jeudi 28 juillet 2011

LETTRE OUVERTE AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL: Etudier «l’esprit» de la loi quand la «lettre» tue


Il n’est pas trop tard pour le Conseil Constitutionnel de sortir de sa «léthargie». Il est vrai que dans le passé, la juridiction constitutionnelle dont la jurisprudence devrait constituée une véritable «charte des libertés et droits fondamentaux», a eu des positions discutées et discutables sur lesquelles pèse la suspicion d’un certain «diktat de l’exécutif». Mais espérons, pour parler comme l’éminent philosophe Gaston Berger, que «demain ne sera pas comme hier» ; qu’il sera nouveau afin que la paix règne comme ça a toujours été le cas dans notre cher pays.
Dès lors, il serait de notre devoir, en tant que citoyen d’abord, et en tant que juriste ensuite, de porter un regard d’initié à la problématique de la «légalité de la candidature de Me Abdoulaye Wade» qui défraie la chronique ces derniers temps. Force est de remarquer, en effet, pour dire les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait qu’elles soient comme l’ont fait par ailleurs les constitutionnalistes les plus «autorisés» de notre pays, que la candidature de Me Abdoulaye Wade serait anticonstitutionnelle et en porte-à-faux avec la légalité.
Il est peut-être inutile de rappeler à un juriste que la loi ne dispose que pour l’avenir mais il ne serait certainement pas superflu de signaler qu’il est même un principe général de droit de «recourir à l’esprit de la loi quand la lettre tue». Le juge est, certes, lié par les textes auxquels il cherche à se raccrocher, mais il n’est pas seulement la «bouche de la loi» car le droit, pour parler comme Montesquieu, est «la plus puissante des écoles de l’imagination» et que «…jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité». Et il faut avouer sans ambages que dans le contexte qui nous intéresse, il n’est pas nécessaire d’avoir une très grande imagination pour s’apercevoir que l’esprit de l’article 27 de la constitution plaide pour une irrecevabilité de la candidature de Me Wade si jamais il décide de se présenter, chose qu’il a déjà faite d’ailleurs le 14 Juillet dernier lors de son soi-disant discours avec son «peuple» à lui.


«On lie les bœufs par les cornes et les hommes par les paroles»

L’interprétation de cet article ne doit en principe poser de problèmes et ce, d’autant plus que celui qui était à l’initiative de cette disposition avait avoué en Mars 2007, sans y être contraint et en toute connaissance de cause, que la constitution actuelle ne lui permettait pas de briguer un autre mandat. Il est vrai qu’on peut toujours se dédire, même s’il est irresponsable pour un chef de l’Etat de le faire et de le reconnaître publiquement car, comme le disait le grand juriste Loysel, «on lie les bœufs par les cornes et les hommes par les paroles». Mais on peut quand même le lui pardonner parce qu’ayant atteint un âge ou selon certains oulémas, Dieu lui-même est indulgent à son égard. Au demeurant, ce dédit du président doit-il lié le juge ? Je pense que «non» s’il est effectivement là pour la «vérité».

La science du législateur

La science du législateur consiste à trouver dans chaque matière les principes les plus favorables au bien commun ; la science du magistrat est de mettre ces principes en action, de les ramifier, de les étendre par une application sage et raisonnée, d’étudier l’esprit de la loi quand la lettre tue et de ne pas s’exposer au risque d’être esclave. Qui a dit que la justice n’est pas juste ? Si, elle est bel et bien juste mais à la seule condition que ceux qui en sont chargés le soient. C’est dire ainsi qu’un grand arrêt ou «une grande décision de justice», pour parler pour les non juristes, c’est tout à la fois un nom, une date, une anecdote, une solution objective, une postérité… C’est dans son objectivité que tout spectateur du droit se trouve appelé à vivre ; magistrats, professeurs et juristes de manière générale appartiennent à cet égard au même monde d’initiés. Le dialogue est donc entretenu, honorables magistrats, entre gens de métier et l’on sait, pour avoir lu Molière, que le maître de danse et le maître de musique, s’ils n’oublient pas leur concurrence, s’unissent contre le maître d’escrime.
Sous le bénéfice de ces observations, il me plairait de rappeler à notre cher Conseil Constitutionnel cet apophtegme du doyen Vedel : «Une loi s’avale, un arrêt se savoure». Osons espérer, dès lors, que la juridiction constitutionnelle saura faire fi «à la pression de l’exécutif» afin que son arrêt soit savouré et puisse se savourer éternellement...


Moustapha TAMBEDOU
Juriste
tambedoumoustapha@hotmail.fr

mercredi 27 juillet 2011

Le Sénégal, un pays géré aujourd’hui par le mensonge, dans le mensonge et pour le mensonge par le régime libéral

« Les promesses non tenues sont autant de mensonges » [J. Gagnon] Extrait de "Les Murs de brique"


Il y a juste un an, jour pour jour, que j’avais publié ce texte, le 16 juillet 2010. La déclaration du 14 juillet 2011 de Me Wade le confirme à tous égards. En réalité c’est du «maa waxoon waxeet» avant l’heure. Le 14 juillet ne constitue que l’aveu.


