apix ainsi que celui de Dg de la Lonase, Youssouph Sakho (Équipement et Transports), Abdou Malal Diop (Sénégalais de l'extérieur), Mamadou Makalou (Tourisme), Mamadou Sidibé (Plan et Développement durable).

Ont également bénéficié de cette largesse de Me Wade mais avec le grade de ministre d'État en prime: Landing Savané (Mine et Industrie), Serigne Mamoune Niass, Serigne Diop, Aminata Tall, Mame Birame Diouf, Awa Ndiaye, Innocence Ntap Ndiaye, Fatou Gaye Sarr. Sans compter d'autres ministres d'État qui étaient dans les différents cabinets de Me Wade : Idrissa Seck, Kader Sow, Souleyname Ndéné Ndiaye et Zaccharia Diaw, Habib SyHaHH (tous directeurs de cabinet), Abdoulaye Faye.
À coté, il y a aussi des personnalités qui ont eu le grade de ministre conseiller sans avoir au préalable siégé dans un gouvernement. Entre autres, Pape Samba Mboup, Bassirou Sarr de l’Aj/Pads, Ahmet Khalifa Niass (chargé de la nouvelle capitale), Ousmane Ngom, El Hadji Amadou Sall (Porte-parole), Mohamed Habib Mbaye, Habib Mbaye, Mamadou Abass Bâ, André Sonko, Sokhna Touré Fall, Me Abdoulaye Diallo, Babacar Gaye et tour dernièrement, Sitor Ndour, ex-directeur des structures de l'Apr, Mouhamadou Bamba Ndiaye.

REPARTITION GENRE DANS LES GOUVERNEMENTS DEPUIS 2OOO

38 femmes sur 120 ministres

Malgré les discours d’autoglorification des autorités sur les avancées réalisées dans la responsabilisation des femmes dans les instances de décision, la réalité montre qu'elles ont été faiblement représentées dans les différents gouvernements mis en place depuis 2000. Sur les 120 ministres utilisés, il n'y a que 38 femmes dont 4 ministres d'État seulement.

L’article 7 de la constitution stipule que les femmes et les hommes sont égaux en droit. Mieux, une loi instituant la parité intégrale sur les listes des assemblées électives ou partiellement électives a été votée en grande pompe en mai dernier. Sur le plan continental, les chefs d'Etat et de gouvernement avaient sorti une déclaration sur la bonne gouvernance démocratique, politique, économique et des entreprises des Etats membres de l’Union africaine, en juillet 2002 à Durban. Une disposition qui insiste sur le rôle-clé que doivent jouer les femmes, dans la réalisation de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la reconstruction économique sur le continent africain. Et il n'y a pas longtemps, en décembre 2006, était voté à l'unanimité à l’Assemblée nationale, une résolution en faveur de la parité. Et il était attendu à partir de ce moment, de la classe politique, de la Société civile, mais aussi des syndicats et dans une large mesure de tous les acteurs, la reconnaissance du rôle crucial de la femme et sa promotion. Décision accompagnée par la sortie du chef de l’Etat avait lui-même, appelé le 08 décembre 2006, les partis politiques à accorder plus de places aux femmes dans la confection de leurs listes pour les prochaines élections.

Sur 20 ministres d'État, 4 femmes seulement, soit 20%

Des éléments qui n'ont pas été les gages d'une bonne représentativité des femmes dans les différents gouvernements qui se sont succédé depuis 2000 à aujourd'hui. En effet, sur un total de 120 ministres utilisés, il n’y a que 38 femmes. Soit un pourcentage de 31% de femmes contre 69% d’hommes. Un écart énorme entre les deux sexes. Une situation identique dans les différents gouvernements mis en place. Celui de Moustapha Niasse qui a été le premier de l'alternance en 2000, ne comptait que 4 femmes sur 27 membres. Celui de Mame Madior Boye qui lui a succédé en mars 2001, totalisera 6 femmes, mais enregistrera la première nomination d'une femme à la tête de la Primature. Elle ne va pas faire long feu au poste. Et sera remplacée en novembre 2002 par Idrissa Seck, qui mettra en place un gouvernement de 31 membres, où ne siégeront que 8 femmes. Dans le second gouvernement qu’il va diriger en 2003, il ne réservera, sur les 34 sièges, que 7 aux femmes.