Il est parfaitement dit et reconnu que Dieu déteste le mensonge et ceux qui en font usage aussi. Il en est de même aussi, que toutes les religions révélées répriment et condamnent les auteurs de mensonge ainsi que, tout ce qui s’obtient par lui. Enfin, tous les honnêtes gens de par le monde, ont horreur du mensonge. Mais hélas ! Notre pays lui, de par ses dirigeants actuels, semble s’installer dans le mensonge permanent, depuis l’alternance et ceci, comme mode de gestion. Le pouvoir en place en use sans état d’âme, comme une arme pour se délester des charges et obligations qui lui incombent.
Le malheur de l’alternance et par extrapolation de notre pays, c’est qu’elle a produit plus de faussaires, de corrupteurs, de pilleurs de ressources, etc…, que de gestionnaires crédibles, compétents et de probité morale incontestable, au service de la nation. Un pays qui se trouve entre les mains de gens qui ne savent que voler, organiser des scandales de tout genre, les uns plus graves que les autres, sans avoir nullement honte d’eux-mêmes ou de quoi que ce soit, ne saurait aller de l’avant, dans le sens du progrès dans aucun domaine. Et cette manie, de procéder par le mensonge éhonté, au maquillage systématique de la réalité des faits, peut certes retarder l’échéance de la manifestation de la vérité, mais ne les sauvera pas de la sanction populaire inéluctable, qu’ils méritent bien des Sénégalais.
Les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, meurtris et déçus, qui ont subi et même continuent de subir injustement, les affres du régime libéral de Me Wade, à qui, ils ont tout donné, et ont fait confiance comme il n’en a jamais été pour un homme politique sénégalais, ne reçoivent aujourd’hui en retour de lui, qu’humiliations et provocations. Cette ingratitude à l’endroit de tous ceux-là, qui lui ont apporté leur soutien sans réserve, malgré tous les griefs fondés et largement justifiés, qui étaient portés sur lui, ne pourrait passer à pertes et profits.
Me Wade, est cet homme dont les paroles prononcées, n’ont rien à voir avec la réalité du sujet concerné. Il est toujours dans ses discours, en déphasage avec l’objet en cause. C’est un homme confus qui peine à tenir un raisonnement logique et cohérent dans ses nombreuses déclarations brouillonnes, qu’il distille à travers le monde. D’ailleurs, ses partisans en sont si conscients voire convaincus, qu’ils tentent toujours vainement, à vouloir expliciter ses propos, dans le but de faire comprendre à son auditoire ou ses lecteurs, ce qu’il voulait dire réellement.
Mais toujours malheur à eux, car aussitôt ou bien le lendemain, il prend leur contrepied pour déclarer tout à fait, tout le contraire. La dernière en date est la volte-face à propos du poste de vice-premier ministre. Nous avons tous entendu, comment Bamba Ndiaye, son ministre porte-parole, s’est épanché comme à son habitude à travers les ondes de la RFM, le dimanche 11/07/2010, pour justifier l’opportunité et la nécessité de la création du poste, en évoquant un surcroît de travail et une surcharge de tâches à exécuter pour le Premier ministre. Alors, c’est le même jour que Me Wade a pris le décret de retirer du circuit, sans aucune explication, le projet de loi qui avait été déjà examiné et adopté par l’Assemblée nationale, et devrait l’être par le congrès le 13/07/2010. Ce genre de faits ou procédures, est récurrent chez Me Wade. C’est même une de ses méthodes finalement. Mais Bamba Ndiaye, est certainement cet homme, qui ne sait pas ce que veut dire la honte, malgré son fameux titre « d’islamologue », parce que, si la honte tuait, il ne devrait plus être en vie, car Me Wade l’humilie toujours.
Il ne me semble pas aujourd’hui, qu’il existerait dans notre pays, un seul Sénégalais ou même Etranger, honnête et de bonne foi, qui serait surpris par les dénégations ou les promesses non tenues de Me Wade. Par exemple, quand Me Wade nous déclare avec une vanité sans feinte : « je ne vous ai pas fait de promesses que je n’ai pas tenues depuis que je suis à la tête de ce pays. » n’est-ce pas gros ? Alors que, même nos enfants, âgés de 15 ans aujourd’hui, savent que ces allégations-là sont totalement fausses, à plus forte raison encore que d’autres, qui vivent au Sénégal depuis l’avènement de l’alternance. C’est en cela que Me Wade constitue un danger imminent pour l’avenir de notre pays, car finalement, les autres pourraient avoir tendance à identifier les Sénégalais à travers sa personne, ce qui serait naturellement, une erreur grave, malgré qu’il soit à la tête du pays en ce moment.
Notre pays, par ses dirigeants actuels, présente un visage peu honorable et qui fait de lui, un Etat de non droit où, les vices remplacent tout à fait les vertus.
Ainsi, nos dirigeants emploient malheureusement, tout ce qui est antivaleur à leur portée, rien que pour se maintenir au pouvoir à tout prix et le plus longtemps possible. Quand le mensonge ne leur suffit pas pour atteindre le but visé, ils usent alors de la corruption sous toutes ses formes, selon la nature du terrain et de l’élément en question. Dans les cas de résistances rencontrées, comme par exemple, ceux de Latif Coulibaly et Bara Tall, deux concitoyens, patriotes et exemplaires chacun dans son domaine, ils procèdent par la provocation, l’intimidation ou l’action judiciaire, pour parvenir à leurs tristes fins. Dans un tel régime, la vérité, la probité, le courage, la foi en Dieu seul, l’honnêteté, le patriotisme et tant d’autres valeurs, sont aux yeux des tenants du pouvoir, comme un affront ou lèse majesté. Ces parvenus accidentels, au pouvoir, ne tolèrent pas, qu’un citoyen puisse les résister, avec toute leur puissance de contrainte et de corruption dans tous les domaines dont ils disposent. À ne pas en douter, leur dessein caché, c’est de transformer notre peuple en un troupeau de moutons avec un seul berger, Me Wade, ou, des sujets du roi Wade, et non, de citoyens à part entière, libres dans la République du Sénégal, qui doit demeurer un Etat de droit, par la volonté de son peuple. C’est ce combat-là, que les citoyens patriotes et tous les démocrates, doivent mener avec détermination, pour que la République du Sénégal soit définitivement consacrée.
Le Sénégal sous Abdoulaye, est devenu ce pays où les voleurs, les criminels de tout ordre, les malfaiteurs et tous ces gens de morale douteuse, sont en liberté, et bénéficient d’une impunité presque totale. C’est dans ce pays-là, qu’un citoyen comme A. Latif Coulibaly, qui s’investit entièrement par patriotisme pour débusquer et traquer ceux qui pillent nos biens publics ou en usent sans droit, est traduit en justice sous le prétexte fallacieux de recel de documents administratifs, ou publication de fausses nouvelles. Ainsi, au lieu de recevoir les félicitations du gouvernement, pour avoir fait le travail d’investigation qui était le leur, non, on lui (le journaliste) reproche d’aller à la bonne source pour trouver l’information bétonnée et, de la porter à la connaissance du public. Au même moment, les auteurs du pillage de nos deniers publics se pavanent en toute liberté et même nous narguent parfois. Bara Tall est aussi dans le même cas. Pour avoir refusé de rentrer dans leurs combines et prédations, en surfacturant les marchés publics, pour voler son peuple, le pouvoir déclenche toute une batterie d’incriminations et de prétextes, pour l’inculper à tous les coûts. La route de Fatick-Kaolack, qui en était un cas, est en voie de s’écrouler comme un château de cartes.
Il est aujourd’hui indéniable, que c’est un véritable désastre, voire un calvaire, que de vivre sous un tel régime, et sous la direction d’un homme comme Abdoulaye Wade.
Pour vous édifier, faisons le rappel de quelques déclarations propres à Me Wade, attestant que l’homme ne s’entoure même pas de précautions élémentaires et préalables, avant de faire certaines promesses. Mais puisqu’il ne compte pas les tenir, alors, il se laisse aller sans retenue, et en fait à la pelle.
• Dans l’euphorie de la victoire du 19 mars 2000, il promettait du travail à tous les jeunes qui n’en avaient pas. Au résultat, il a récompensé les calots bleus et quelques transhumants, ce qui a poussé certains jeunes à emprunter les pirogues de la mort pour une émigration clandestine.
• Face aux inondations récurrentes, il promet en 2005 de régler définitivement ce problème, d’abord, en décidant de jumeler les élections législatives de 2006 et la présidentielle de 2007, dans le but de créer son fameux plan Jaxaay, en définitive, il reporte les législatives pour soi-disant, financer Jaxaay, mais nous sommes en 2010 et les inondations demeurent encore plus que jamais, avec les populations qui vivent dans ces eaux nauséabondes depuis lors. Et Jaxaay semble avoir du plomb dans les ailes, pour s’envoler.
• Ses propos sur le poste de vice-premier ministre réclamé à l’époque par Djibo Ka, lors de leurs négociations entre les deux tours, bourdonnent encore dans nos oreilles. Il disait ceci : « ….c’est un poste conflictuel que je ne peux pas créer….. » « ….il promettait aussi de former un gouvernement restreint de 20 à 21 membres au plus… ». Alors, nous sommes aujourd’hui témoins et constatons tous, qu’il est passé complètement de travers avec son gouvernement pléthorique d’une cinquantaine de ministres.
• À propos d’énergie, là aussi, il nous a livré plusieurs discours qui se pourchassaient et avaient tous sonné faux en fin de course. Il nous propose dans un premier temps de retourner tout bonnement à l’ère de la bougie pour quelque temps, ce qui selon lui, ne nous fera pas de mal. N’est-ce pas un Président anti- progrès ? Puis, il nous annonce pour 2006, la fin définitive du calvaire des délestages. Certains qui connaissent bien l’homme, avaient dit, attendez de voir avant d’y croire. Effectivement, ils avaient parfaitement raison, car ce ne fut que du vent. Comme il aime tant les médiats, il a profité de l’occasion de l’inauguration de la centrale électrique de Kahone en 2008, pour annoncer avec fanfaronnade à travers les ondes et les télévisions, l’arrivée d’autres centrales électriques et la fin des délestages au plus tard en 2009. Nous étions en 2008, et il déclarait péremptoirement ceci : « …toutes les centrales électriques que j’ai annoncées verront le jour avant la fin de mon mandat en 2012 » et il ajouta : « avant 2010, non seulement, nous n’aurons plus de déficit, mais nous aurons même un excédent d’énergie que nous pourrons vendre aux autres…. » Nous voici en 2010, le problème de l’électricité et de l’énergie en général, s’est empiré davantage. Et aucune perspective encourageante pour une sortie des ténèbres, dans lesquelles Me Wade et Samuel Sarr nous ont plongés –comme dit-il à propos de sa statue- ne pointe à l’horizon dans les meilleurs délais.
• Ce n’est pas tout ! Encore et toujours à l’Etranger, Me Wade déclare à Paris : « je vais offrir de l’énergie solaire et gratuite pour tout le continent» Et, il a fait rire sous cap en disant : « J’ai le montage financier mais que je ne révèle pas pour l’instant » Ceci, quand on sait que dans son propre pays, aucune expérience concluante de grande envergure dans le domaine de l’énergie solaire, n’a été notée. Et, qu’au même moment, son pays est plongé dans les ténèbres depuis plus de 10 ans, parce que justement, confronté à un déficit chronique de production d’énergie électrique. Il est sûr et voire certain, que dans son auditoire, en dehors de quelques chefs d’Etat africains naïfs, personne n’a accordé du crédit à un seul mot, d’une telle déclaration.
C’est le lieu, de remercier les radios et la presse privée libre de notre pays, sans qui, nous n’aurions pas eu droit au rappel de certains faits et éléments sonores, dont les auteurs ne souhaiteraient pas en entendre parler aujourd’hui. Une mention particulière à Ndèye Marième Ndiaye de Sud-Fm grâce à qui, nous avons pu réécouter les passages historiques, cités plus haut. Ces quelques exemples, parmi tant d’autres de Me Wade, suffisent pour montrer quelques-unes des facettes, les plus incommodantes de notre Président.
Les Sénégalais ont constaté avec une certaine amertume, que pour nos autorités, la Coupe du Monde vaut plus que la vie des populations sénégalaises toutes tendances confondues, car dès la fin de la compétition du Mondial, elles ont été, le soir même, replongées dans les délestages, ce qui veut dire, que les 21 milliards injectés à la Senelec, par le contribuable sénégalais, étaient strictement destinés aux amateurs et téléspectateurs de la Coupe du Monde, Afsud 2010. La preuve ! Depuis lors, tout le pays s’est retrouvé dans la pénurie d’électricité.
Toutes les manifestations de ces derniers jours, à propos des coupures d’électricité, des inondations, des revendications légitimes des travailleurs de tous les secteurs d’activité, le meurtre du jeune pêcheur de Soumbédioune, tué froidement, et tant d’autres revendications sociales largement justifiées, n’ont fait aucun effet chez Me Wade, qui reste toujours de marbre, avec son gouvernement. Mieux, il continue de plus bel, à s’occuper de sa réélection ou de sa succession dynastique pure et simple, par des combines loufoques.
Pour toutes ces raisons plus que valables, il nous appartient à nous tous, en tant que citoyens conscients de nos responsabilités, d’opter pour l’un des deux seuls camps, qui existent en ce moment dans notre pays. Celui du peuple qui comprend toutes les victimes de l’alternance dévoyée et l’autre, comprenant ceux qui soutiennent sous toutes les formes, le régime en place dans le mensonge, la corruption, le pillage systématique de nos ressources, la dégradation de nos valeurs et mœurs, la gestion gabégique et j’en passe. Cette situation grave de notre pays appelle de la part de tous ceux qui en sont conscients, que nous cessions d’être indifférents aux affaires publiques de notre pays, et que nous combattions sous toutes ses formes, l’individualisme et l’égoïsme petit-bourgeois, qui sont un frein évident, à un large rassemblement des forces vives et les pires ennemis de l’unité d’action à l’échelle nationale.
En tout état de cause, nous devons combattre Me Wade et son régime, avec toutes les armes à notre disposition, car l’homme ne nous fera pas de cadeau, et croyez-moi, il est prêt à exterminer tous les Sénégalais, au profit de la seule famille, Wade.


Mandiaye Gaye
Gaye_mandiaye@hotmail.com

mardi 26 juillet 2011

Mobilisation du Pds à la Vdn : Les vrais chiffres

Les partisans du Président Wade ont déclaré qu’ils ont réussi à mobiliser, le samedi 23 juillet 2011, deux à trois millions de personnes déterminées à lui magnifier leur soutien indéfectible. ‘Ceci défie toute logique’, estime l’ingénieur statisticien -économiste Moubarack Lô qui explique que ‘la manifestation de la Vdn s’est tenue sur une longueur de 700 à 1 200 mètres, pour une largeur de 50 mètres environ ; soit une surface maximale de 35 000 à 60 000 mètres carrés’. En prenant comme hypothèse cette dernière donnée, Moubarack Lô signale qu’il faudrait ‘placer 33 personnes par mettre carré pour obtenir 2 millions de personnes sur le lieu de la manifestation, et 50 personnes par mètre carré pour obtenir 3 millions de personnes. Ce qui est bien évidemment impossible’.
En vérité, analyse l’ingénieur statisticien, dans des manifestations de ce type, ‘le nombre moyen de personnes par mètre carré ne peut dépasser le chiffre de 4. Dans le meilleur des cas, le total des participants se plafonne donc à 240 000 personnes si la manifestation s’est tenue sur 1 200 mètres (jusqu’au pont de l’ancienne piste) et à 140 000 personnes si elle s’est tenue sur 700 mètres (jusqu'au siège du Pds)’. Moubarack Lô, candidat à la présidentielle de 2012 de conclure : ‘En tenant compte de la réduction habituelle des effectifs au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la tribune officielle (50 % de perte de densité en moyenne), on peut estimer le vrai chiffre de manifestants dans une fourchette de 70 000 à 120 000 personnes’.Des explications de ce genre ont été données dans la journée d’hier par beaucoup de spécialistes en estimation de foule.
G. Nesta DIOP
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Arrêtons ce débat absurde : Pour transporter 2 500 000 personnes, il faut 83 334 cars «Ndiaga Ndiaye»


Arrêtons ce débat absurde : Pour transporter 2 500 000 personnes, il faut 83 334 cars «Ndiaga Ndiaye», un parking de 500 kilomètres, une foule massée sur 83 kilomètres

Petit problème d’arithmétique.
Un parti politique organise un meeting et dispose de 2 500 000 militants à transporter sur le lieu de la manifestation. Le moyen de transport utilisé est le car dit «Ndiaga Ndiaye». Un «Ndiaga Ndiaye» contient un maximum de 30 voyageurs* :
-Combien de ces cars faut-il au parti politique pour emmener ses militants sur le lieu du meeting ?
Chaque Ndiaga Ndiaye mesurant six mètres de long :
- Sur quelle longueur de parking seront garés les cars en attendant la fin du meeting ?
Le meeting devant se tenir sur une route large de 15 mètres, le parti ayant prévu d’occuper le lieu à raison de 2 personnes par mètre carré :
-Quelle longueur de la route devra-t-il prévoir d’occuper pour tenir son meeting.
Ce problème est du niveau du Certificat de fin d’études primaires (nous parlons sous le contrôle du ministre de l’Education nationale Kalidou Diallo). Nous proposons aux candidats à l’élection présidentielle de 2012 d’essayer de le résoudre avant de consulter la solution qui sera publiée en page une de notre édition de demain. Et si l’un quelconque d’entre eux n’y arrivait pas, il devra lui-même se rendre à l’évidence qu’il est inapte à diriger un pays. N’est-ce pas un honorable député libéral qui proposait que l’on exigeât de chaque candidat à l’élection présidentielle le niveau de la licence ? Nous, on est moins exigeant que lui.
Si après avoir affronté ce problème, n’importe quel Sénégalais continuait d’affirmer qu’au meeting du Pds et de ses alliés, samedi, il y avait 2 500 000 personnes, le Conseil constitutionnel devra constater son incapacité à briguer le suffrage des Sénégalais, même pour devenir chef de quartier.
Car - arrêtons la plaisanterie - voici la solution au problème posé :
-Pour transporter les participants au meeting par «Ndiaga Ndiaye», il faut : 2 500 000 divisé par 30. Résultat : 83 333, 3333333.
J’arrondis à la baisse à 83 333 «Ndiaga Ndiaye»
-On aura besoin d’une longueur de parking de : 6 mètres multiplié par 83 333. Résultat : 449 998 mètres (c’est-à-dire 449 kilomètres, 998 mètres, autant dire 500 kilomètres) de «Ndiaga Ndiaye» en file indienne. Sur plus que la distance Dakar/Tambacounda.
-La surface de route en mètres carrés nécessaire pour contenir la foule est de 2 500 000 divisé par 2. Résultat : 1 250 000 mètres carrés.
-La longueur de route pouvant contenir les participants au meeting est de 1 250 000 mètres carrés divisés par 15 mètres. Résultat : 83 333, 3333333 mètres.
Pour donc mettre 2 500 000 personnes sur une route large de 15 mètres (exactement la largeur du goudron sur l’ancienne piste où se tenait le meeting du Pds) à raisons de 2 personnes par mètre carré, il faudrait que la route soit longue de plus de 83 kilomètres (Dakar Tivaouane).
Vérification faite sur Googlehearth (tout le monde peut aller vérifier sur Internet, la route de l’ancienne piste qui passe devant chez Béthio Thioune où se déroulait le meeting de Wade est longue, de bout en bout, de 970 mètres. Alors, où mettre même 250 000 personnes, le dixième du chiffre avancé de 2 500 000 personnes ?
Il paraît que c’est la police qui a fourni ce chiffre (Rfm, hier, midi). Nous renvoyons la police au problème arithmétique posé en introduction de ce papier, et invitons son responsable, Ousmane Ngom, à revoir le niveau de ses troupes. A moins que ce soit Maître Ngom, lui-même, qui ait fourni d’autorité à ses services ces chiffres affreusement mensongers (nous venons de le prouver arithmétiquement) qui confirment qu’on est gouverné par le faux et l’usage sans mesure du faux.
Pour finir avec cette affaire ! Au Populaire, nous n’avons jamais pensé que c’était une histoire de foules mobilisées ou à mobiliser. Samedi, nous avions titré en une de notre journal que c’était le face-à-face du rassemblement de l’argent et de celui du cœur.
Mais puisque les chiffres semblent si importants qu’ils font l’objet de débats si passionnés, parlons-en un peu. Les 910 mètres sur 15 qui ont abrité le meeting du Pds ne peuvent contenir plus de 60 000 personnes, à raison de 2 personnes par mètre carré si on y ajoute le terre-plein, les devantures des maisons, et les trottoirs, 30 mètres de large au maximum. Sur 1000 mètres (soyons large), cela donne, deux personnes fois trente mille : 60 000 personnes. Et encore, à condition qu’il y ait des gens jusque sous la tribune et sur les toits des voitures garées dans l’espace…

*Le chiffre 30 voyageurs est indicatif. Les Ndiaga Ndiaye et les Cars Rapides mobilisés ayant une capacité qui varie de 35 à 42 places (Ndiaga Ndiaye) et 25 à 30 places (Car rapide).

lundi 25 juillet 2011

S.O.S DU MOUVEMENT CITOYEN POUR L’EXPULSION DE LA MAFIA DES ORDURES DE SINDIA: CET de Sindia : Paroles d’ordures et dolce vita au Sénégal


Sindia ne doit plus rimer avec Mafia ! L’article publié en date du 19 juillet 2011 par le quotidien ‘‘Enquête’’, annoncé à sa Une sous le titre ‘‘Projet du centre d’enfouissement de Sindia : La filière mafieuse des ordures, un gré à gré de 8 milliards’’, vient à son heure !