Et pour voir une femme siéger dans un gouvernement comme ministre d'Etat, il va falloir attendre 2004 avec la première nomination de Macky Sall comme Premier ministre. Il s'agissait de M. Aminata Tall qui est la première femme dans l'histoire politique du Sénégal à porter ce titre. Station qu'elle va perdre en mars 2006, suite au différend qui l'opposait avec le premier ministre d'alors Macky Sall, sur le contrôle du Programme national de développement local (Pndl). Elle sera consolée par le chef de l’Etat d'un poste de Ministre d'Etat à la présidence. Pour la seconde femme ministre d’Etat, il faudra attendre le décret N°2008-1302 en date du 13 novembre 2008 qui nomme M. Innocence Ntap Ndiaye. Poste qu’elle perdra en mai 2009 au profit de Mme Ndèye Khady Diop, seule femme ministre d’Etat dans le premier gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye. En effet, sur les 20 ministres d'Etat utilisés dans les différents gouvernements par Wade en 10 ans, il n'y a que 4 femmes. Ce qui ne représente que 20% des ministres d'État.

lundi 28 juin 2010

LECTURE D’UN REMANIEMENT : Wade tisse lentement mais sûrement sa toile... autour de la dépendance de l’argent


Le président Wade a procédé, comme du reste l’avait annoncé la presse- ce qui témoigne que malgré les sermons, les secrets ne sont pas bien gardés au Palais-, à un remaniement de son gouvernement. Les premiers constats font ressortir deux (2) limogeages, huit (8) nouvelles têtes et trois (3) retours ou has been. Ce qui porte le nombre de ministres à quarante et un (41), dont quatorze (14) ont la dignité de ministre d’Etat. Si on y ajoute le saucissonnage de certains départements, cela donne un gouvernement qui n’est ni politique, ni électoral et qui ne prend en compte aucunement les intérêts du Parti démocratique sénégalais (Pds), ni ceux de la majorité présidentielle. Les aspirations des populations en proie en toutes sortes de difficultés, n’en parlons même pas, parce que c’est le cadet des soucis de Wade

Ce gouvernement, sans en donner l’air, est fait pour ne servir que les intérêts de Wade fils dont les accusations de vouloir succéder à son père se précisent de jour en jour. Même si, il faut le reconnaitre, Karim Wade ne s’est jamais prononcé clairement sur ce sujet. En a-t-il vraiment besoin du moment que les actes parlent à sa place ? La stratégie de Me Abdoulaye Wade pour arriver à ses fins est se décline en trois (3) actes. C’est ce que nous allons tenter d’expliquer en prenant exemple sur nous.

Je nomme Bachir Fofana Ministre, ses parents ainsi que les gens de son village ou de son quartier, ses camarades de promotion et autres connaissances sont tous contents, parce qu’au-delà de la promotion sociale de Bachir, ce sont tous les autres qui entrevoient des portes de sortie de crise, parce que leur parent, leur connaissance, leur dëkandoo (voisin), etc. est devenu Ministre. Bachir va, entre temps, faire nommer certains de ses proches comme directeurs, conseillers, trouver du travail pour d’autres, etc. Personne, parmi ces gens, ne souhaitera que Bachir tombe et par conséquent, que le Président tombe. Et pour que cela n’arrive pas, il fat voter Wade. Premier acte !