Nous avons souhaité réagir et agir, en tant que citoyens qui sommes qualifiés de ‘‘personnes affectées par le projet’’ (PAP), dans ce qui a fini de devenir un embrouillamini sans nom, à cause de la main très peu verte de l’opérateur de ce projet, la société TIRRENO AMBIENTE, un démembrement du groupement GTA ENVIRONNEMENT qui travaille sous la houlette de l’Entente CADAK-CAR, Maître d’Ouvrage du CET de Sindia.
Ce dossier d’enquête fouillée réhabilite le combat de l’ombre que nous menons depuis des mois, pour faire respecter les lois de ce pays, le droit du travail et le respect de notre habitat, par cette société à laquelle nous avions accepté de prêter le bénéfice du doute et notre bonne foi en ses engagements, avant d’être désarçonnés, puis étonnés, et enfin dégoutés, devant la persistance de pratiques inqualifiables.
Nous tenons absolument à appuyer la démonstration du journal L’Enquête, ce que nous aurions été soupçonnés de ne faire que pour nos intérêts privés, si nous avions persisté à être les seuls à la dénoncer publiquement. Les accointances de cette société avec des démembrements de l’Etat comme l’APIX, l’entente CADAK-CAR et les autorités des Collectivités locales de Dakar, Rufisque, Sindia, Diass, nous empêchaient jusqu’ici de faire entendre haut fort notre voix.
A nouveau, nous voulons faire valoir, devant les Sénégalais, nos arguments contre ce projet, présenté au départ comme ‘‘hautement patriotique’’, ce qui s’est avéré totalement faux. Les intérêts moraux et matériels des personnes affectées par le projet sont bafoués. Les préoccupations pour la santé et le droit des populations à un environnement sain sont traitées comme quantité négligeable, par des Italiens qui disent ‘‘Va bene !’’, c’est-à-dire ‘‘grawoul’’, devant toute situation qui requiert pourtant un traitement urgent.
Nous en appelons à ce que continue la mobilisation citoyenne de nos compatriotes, et en particulier les populations de Diass et de Sindia, devant le grave danger environnemental et sanitaire que comporte le projet, en raison des pratiques peu orthodoxes de TIRRENO AMBIENTE, en Italie comme au Sénégal. Les révélations du quotidien L’Enquête, corroborées par des articles en ligne de plusieurs journaux italiens, le démontrent de manière irréfutable. Nous informons aussi l’opinion publique que des menaces concrètes et des intimidations intempestives ont été manifestées à l’encontre de plusieurs « employés », « collaborateurs externes » et « partenaires » de ladite structure.
Nous manifestons tout notre soutien et notre engagement, aux côtés des populations de Sindia et Diass, qui ont été sollicitées pour accepter ce projet, sur la base d’informations qui se sont avérées totalement erronées, alors qu’il avait pourtant été refusé en 2005.
Où sont les prétendues garanties environnementales, quand on sait maintenant que l’un des membres de la société TIRRENO AMBIENTE a été récemment en prise avec la justice sicilienne (Italie) sur fond de trafic d’ordures non ménagères, qui étaient traitées par cette société à l’insu de tout le monde et au mépris de toutes normes?
Quelles sont ces autorités qui dûment informées de la situation qui prévaut, laissent pourrir la situation et les personnes affectées par ce projet (PAP) ? Y a-t-il encore une autorité morale quand on sait que la maison-mère de GTA en Italie, qui a préfinancé ce projet à hauteur de 700 000 euros, vient de décider de porter plainte contre la filiale sénégalaise TIRRENO AMBIENTE, en raison de l’absence de résultats tangibles depuis plusieurs mois, alors même que les sommes avancées sont aujourd’hui évaporées ?
Où est l’intégrité morale et la responsabilité sociale d’entreprise lorsque Mr Cheikh Tidiane Mbaye, Responsable des Affaires Juridiques et de la Communication (mélange des genres rarement vu entre deux fonctions antinomiques et non pas complémentaires) s’érige en contremaître des plantations d’esclaves et finit par être à l’origine de tous les malheurs des employés locaux, experts et partenaires dont les droits ont été bafoués, voire tout simplement niés, en l’absence d’un enregistrement des contrats à l’inspection du travail, comme cela se devrait pour toute entreprise qui se respecte, surtout lorsqu’elle est exonérée de payer des impôts à notre Trésor public ?
Que dire de l’insolvabilité organisée de TIRRENO AMBIENTE au Sénégal, qui se distingue dans l’errance de banque en banque et qui a trouvé actuellement refuge à la BIS ? Dieu merci, il y a des banques comme la SGBS, qui ont su se débarrasser à temps de ce client douteux.
Comment accepter que cette société soit exonérée de la TVA, alors qu’elle ne respecte ni le cahier des charges du projet et encore moins la règlementation en vigueur en essayant de faire entrer sur le territoire des containers qui n’ont rien à voir avec l’activité exercée par l’entreprise, à savoir un container de pneus échoué au port de Dakar qui, aux dernières nouvelles, chercher preneur pour le compte de privés ?
Le détournement d’objet social et l’abus de biens sociaux est avéré et consommé. Devant cette situation contre laquelle nous n’avons eu de cesse de nous émouvoir et de nous insurger, comment les travailleurs de cette société peuvent-ils continuer à accepter d’être insultés par l’administrateur principal de la société TIRRENO AMBIENTE, Mr Gianni Giacone, qui s’est laissé aller à les qualifier publiquement de « Sénégalais de merde » ?
Les propos nauséabonds de Mr Giacone rentrent dans le droit fil justement de cette « merda » d’ici et peut-être d’importation, qui enrichit l’entreprise et participe exclusivement à entretenir la dolce vita en famille de plusieurs membres et expatriés de l’entreprise.
Prétextant des problèmes de santé, ce même administrateur, tel un Jules César rendu fou devant Rome en flammes, vient souverainement de décider de confier les rênes de ce partenariat public-privé à un gamin qui se trouve être son fils Gabriel, qu’il laisse en héritage à ses employés, pour gérer un projet de plus de plusieurs dizaines de milliards sur 5 ans ! Ce sera certainement là le seul acte de recyclage de ce projet très peu écologique, qui viole allègrement notre téranga et ajoute une couche supplémentaire à l’hérésie administrative dont GTA ENVIRONNEMENT a choisi de faire le lit de ses agissements !
Le Ministère de l’Environnement qui demande une taxe de 15 millions FCFA pour octroyer un permis d’exploitation à cette société GTA ENVIRONNEMENT, s’est-il donné les moyens, avant de donner quitus, de s’assurer que des ordures bactériologiques ne seront pas enfouies à Sindia ?
Aussi, par principe de précaution après que toutes les précautions aient été bafouées, nous demandons instamment que les populations, employés et partenaires du projet soient dûment informés de ce qu’est réellement la société TIRRENO AMBIENTE, Maître d’œuvre du CET.
Aussi et à titre de mesure conservatoire qui doit être prise d’extrême urgence, nous en appelons aux plus hautes autorités de l’Etat, afin qu’elles réagissent rapidement et fassent la lumière sur cette entreprise écran.
Aussi et enfin, est-il urgent que le Procureur de la République s’autosaisisse et actionne la DIC, pour faire en sorte que Monsieur Cheikh Tidiane Mbaye « Don Corleone des Tropiques», ancien de la société AMA Sénégal de triste mémoire dans la gestion des ordures, rende compte de ses menaces contre les travailleurs, tentatives de subornation des notables, intimidations et violations en flagrant délit continu contre les lois qui gouvernent notre pays.
En définitive, nous disons non à un prétendu CET, déguisement d’un dépotoir mortel et réceptacle d’abus et d’assauts contre des honnêtes citoyens sénégalais, dont le seul tort est d’avoir fini par croire sincèrement à ce projet. Les plus hautes autorités de l’Etat ont toutes été interpellées. Qu’elles prennent leurs responsabilités ! Le CET de Sindia est une bombe écologique à déflagration continue. Il est urgent de la désamorcer définitivement, avant l’explosion finale des populations de Sindia et de Diass.

Mouvement citoyen
Le 20 juillet 2011

La tragédie Wade : Bavardages, bluff et contre-vérités



« Le discours politique est destiné à donner au mensonge l’accent de la vérité, à rendre les meurtres respectables, et à donner l’apparence de la solidité à un simple courant d’air ». George Orwell