Je dégomme Bachir, pour faire la promotion d’un autre - avec le même raisonnement expliqué plus haut -, ses parents et autres proches sont mécontents, je le nomme tout de suite après Ministre à la Présidence et le malaise est jugulé. Au même moment, je fais revenir un autre que j’avais dégommé auparavant du gouvernement, pour faire comprendre aux partisans de Bachir que c’est possible que votre poulain revienne, mais à condition que je reste toujours au pouvoir et que je sois maître du jeu, c’est-à-dire la seule constante. Autrement, je mets les militants, les futurs militants et les possibles transhumants en compétition politique autour du gâteau (des prébendes). Deuxième acte.

Je fais revenir Bachir, je promeus un de ses poulains, je nomme d’autres dans l’attelage gouvernemental et j’élargis en même temps mes potentiels électeurs. Au même moment, au niveau des étages inférieurs, j’agis de la même manière en nommant et en dégommant des Ministres, en nommant aux emplois civils et militaires, en distribuant de l’argent de gauche à droite, comme il l’a fait avec l’association des Imans qui était allé le voir, etc. Troisième acte.

Pendant ce temps, je crée des situations de tension politique, pour détourner les sénégalais et les leaders d’opinion de l’essentiel. En d’autres termes, je génère une diversion qui polarise l’attention de tout le monde, y compris des médias. C’est le cas des guéguerres entre les structures économiques. On peut citer le cas de la puce 3G+ entre Sudatel et Sonatel dans le secteur des télécommunications, des élections consulaires de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar –Cciad-, polémique sur le dégrossissement ou non des Fonctionnaires) pour se placer après en arbitre et faire semblant de résoudre le problème. C’est le moment ici de s’interroger sur la joie des syndicalistes de Sonatel après leur audience à la présidence avec le Conseiller en Ntic du président Wade, pour crier victoire, alors que leur concurrent a déjà pris une longueur d’avance sur eux à propos de la 3G+.

Et dans ce brouhaha, je positionne mon fils de tel sorte que toute doléance posée par les populations qui passe par lui soit satisfaite. C’est une façon déguisée de lui donner un poids incommensurable et une stature politique qu’il n’arrive pas à gagner par le biais des urnes car étant désavoué par les populations de sa propre commune lors des dernières élections locales. Sans compter ses ouailles qui ont tous été humiliés dans leurs communes ou communautés rurales. Exemple de doléance à satisfaire : la communauté Layène qui a reçu la visite du Directeur de cabinet du ministre d’Etat Karim Wade pour s’enquérir de leurs doléances, alors que, comble de dédoublement et de paradoxe, il y a une quinzaine de jours, cette même communauté faisait face à Bécaye Diop, ministre d’Etat ministre de l’Intérieur et ministre des Cultes pour justement soumettre ces mêmes doléances à un règlement diligent de l’Etat. Qui, il faut le rappeler, fait la même chose à l’endroit de toutes les communautés religieuses.

En définitive, Wade crée un désordre dans tous les segments de la société et de la vie nationale pour apparaître comme la « seule constante » à laquelle il faut régulièrement se référer ou recourir pour obtenir gain de cause. C’est la raison pour laquelle tous les ministres, encore moins le Premier ministre n’ont aucune influence sur les départements dont ils ont la charge. La preuve par la dernière grève des travailleurs de Dakar Dem Dikk qui ont obtenu gain de cause, non pas devant leur ministre de tutelle (aujourd’hui défénestré), mais lors d’une audience au cours de laquelle Me Wade a déclaré ne pas être au courant de leur mouvement d’humeur.

Tous ses semblants de largesse sont accompagnés par de dons (véhicules, voyages, maison, etc.) qui font que la plupart des sénégalais mus par l’appât du gain facile rêve d’être reçu un jour par le Président, ou tout simplement que leurs parents les mieux placés soient promus à des postes de responsabilité.