Pathétique, le terme est peu fort pour désigner le bavardage que certains qualifient de discours de celui qui manifestement était en campagne pour une élection à laquelle sa candidature est tout sauf recevable. La montagne, comme l’on pouvait s’y attendre, a accouché d’une toute petite souris. Car en lieu et place d’un discours d’homme d’Etat, les Sénégalais ont eu droit à des histoires à dormir debout, du théâtre présidentiel, un monologue futile que d’aucuns qualifient de « One old man show ». En d’autres termes, l’habituel bavardage kilométrique qui pollue les écrans de la RTS, la chaine de propagande. Qui encore une fois s’est illustrée en retransmettant en direct pendant près de trois heures une réunion du PDS, un meeting politique à caractère privé. A ce propos, l’on se demande bien de quel droit se prévaut Abdoulaye Wade lorsqu’il accapare l’audiovisuel sénégalais et fait interrompre les programmes de la télévision publique des heures durant pour des questions qui non seulement relèvent du privé, mais n’ont aucun intérêt particulier pour l’Etat et le fonctionnement de ses institutions. N’a-t-il pas souhaité s’entretenir avec ses propres militants, ceux du PDS, au lieu de s’adresser à la nation entière qui l’attendait sur des questions concrètes ? Une telle attitude dénote d’un manque de sérieux notoire de la part de la RTS, mais aussi de la présidence de la république, l’institution qui sous l’alternance aura le plus souffert des manquements d’un personnage qui a beaucoup de mal à habiter la fonction. On a hâte que le CNRA, Conseil national de régulation de l’audiovisuel, se mette au travail, en mettant fin à ce favoritisme de la RTS à l’endroit du camp présidentiel, lequel s’arroge le droit à la propagande télévisuelle.
Ennuyeux par moments, comme lorsqu’il promet l’électrification rurale à 400 villages du Sénégal, à l’heure où la Senelec peine à assurer une fourniture régulière en électricité des grandes villes, mais continue d’enregistrer des centaines et des milliers d’abonnés à qui elle promet un courant électrique inexistant. Si ce n’est de l’arnaque déguisée, il n’y a pas de termes appropriés pour désigner cette attitude insupportable à l’origine des émeutes du 27 juin dernier. Les villageois qui ont écouté le monologue d’Abdoulaye Wade doivent éprouver ou du mépris, ou de la pitié pour le vieil homme qui manifestement n’a aucun respect pour le monde rural.
Mensonger dans une certaine mesure lorsque Wade dans son délire, nie publiquement avoir tenu devant les journalistes le 1er mars 2007 ses propos mémorables sur l’irrecevabilité de sa candidature à un troisième mandat. Mentir est humain, mais persister dans le mensonge est diabolique. Mais le président finira par se confondre dans ses propres contradictions, avant d’asséner honteusement, « j’ai dit, je me dédis, et alors ? »
Contre-vérités lorsqu’il promet de mettre fin aux délestages en septembre prochain, des promesses de plus, qui n’engagent que ceux qui les écoutent ou ceux qui y croient. Samuel Sarr, alors ministre de l’énergie avait promis de mettre fin aux délestages au plus tard en fin 2006. Après Karim Wade, c’est maintenant au tour d’Abdoulaye Wade de dérouler un chapelet de promesses qu’il n’a aucunement l’intention de tenir. En l’état actuel des choses, l’opinion doit se faire à l’idée qu’après 11 ans d’exercice du pouvoir, Wade et son régime auront prouvé leur incompétence à trouver une solution pérenne à la question de l’énergie. Malgré le respect dû aux aînés, il n’y a aucun mal à dire à un vieil homme qu’il ment, surtout lorsqu’il ment sciemment. Fût-il un président de la République qui, pour arriver à ses fins, n’hésite pas à mentir en déclarant être en mesure de régler le problème de la Casamance en cent jours…
Quant à l’organisation d’élections anticipées, rien que du bluff. Wade fait diversion encore une fois et tente de faire croire à l’opinion internationale qu’il est prêt à aller aux élections et à les gagner même. Une ruse de plus, une manœuvre habile dont l’objectif premier est de surseoir au débat sur l’irrecevabilité de sa candidature loin d’être tranchée. Wade fait penser à ce sportif qui après s’être dopé, veut forcer les portes d’un stade pour participer à un marathon auquel il n’est pas convié.
Aux « sages » du Conseil Constitutionnel d’assumer toutes les conséquences qui découleront de leur décision éventuelle qui serait favorable à la candidature de Wade en 2012. Il faudrait d’abord qu’ils pensent à se mettre à l’abri et à protéger les siens, parce que Wade ne leur sera d’aucun secours le jour où le peuple aura décidé de reprendre son pouvoir et d’en finir avec les voyous de la république, qui n’ont pas saisi le message du 23 juin dernier.
En fin de compte, ce discours politicien destiné à distraire les adultes et à endormir la jeunesse sénégalaise, ne valait pas la peine de sacrifier des heures devant le petit écran. Car le fort des personnes âgées, c’est de raconter des histoires à leurs enfants et petits-enfants. Précisément ce que Wade vient de faire. Encore faudrait-il que les histoires soient drôles, même si on ne saurait lui en vouloir de ses trous de mémoire, et des incohérences du discours, objet d’applaudissements aveuglés de ses inconditionnels et affidés.
D’un rêve pour l’Afrique dont il voulait tracer le destin, Wade est devenue une tragédie pour le continent tout entier, un cauchemar pour la république, un danger pour la démocratie même. Un assoiffé de pouvoir qui ne recule que devant le rapport de force, un contre-exemple entré dans l’histoire par la grande porte, mais qui manifestement en ressortira par la petite. Car hier soir, il avait l’occasion de se racheter, il avait toute la latitude de se réconcilier avec le peuple, mais il en a été incapable comme on pouvait s’y attendre. Abdoulaye Wade partira, de lui-même, ou par la rue, à l’image de Gbagbo, Moubarak, Ben Ali, Saleh, …. Son départ du pouvoir, que lui-même n’envisage pas de son vivant, n’est en fait qu’une question de temps et de circonstances.

Momar Mbaye
http://mbayemomar.over-blog.net

mercredi 20 juillet 2011

CENTRE D'ENFOUISSEMENT TECHNIQUE: LA FILIERE MAFIEUSE DES ORDURES


CENTRE D’ENFOUISSEMENT TECHNIQUE DE SINDIA
La mafia sicilienne au cœur de la gestion des ordures au Sénégal

La construction du Centre d’enfouissement technique a été confiée à deux sociétés dont l’une fréquente la mafia sicilienne. EnQuête a même appris que l’un des administrateurs de cette société (Tirreno-ambiente) a fait l’objet d’une condamnation «pour association mafieuse».


La pègre dans les ordures dakaroises. Dans le cadre de la gestion des ordures solides de la capitale sénégalaise et surtout de la mise en œuvre du projet d’autoroute à péage, les autorités envisagent la fermeture de la décharge de Mbeubeuss et l’ouverture d’un centre d’enfouissement technique à Sindia. Centre dont la construction sur le modèle Bot (Construction, exploitation et transfert), a été confié à deux sociétés italiennes qui ont créé une société de droit sénégalaise, Gta environnement. Une société au capital de 3 milliards de francs Cfa dont le capital est détenu par Gicos Sarl à 60% et Tirreno-ambiente SPA à 40%. Dans ses investigations, EnQuête a appris que l’une des entités choisies par le Sénégal pour gérer le centre d’enfouissement technique, c'est-à-dire la Tirreno-ambiente, est liée à la mafia en Sicile, en Italie.

Le Consultant de Tirreno-ambiente condamné pour «pour association mafieuse»

Selon des sites italiens d'information consultés par EnQuête, «un règlement de comptes, par candidats interposés», aux élections locales en 2009, à mis à nu des pratiques mafieuses dans le ramassage des déchets dans la province de Messine, la capitale de la Sicile, au sud de la botte européenne. En effet, il a été établi «les relations avec la direction de Tirreno Ambiente et surtout le mentor de la ''monezza business'', le mythique Pino Innocenti», un des barons de la mafia sicilienne. Ce business est d’une simplicité limpide : la mafia offre aux industriels de toute la péninsule des tarifs inférieurs à 60% pour le traitement des déchets toxiques. Mais au lieu de les traiter, elle les disperse dans les décharges sauvages autour de Naples. Un trafic dont le chiffre d'affaires est estimé à 24 milliards d’euros (plus de 15 000 milliards de francs Cfa), d’après les sites italiens.
D'après ces sources, une grande enquête dirigée par deux magistrats, Verzeri Joseph et son collègue procureur Francesco Massara de Barcelone, a découvert le pot aux roses et condamné à 6 ans «pour association mafieuse» M. Marti, consultant à Tirreno-Ambiente, la société qui a été choisie pour le Centre d’enfouissement technique de Sindia.

La société mêlée à un scandale de dépôt d'ordure à Naples

D’ailleurs, le nom de cette société est aussi mêlé, dans un autre article paru sur le site d’un journal italien le 12 avril 2011, à un autre scandale de dépôt d’ordures à Mazzarrà Sant’Andrea, une commune dans la région sicilienne. Il s’agit de «camions suspects» différents «des camions habituels» qui ont déchargé sans aucun contrat plus de 25 000 tonnes d’ordures dans cette région italienne en toute illégalité, de la saleté venant d’une autre région qui s’appelle Campanie. «Seulement personne n’était au courant ni à Palermo, ni à Mazzarra, ni à Messina», dit cet article lu par EnQuête. En effet, une société de Naples cédait «à 200 euros (130 000 francs Cfa) une tonne d’ordures à deux compagnies siciliennes, la ''Vincenzo d’Angelo srl'' et la ''Profenico spa'', lesquelles auront la charge d’éliminer ces déchets produits au sein du dépotoir de Mazzarrà Sant Andrea, géré par la Tirreno-ambiente Spa». On parle d’environ «500 tonnes par jour», soit près de 25000 tonnes déversées dans cette région sans que les autorités locales ne soient informées.
Joint au téléphone, Amadou Tidiane Mbaye, le chargé de communication de Gta Environnement, la filiale sénégalaise de Tirreno-Ambiente, n'a pas souhaité se prononcer sur un sujet dont il ne maîtrise pas le contenu, d'après ses dires.


Un projet de 8 milliards sur 5 ans
Il faut dire que le Centre d’enfouissement technique de Sindia, c’est une affaire de gros sous. En effet, à l’image de la collecte des ordures ménagères pour laquelle l’Etat débourse pas moins de 10 milliards de francs Cfa par an, le financement du Centre est de l’ordre de 8 milliards de francs Cfa. C’est depuis 2004 que le site de Sindia a été identifié comme devant accueillir le centre. Les travaux avaient même démarré en 2005 avant d’être arrêtés l’année suivante. C’est en 2009, avec le changement de l’équipe municipale à la Ville de Dakar que l’Entente Cadak-Car (Communauté des agglomérations de Dakar-Communauté des agglomérations de Rufisque) a repris le projet.
«Pour les besoins de la mise en œuvre du Centre d’enfouissement technique, nous avons privilégié le partenariat public privé selon le mécanisme Bot (construction exploitation et transfert). Le partenaire privé, c’est Gta environnement avec qui nous avons signé une convention. Cette société va assurer le financement. Elle va réaliser les travaux sur la base d’un cahier de charges qui définit les objectifs techniques et environnementaux. C’est un investissement planifié sur 5 ans. Il y a un investissement initial de 4 milliards de francs Cfa. 4 autres milliards d’investissements sont prévus pour les 5 prochaines années», explique Ibrahima Diagne, Directeur technique de l’Entente Cadak-Car, interrogé à ce propos par EnQuête.

400 millions de mesures sociales toujours attendues

Le projet est-il actuellement compromis ? Difficile de répondre par l’affirmative. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il a pris beaucoup de retard par rapport à son calendrier de mise en œuvre. D’après des informations, le projet avance lentement parce que Gta environnement peine à «respecter le cahier de charges» produit par l’Entente Cadak-Car. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle l’expert français qui avait été commis dans le cadre du Comité technique est en partance. Et l’on compte le nombre de lettres de mise en demeure à l’en-tête de Cadak-Car pour que cette entreprise respecte le cahier des charges.
Pis, pour les mesures sociales en faveur des populations riveraines du centre, il était prévu que Gta environnement libère une bonne partie des 400 millions de francs Cfa. Mais jusqu’à présent, rien n'est fait.