En somme, Wade affaisse les valeurs pour mieux maintenir son joug sur le peuple sénégalais. Et c’est sur cette base qu’il veut se faire succéder par son fils. C’est ainsi que toute la stratégie est centrée autour des prébendes qu’il fait miroiter aux uns et aux autres, en leur faisant comprendre en filigrane que « ceci ne pourra continuer que si vous m’aidez à remporter les prochaines élections ». Wade connaît parfaitement le faible du sénégalais : l’argent, une belle voiture, une maison, les voyages à l’étranger. Qui mieux que l’Etat - malheureusement - peut donner cela ? Aujourd’hui, la distribution des richesses se fait non plus sur la base du mérite, sur l’appartenance au clan Wade.

Je peux me tromper dans mon analyse, mais si on n’y prend garde, il risque fort de réussir son pari.


(Contribution parue dans Sud quotidien du 28 juin 2010)

mercredi 23 juin 2010

LE GOUVERNEMENT ET LE SENS DES PRIORITÉSET DES URGENCES: Quand divertir est plus important que les besoins sociaux de base des populations


Au moment où la Senelec est en mesure de trouver 21 milliards de francs Cfa pour sécuriser son approvisionnement en combustibles dans le dessein de permettre aux férus du ballon rond de suivre convenablement la coupe du monde de football, d’autres secteurs aussi important que le cadre de vie des populations, la santé et l’agriculture attendent. Ce qui pousse certains à ses demander si le gouvernement a le sens des priorités et des urgences.

L’Etat, plus particulièrement la Senelec, de peur de déchaîner la colère des passionnés du ballon rond, s’est débrouillé pour que la coupe du monde puisse être suivie sans délestages en mettant sur la table 21 milliards de francs Cfa. Au même moment, de la bouche du Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, l’on apprend que 50 milliards de francs Cfa sont à chercher pour les inondations (9 milliards), l’Agriculture (12,964 milliards), l’élevage (8,4 milliards) et 21 milliards de francs Cfa pour la finalisation de la construction des hôpitaux, des postes et des centres de Santé sur toute l’étendue territoire national. Ce qui dénote que l’Etat préfère de loin divertir les populations plutôt que leur assurer un bien être à travers des conditions de vie adéquates.

Babacar Mbaye Ngaraf, coordonnateur de Synergie des acteurs pour l’assainissement de la banlieue (Saaba), dans cette démarche de l’Etat, y voit plu qu’un manque d’attention des autorités quant à la prise en charge des problèmes des populations des banlieues. «Ce n’est pas un manque de respect, c’est une injure aux populations de la banlieue. Certains actes ne font que mettre les gouvernants en mal avec les populations», peste M. Mbaye qui ajoute : «On aime tous le football, mais à quoi ça sert de voir les matches quand on a les pieds dans l’eau et qu’on ne mange pas ? ». Pour lui, « Wade doit sanctionner le directeur général de la Senelec qui devrait se cacher de honte au lieu de se pavaner en conférence de presse comme si ce qu’il a fait était une prouesse».

Youssou Touré, Secrétaire général de la Coordination des forces sociales (Cfs) souligne que «le gouvernement n’a pas le sens des priorités et des urgences ». Précisant que «les matches de football, c’est une affaire de petits bourgeois», M. Touré donne sa préférence : «Nous préférons ne pas vivre dans les eaux et manger à notre faim plutôt que regarder une coupe du monde pour laquelle notre équipe nationale n’est pas qualifiée». Avant d’indiquer que «le petit peuple ne se retrouve pas dans ces milliards qui donnent le vertige».

L’Imam Youssoupha Sarr du Collectif des imams de la banlieue, même s’il se réjoui qu’une certaine frange de la population trouve son compte dans les 21 milliards investis pour la coupe du Monde, parle de « pilotage à vue guidée que par des intérêts bassement politiciennes ». Rappelant que « la vie ne s’arrête pas au Mondiale », Imam Sarr prévient : « Il sera très difficile, après la coupe du monde de faire accepter au Sénégalais les délestages. Parce que si on est capable de trouver 21 milliards pour la coupe du monde, on doit être en mesure de fournir l’électricité au Sénégalais tous les jours ».