C.E.T DE SINDIA
Nouveau cimetière des ordures


D'une capacité de 1500 tonnes/jour, le Centre d'enfouissement technique (C.E.T) de Sindia, en phase de finalisation, devrait sonner le glas de la décharge de Mbeubeuss. Situé à une soixantaine de kilomètres de Dakar sur la route nationale N°1, le C.E.T est en phase terminale. Sur place, le vrombissement des gros porteurs et la poussière accueillent le visiteur. Lequel doit montrer patte blanche pour accéder dans l'enceinte. A l'entrée trône un bâtiment qui fait office de bureaux. Lesquels font face à deux ponts-bascules nouvellement installés. Derrière, se trouve un garage où des camions sont en cours de réparation sous un soleil de plomb. Et pour accéder au site devant accueillir les ordures ménagères, il faut parcourir quelques kilomètres à pied ou en véhicule. Ici, des ouvriers méconnaissables à cause de la poussière qui les recouvrent se bagarrent avec de lourdes bâches qu'ils étalent sur une immense bande de terre d'une superficie d'un hectare. Mais ils ne sont pas les seuls, des Italiens s'activent aussi sur le chantier.
Interpellé, un ingénieur sénégalais indique que cette bâche sera recouverte d'une géomembrane pour éviter que les déchets n'infiltrent la nappe phréatique. Mieux, notre interlocuteur renseigne que toutes les mesures ont été prises pour que le Centre soit aux normes internationales, notamment environnementales. Un argument qui ne convainc pas les pourfendeurs de ce projet qui pensent que l'aménagement va polluer de manière considérable leur cadre de vie.
Plus loin, des tasseuses chargent du sable sur des camions Bennes pour une destination inconnue. Distant de quatre kilomètres de la Communauté rurale de Sindia, le Centre aiguise déjà des appétits grâce aux promesses mirobolantes que les promoteurs ont faites aux populations riveraines. En sus des projets de développement, les ordures ménagères des Communautés rurales de Sindia et Diass seraient traitées «gratuitement» dans le Cet.


L’urgence et l’autoroute à péage, la porte d’entrée des mafieux
Si la société Tirreno-ambiente est venue au Sénégal, c’est en grande partie grâce à ses relations avec la Société Gicos. EnQuête a appris que cette société était un sous-traitant de la société Ama Sénégal auquel l’Etat sénégalais avait confié la responsabilité de la collecte des ordures ménagères dans la région de Dakar. Cette société est une filiale d’Ama international, une société italienne qui a un siège à Rome.
D’ailleurs, c’est avec Veolia, la société qui a finalement remplacé Ama Sénégal dans la gestion des ordures que le Sénégal avait, dans un premier temps voulu réaliser la Centre d’enfouissement technique de Sindia. Mais, il ressort de nos fouilles que c’est à la suite d’un désaccord entre les autorités et Veolia que la société Gicos a été sollicitée pour la réalisation de cette infrastructure devant prendre le relais de la décharge de Mbeubeuss.
La construction de l’autoroute à péage aidant, avec surtout ses exigences en matière de délai de livraison de l’ouvrage avec toutes les réalisations connexes y afférant, les choses sont allées très vite. Un Comité technique regroupant l’Entente Cadak-Car, l’Agence pour la promotion de l’investissement et des grands travaux (Apix), le ministère de l’Environnement, le département de l’Economie et des Finances a été mis sur pied. Ce comité, d’après des informations concordantes, a fait travailler des experts qui lui ont soumis un cahier de charges, le modèle financier et une proposition de contrat. C’est à la suite de cela que le dossier de cette entreprise liée à la mafia sicilienne a été transmis au Conseil des infrastructures pour la validation du contrat Construction exploitation et transfert, BOT en anglais.
Pourtant, pas plus tard qu’en avril dernier, le maire de la Ville de Dakar, Khalifa Sall réaffirmait que tout se ferait «sur la base d’un appel d’offres» dans la gestion des ordures. «Nous avons réfléchi sur toute la filière, de la collecte à la transformation : la fermeture de Mbeubeuss, la réorganisation de la collecte et du transport, etc. Et, pour chaque étape, nous avons fait des appels d’offres», avait dit l'édile de Dakar concernant la gestion des ordures dans la capitale sénégalaise. Or, voilà que Gta environnement a été choisi sans qu'aucun appel d’offres n'ait été lancé. Pis, étant dans le domaine d'une concession, l'Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) et la Direction centrale des marchés publics (DCMP) devaient être saisis préalablement.


IBRAHIMA DIAGNE, DIRECTEUR TECHNIQUE DE L’ENTENTE CADAK-CAR
«Nous n’avons jamais eu d’écho sur les accointances mafieuses de la société Tirreno-ambiente»


Qui est derrière la venue de la société Tirreno-ambiente au Sénégal ? L’Apix ? Le maire Khalifa Sall ? Un ministre ? Beaucoup de nom de personnalités politiques circulent. Mais en l’état actuel de nos investigations, il est difficile de se prononcer. Tout au plus, le nom du maire de Dakar a été cité avec insistance. Nous avons tenté d’y voir clair et sommes entrés en contact avec son Chef de cabinet. Celui-ci avait promis de nous rappeler, mais ne l’a pas fait.
Nous nous sommes rabattus sur Ibrahima Diagne, le Directeur technique de l’Entente Cadak-Car (Communauté des agglomérations de Dakar- Communauté des agglomération de Rufisque), l’entité regroupant les Collectivités locales de la région de Dakar et qui s’occupe de la gestion des ordures. «Nous n’avons jamais eu d’écho sur les accointances mafieuses de la société Tirreno-ambiente», dit M. Diagne dans un entretien qu’il a accordé la semaine dernière à EnQuête. A cette occasion, il a fait la genèse du projet du Centre d’enfouissement technique de Sindia.

L'ambassade du Sénégal en Italie n'y a vu que du feu

«Nous, on a pris le dossier en 2009», souligne notre interlocuteur qui ajoute : «Avec l’urgence liée au projet d’autoroute à péage, il y avait un Comité technique regroupant toutes les parties : l’Entente Cadak-Car, l’Apix, le ministère de l’Environnement, le ministère de l’Economie et des Finances. (…) On a voulu s’assurer sur les capacités et pour cela, on a exigé du partenaire de nous donner toutes les références. On a envoyé un expert technique en Italie pour vérifier dans le site que la société exploitait. Des avocats ont été aussi sollicités. On a reçu un rapport disant que la société exploite un site en Italie conformément aux règles de l’art, un avocat nous a aussi dit que la société est nickel, en règle».
En outre, l’ambassade du Sénégal en Italie a même été sollicitée «pour faire des enquêtes au niveau de cette société. Tout ceci ne nous a pas révélé qu’il y a eu des accointances mafieuses de cette société. Ça, je viens de l’apprendre. Nous n’avons jamais eu d’écho de cela», argue le Directeur technique de l’Entente Cadak-Car. Mieux, il fait savoir qu’au mois de janvier dernier, «il y a eu une mission de l’Entente Cadak-Car, de l’Apix, des communautés rurales de Diass et de Sindia, du préfet de Mbour, du sous-préfet de Sindia. On a visité l’exploitation de Mazzara, on a vu que cela se passait dans les règles de l’art».
De l'avis de M. Diagne, l’Entente Cadak-Car était auparavant «dans les dispositions d’engager des négociations avec Veolia» pour la réalisation du Centre d’enfouissement technique de Sindia. «Il n’y a pas eu d’accord en un moment donné avec Veolia. Face à l’urgence, le Conseil des infrastructures a été sollicité pour avoir un contrat de gré à gré avec Gicos qui était le sous-traitant d’Ama Sénégal. Le motif, c’est que la société avait tout son matériel déjà disponible à Sindia. Donc, il fallait profiter de la disponibilité du matériel de cette société. C’est ainsi que le Conseil des infrastructures a donné une suite favorable à la requête et c’est sur cette base que le contrat été signé».

lundi 11 juillet 2011

DESTRUCTURATION DE L’ECONOMIE SENEGALAISE/ Un facteur nommé Karim Wade


De président du Conseil de surveillance de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (ANOCI) à super ministre d’Etat (Coopération internationale, Transports aériens, Infrastructures et Energie), Karim Wade a pesé énormément sur l’économie sénégalaise. Et pour prendre à défaut ses détracteurs, Karim Wade, «comme tout être humain, demande à être entendu, jugé sur des actes vérifiés et donc probants et non sur des rumeurs sans fondement».

Un texte de lamentations pour dire aux Sénégalais, que la presse et certains segments du pays l’ont «sanctionné sans être entendu, jugé dans des procès sans défense (et) ‘condamné’ sans recours possible». Voilà en substance ce qu’a servi à l’opinion Karim Wade (dont on ne sait à quelque titre il parlait) après les événements des 23 et 27 juin. Il se dit être «la cible d’attaques profondément injustes» de la part d’«une partie des acteurs politiques aidée en cela par certains journalistes, - véritables machines de guerre contre ma petite personne». Et pour prendre à défaut ses détracteurs, Karim Wade, «comme tout être humain, demande à être entendu, jugé sur des actes vérifiés et donc probants et non sur des rumeurs sans fondement». EnQuête a interrogé les faits économiques liés aux «actes» posés par celui que son père et chef de l'Etat présente comme «le plus intelligent» au point de lui confié quatre grand département réunis en un.