Pour l’économiste Moubarack Lô, «le modèle populiste tend à prendre le dessus sur les autres modèle » de définition des priorités. «Le gouvernement tend à fonctionner dans l’immédiat et cela donne l’impression qu’on tâtonne », a-t-il ajouté. Non sans prévenir des conséquences de ce populisme : «Cela dérègle constamment les programmes, dérègle les arbitrages budgétaires, brouille la visibilité des gestionnaires de programmes, des partenaires au développement et des investisseurs ». En un mot, renchérit l’économiste, « c’est la crédibilité qui est très difficile à obtenir qui en prend un sacré coup ».

IMPORTATION DE L'HUILE DE PALME AU SÉNÉGAL: Le Comité consultatif de la concurrence de l’Uemoa lève la suspension


Le Comité consultatif de la concurrence de l’Uemoa, réuni récemment à Bamako, a émis un avis favorable pour la levée de la suspension frappant la commercialisation de l’huile de palme raffinée ivoirienne au Sénégal.

L’huile de palme importée de la Côte d’ivoire est à nouveau autorisée à être commercialisée au Sénégal à la suite d’une décision du Comité consultatif de la concurrence de l’Uemoa. En effet, saisies d’une plainte par la société Wafcom, les instances compétentes de l’Uemoa ont pris une décision 07, datée du 4 juin 2010, contre le Sénégal qui, il y a 6 mois, avait imposé une norme dite sanitaire valable pour toutes les huiles commercialisées sur son territoire. Il fallait que le produit en question contienne moins de 30% d’acides gras saturés. L’huile de palme ivoirienne, jusque là fortement commercialisée au Sénégal par la société à capitaux privés sénégalais Wafcom, entrait ainsi dans le champ d’application de la mesure de suspension de commercialisation.
La décision de l’Uemoa a été donc signée le vendredi 04 juin dernier et la procédure veut que la notification soit officiellement faite en direction des autorités sénégalaises. Ce qui a été fait avant-hier car le ministre du Commerce, Amadou Niang, a reçu la correspondance de l’Uemoa.
Il faut dire, toujours à ce sujet, que le Président de la commission de l’Uemoa a déjà pris la décision qui oblige le Sénégal à retirer la fameuse norme dite sanitaire qui, selon les observateurs, notamment les commerçants de l’Unacois, est plutôt une norme de protection visant essentiellement à mettre sur orbite la Sénégalaise Suneor, propriété du Groupe Advens et grande productrice d’huile d’arachide.
Joint au téléphone, El Hadj Alioune Diouf, directeur du Commerce intérieur, confirme la décision prise par l’organe de surveillance de la concurrence dans l’espace communautaire. Et de faire savoir : «Le Sénégal va obéir aux Instances de l’Uemoa». Mais il a toutefois précisé que «le fond du problème, c’est que l’Uemoa reproche au Sénégal la procédure d’élaboration de normes». En effet, selon les textes communautaires, l’élaboration d’une norme doit être le fruit d’une discussion entre les pays de l’Uemoa et devra dans ce cas être une règle applicable aux huit (8) pays ayant en commun le Franc Cfa. Et pour celle-ci relative aux acides gras saturés, elle obéit, à en croire M. Diouf, plus à des préoccupations de santé publique de que protection de Suneor. «C’est à la suite d’une note technique du ministre de la Santé que le ministère de l’Industrie a pris cette norme. Le Sénégal a invoqué le
problème de précaution pour son élaboration», a expliqué le directeur du Commerce intérieur qui rappelle que la norme sur l’iodation du sel est dans les circuits de l’Uemoa depuis 2005.


(Article paru dans le quotidien "Le Populaire" du 23 juin 2010)