A l’origine des dépenses extrabudgétaires

«Jamais dans l'histoire du Sénégal, un homme public n’a reçu, autant de coups, de propos diffamatoires et outrageants», dit Karim Wade. Il oublie aussi que jamais dans l’histoire du Sénégal, un homme public n'a concentré autant de ressources entre ses mains pour des résultats douteux, du moins très discutables. En effet, «depuis (son) entrée dans l’espace public en qualité de Conseiller spécial du président de la République, puis de président du Conseil de surveillance de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (ANOCI) et actuellement comme ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie», le système économique sénégalais est en constant dérèglement.

Les mécomptes de l'Anoci

Le Sénégal dont la croissance économique moyenne oscillait entre 5 et 6% a accusé le coup depuis l'entrée en scène de celui qui concentre sous sa coupe 5000 agents, 2 ministres délégués et 3 Directeurs de cabinet, selon sa dernière livraison «Jeune Afrique». En 2005, les chantiers de l’Anoci sont venus en effet tout remettre en cause. D’ailleurs, Sogué Diarisso, ex-Directeur de la prévision et des études économiques (Dpee) l’expliquait assez bien dans une interview accordée à nos confrères de «Kotch» en avril 2010. «Si vous me demandez ce qu’était l’état de l’économie en 2005, je serais beaucoup plus à l’aise pour le dire. En 2005, le Sénégal avait le meilleur cadre macroéconomique en Afrique subsaharienne. Et c’était dans les rapports officiels de la Banque mondiale. (…) A partir de 2005, avec l’allègement de la dette multilatérale, la quasi-totalité de la dette extérieure était annulée. On s’est lancé dans des plans dispendieux au moment où il ne fallait pas», disait l’économiste. M. Diarisso citait justement l’Anoci duo Karim Wade-Abdoulaye Baldé. «Il y a les chantiers de l’ANOCI (avec) les sommes faramineuses (dépensées) pour un petit pays comme le Sénégal. Que voulez-vous ? L’économie va s’en ressentir». Et la conséquence sur l’économie, c’est la ponction des crédits de tous les ministères pour faire face aux travaux dont le président Wade disait pourtant qu’ils seraient «financés par des dons». Ce qui donna naissance à des dépenses extrabudgétaires qui reste encore à être totalement apurés, une perte de croissance due en partie à la morosité de l’activité Btp. Le privé national dans ce secteur a été chahuté et préféré aux étrangers. Bara Tall et ses 3000 travailleurs sont là pour en témoigner.

Le Km de route à 5 milliards

Le bilan indépendant des chantiers de l’Anoci est toujours attendu. Mais en espérant que les corps de contrôle comme la Cours des comptes le fassent, le journaliste Abdou Latif Coulibaly en a dressé les «Contes et mécomptes de l’Anoci», dans un document d'enquête qui fit mouche. C’est ainsi que le confrère découvre que les appels d’offres ont été une «mascarade» réglée comme papier à musique à la présidence de la République. Que le km de route a coûté plus de 5 milliards de francs Cfa, sans doute l'un des bitumes les plus chers au monde après le Japon situé en zone sismique.
Nommé ministre d’Etat aux multiples portefeuilles dont celui des Transports aériens en mai 2009, Karim Wade, devant la faillite d’Air Sénégal international (Asi) et la détresse des travailleurs, promettait une nouvelle compagnie avant la fin de l’année. Au finish, les Sénégalais ont attendu 18 mois pour voir les ailes de Sénégal Airlines se déployer. Et de quelle manière ? D’abord, dans le capital de 17 milliards de francs Cfa, l’Etat y détient 34% représentant en fait les droits de trafic évalués à plus de 60 milliards de francs Cfa.
En outre, le déploiement de Sénégal Airlines s’est fait au détriment d'autres compagnies dont 47% des vols hebdomadaires en direction de Dakar ont été réduits. Sn Brussels passe de 7 à 3 vols par semaine, Air Europa (de 3 à 1 vol par semaine), Tap Air Portugal (7 à 3 vols par semaine), Royal air Maroc (de 14 à 3 vols par semaine), Iberia (de 7 à 4 vols par semaine), South African Airways (de 21 à 14 vols par semaine). «Inexorablement (cela va) entraîner des pertes massives d’emplois dans le secteur aéroportuaire», s'écriait en avril dernier le syndicat des travailleurs du secteur (Suttaaas). Ses responsables ont dénoncé des renégociations des droits de trafics «sans tenir compte des centaines d’emplois crées par les sociétés d’assistance (Shs, Ahs, Senca, Dakar-catering, Abs et sociétés de contrôle documentaires…) dans le but de protéger les intérêts d’un seul opérateur Sénégal Airlines». Une préférence nationale qui tue des nationaux !

Plan Takkal, un gouffre financier sans lumière
La dernière trouvaille de Wade-fils est comme les précédentes, coûteuse pour le contribuable sénégalais avec très peu d’effets : son plan de relance de secteur de l'énergie. La Loi de finances rectificative (Lrf) de 2011 dit que le Plan Takkal est alimenté principalement à partir du Fonds spécial de soutien du secteur de l’énergie (FSE) qui «bénéficiera de crédits de 210,1 milliards de francs Cfa» sur les 650 milliards nécessaires. Et dans la dernière livraison «Ja», Karim Wade clame avoir «d’ores et déjà financé 90%» du Plan Takkal, soit 464 milliards de francs Cfa. Il faut cependant dire que pour les 210 milliards, ce sont tous les budgets des autres ministères, comme pour l’Anoci, ont fait l’objet de ponction. Ce qui, sans conteste, aura un fort impact sur tous les projets et marchés des autres ministères. D’ailleurs, les bailleurs de fonds comme l’Union européenne, le Fonds monétaire international et les Etats Unis n’ont pas manqué d’exprimer des réserves sur ces ponctions qui finissent pas durablement impacté sur l’éradication de la lutte contre la pauvreté.
Toujours dans le secteur de l’énergie, les premières mesures consistant à faire le diagnostic ont jeté le trouble. Les 6 cabinets (choisis sans appel d’offres) qui ont participé à l’audit du secteur de l’énergie, ont été rémunérés à hauteur de 1,418 milliards. Ce sont peut-être les audits les plus chers jamais réalisés au Sénégal.
Ministre des Infrastructures, Karim Wade, pour son premier passage à l’Assemblée nationale pour le vote du budget de son ministère, avait promis aux banlieusards de Pikine et Guédiawaye une «opération zéro nid-de-poule». Mais c’est plutôt l’effet «mille nids-de-poule » que les populations ont eu droit. En effet, en dehors des grands axes (Corniche, Vnd, autoroute, boulevards et avenies), rares sont les routes où les nids-de-poule et les crevasses ne constituent pas aujourd’hui le décor.

Bachir FOFANA

vendredi 8 juillet 2011

Qui est Robert Bourgi?


Avocat, émissaire officieux de la Sarkozie en Afrique, supporter du nouveau président gabonais Ali Bongo et tombeur de Jean-Marie Bockel... Portrait de Me Robert Bourgi, entre Seine et palais africains.
C'est l'histoire d'un "musulman chiite" de 64 ans qui vénère le chablis, ne dédaigne pas le travers de porc et fit baptiser ses enfants dans la foi catholique. L'histoire d'un avocat au Barreau de Paris qui se vante de n'avoir enfilé qu'une seule fois la robe noire plissée -le jour de sa prestation de serment, en 1993- et n'a jamais plaidé, déléguant cette tâche ingrate à son épouse, Me Catherine Vittori. L'histoire d'un de ces "fils spirituels" de Jacques Foccart, qui se disputèrent à son chevet la dignité de légataire du marabout africain du gaullisme et de ses avatars; le plus tenace d'entre tous, sans doute, puisque lui refit surface quand les autres héritiers présomptifs sombraient ou changeaient de cap. L'histoire, enfin, d'un émissaire de l'ombre qui ne sut y rester, oublieux du précepte foccartien -"En Afrique, reste à l'abri du soleil: il brûle"-, d'un missi dominici qui doit moins son pouvoir à ses talents indéniables de bonimenteur qu'à l'influence qu'on lui prête, à tort ou à raison, entre bords de Seine et palais africains.
Robert Bourgi est en fait l'ultime porte-étendard d'un archaïsme post-colonial. Dans une France adulte, résolue à normaliser -au sens étymologique du terme- sa relation à l'Afrique subsaharienne, il officierait au mieux comme conseiller de quelque compagnie pétrolière ou émissaire à mi-temps de potentats isolés en mal d'éclaireurs. Dans celle de Nicolas Sarkozy et de Claude Guéant -le secrétaire général de l'Elysée-, le voici propulsé, bien au-delà d'un si trivial gagne-brioche, au rang de missi dominici redouté, voire de stratège.
"Maître Bob" fait d'ailleurs son miel de l'ignorance conjuguée des réalités du continent noir dont pâtissent "Sarko" et son omnipotent sherpa. Il les initie, quitte à forcer sur les stéréotypes culturels et l'exotisme de pacotille, à une Afrique peuplée de zombis, de sorciers, et de "2e bureaux" -les maîtresses des puissants. Quoi de plus aisé que de convaincre les néophytes qu'au détour du bois sacré, les liens personnels et les histoires de fesses importent plus que la logique d'Etat? Vision désuète, paternaliste, condescendante du "berceau de l'humanité", mais tellement séduisante pour des esprits supposés cartésiens.
Il y a d'ailleurs chez Robert Bourgi quelque chose de suranné. A commencer par son charme patelin de séducteur vieillissant, dont l'oeil frise à la vue d'une fringante jeunesse. L'homme ne manque certes ni d'entregent, ni d'humour, ni de cette indolence orientale qu'il pimente de jugements féroces. Il reçoit d'ordinaire dans le salon cossu du cabinet conjugal, au rez-de-chaussée d'un immeuble chic de l'avenue Pierre-1er-de-Serbie (Paris XVIe). Là, entre un buste de Napoléon et les photos dédicacées de grands de ce monde-, l'avocat distille aveux, fausses confidences, demi-vérités, et scoops minés.

C'est lui qui, le 7 juin dernier, annonça le trépas de son "papa" adoptif Omar Bongo Ondimba
On se souvient l'avoir entendu narrer, avec un prodigieux luxe de détails, la remise par un envoyé du président ivoirien Laurent Gbagbo d'une fortune en cash dans le bureau élyséen de Dominique de Villepin, l'ami qu'il lâcha en 2005 pour rallier le panache, plus prometteur, de Nicolas Sarkozy. De même, c'est lui qui, le 7 juin dernier, offrit en exclusivité au site internet de l'hebdomadaire Le Pointl'annonce du trépas, dans une clinique catalane, de son "papa" adoptif Omar Bongo Ondimba.
Natif de Dakar, Jaffar -son prénom musulman- Bourgi est le rejeton d'une fameuse dynastie libano-sénagalaise. Prospère négociant en textile, son père Mahmoud, venu des confins sud du pays du Cèdre en 1918, croise la route tortueuse de Foccart, avec qui il tisse des relations d'affaires sur fond de commune admiration pour "le Grand Charles". De la copieuse fratrie -13 enfants-, deux autres Bourgi émergeront. L'avocat Rasseck, mais aussi et surtout l'universitaire Albert, inlassable pourfendeur des turpitudes d'une Françafrique que son cadet incarne jusqu'à la caricature. Voilà d'ailleurs des années que les deux frangins ne se parlent plus.
Coopérant, "Bob", qui parle l'arabe et le wolof, enseigne la droit à Cotonou (Bénin), Nouakchott (Mauritanie) et Abidjan (Côte d'Ivoire), où il se lie avec un indocile prof d'Histoire nommé Gbagbo. Au rayon des missions officielles, rien, sinon, de 1986 à 1988, un poste de conseiller politique au cabinet de Michel Aurillac, ministre de la Coopération et futur fondateur du Club 89, fer de lance des réseaux néo-gaullistes dont "Bob" animera le chapitre africain. Ce qui lui valut d'ailleurs une cuisante mésaventure gabonaise.
En 1998, c'est en effet lui qui cornaque la désolante équipée d'une douzaine de magistrats et avocats, dont Georges Fenech, Francis Szpiner et Gilles-William Goldnadel, venus cautionner à Libreville, et aux frais de la présidence gabonaise, un scrutin plus que douteux. Dans la missive qu'il adresse le 28 novembre de cet année-là à l'émir Omar pour l'informer des préparatifs de la mission, Bourgi se réjouit d'avoir recruté des observateurs présumés sûrs. Modèle de piété filiale, le courrier se termine par ses mots: "Allez Papa, vous nous reviendrez à Paris en triomphateur des élections. Dieu vous garde! Votre fidèle et respectueux Robert." Lui revint au pays avec une mallette bourrée de billets, pactole destiné semble-t-il au Club précité. Pincé à son arrivée à Roissy, le messager persistait huit ans après les faits à nier, tout comme il s'évertuait à minimiser son rôle de GO.
Le messager l'admet pourtant: il n'a rien contre le liquide. C'est ainsi que plusieurs de ses clients -le Congolais Sassou Nguesso, l'Angolais Dos Santos, le Béninois Boni Yayi, le Centrafricain Bozizé- le rétribuent parfois. Mais qu'on se rassure: celui qui se prévaut d'avoir obtenu la tête de Jean-Marie Bockel "déclare tout au fisc". Ouf!

Par Vincent Hugeux, publié le 09/09/2009 (www.lexpress.fr)

Robert Bourgi, vétéran de la Françafrique


Sa Maserati est garée à trois pas de ses bureaux, dans le 16e arrondissement de Paris. Lorsque Robert Bourgi se rend en Afrique, c'est presque toujours dans un avion privé affrété par une grande entreprise intéressée par son carnet d'adresses au Gabon, au Congo-Brazzaville, en Côte d'Ivoire ou par un chef d'Etat africain auquel il vend la promesse de contacts politiques de haut niveau en France. Cet entregent est manifestement la source de cette vie confortable, bien plus que son statut officiel d'avocat, lui qui avoue en riant : "C'est ma femme, Catherine, qui traite les dossiers et plaide. Moi, j'apporte les affaires. D'ailleurs, je n'ai passé la robe que le jour de ma prestation de serment."
A table, il est volubile, amusant, grand amateur de chablis bien qu'il s'affirme "musulman chiite" et plus encore de femmes "sauf des Africaines avec lesquelles (il n'a) même jamais dansé". Du vivant d'Omar Bongo, il régnait sur l'Hôtel Meurice, le palace parisien où le président gabonais recevait lors de ses séjours en France. Les hommes d'affaires de toutes sortes faisaient antichambre. Pas lui. Bongo était tout à la fois son client, peut-être son ami, et en tout cas le parrain de la petite fille qu'il a eue, tardivement, d'une liaison adultérine assumée, y compris par son épouse- Bourgi étant lui-même le parrain de l'un des fils de Bongo.
Robert Bourgi a toujours appelé Omar Bongo, à l'africaine, "papa". Le secrétaire d'Etat français chargé de la coopération, Alain Joyandet, se souvient de l'avoir vu entrer sans frapper dans la suite du président pour s'introduire sans façon au milieu de leur conversation.
Autant dire que la mort du chef d'Etat gabonais et l'élection présidentielle du dimanche 30 août sont un enjeu majeur pour celui qui se targue d'être le fils spirituel de Jacques Foccart - grand ordonnateur du gaullisme en Afrique et des réseaux qui s'assurèrent après les indépendances de la soumission des anciennes colonies africaines aux intérêts de la France.
C'est Robert Bourgi qui a laissé filtrer, le 7 juin, d'un coup de fil au Point, la nouvelle de la mort d'Omar Bongo. "Ce soir-là, il était mort cliniquement. Je ne sais même pas s'il n'était pas parti avant", glisse-t-il tranquillement. Quelques heures plus tard, malgré les démentis farouches de l'Etat gabonais, l'AFP confirmait la mort du doyen de la Françafrique, citant "une source proche du gouvernement français", qui, à en croire Bourgi, n'était autre que... lui-même.
Existe-t-il plus haut attribut du pouvoir que de décider de l'heure de la mort d'autrui ? Ce fut, en tout cas, la façon la plus efficace de signifier au plus haut sommet des Etats français et gabonais un message clair : il faudrait compter avec lui pour gérer la succession.
Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, le franc-tireur Robert Bourgi est partie prenante de la politique africaine de l'Etat. Dans la galaxie foisonnante des intermédiaires et des communicants qui vendent leur influence aux dirigeants africains, il occupe une place à part. "Je suis un ami très écouté de Nicolas Sarkozy", insiste-t-il.
Cet été, il a mis toute son énergie au service de l'élection de son poulain, Ali BenBongo, fils et héritier du président défunt qu'il présente comme "le meilleur défenseur des intérêts français dans tous les domaines". Mais son candidat est aussi son client : "Si Ali Bongo n'est pas élu, Bourgi perd l'un de ses derniers gros marchés", résume un haut diplomate.
D'où vient que ce sexagénaire chaleureux, né à Dakar dans une famille de grands commerçants libanais et "initié à l'Afrique par M. Foccart", ait gardé tant d'influence à droite, notamment auprès d'un Nicolas Sarkozy qui, lors de sa campagne, promettait d'en finir avec ces réseaux parallèles à la diplomatie ?
D'un sens aigu de la psychologie du pouvoir. D'un charme à la fois viril et désuet. D'un goût affirmé de la discrétion. Et d'un très solide réseau. Car Robert Bourgi, fils d'un riche importateur de textile, a su faire fructifier ses connaissances. Son père a noué des relations d'affaires avec Jacques Foccart. Le conseiller de De Gaulle, puis de Georges Pompidou, dirige alors une société d'import-export de tissu, la Safiex, "en relation d'affaires avec papa, un richissime importateur de textile" à Dakar.
Mahmoud Bourgi, gaulliste de la première heure, est l'un des premiers inscrits au Rassemblement du peuple français (RPF). Son fils écrit donc à Foccart, lorsque, après des études de droit en France, il cherche une situation. Sa thèse de doctorat d'Etat a porté sur "Le général de Gaulle et l'Afrique noire". Il enseigne le droit comme coopérant à Cotonou, Nouackchott puis Abidjan. Il rêve de mieux.
A la faculté d'Abidjan, il a rencontré Laurent Gbagbo, alors professeur d'histoire, qui deviendra en 2000 président de la Côte d'Ivoire. Jacques Foccart n'a pas de successeur. Mais il introduit Bourgi auprès de Jacques Chirac. et surtout, en 1978, auprès de l'homme-clé de l'Afrique de l'époque, l'inventeur du concept de Françafrique, le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Les relations avec le président du Congo, Denis Sassou Nguesso, puis avec Omar Bongo suivront.
Avec tous, Robert Bourgi copie ce mélange de déférence apparente et de familiarité propre à Foccart et y ajoute son humour et sa chaleur orientale. En France, il s'est immiscé avec le même entregent dans les milieux politiques, auprès de Jacques Chirac, de Charles Pasqua - avec lequel il se fâchera - et de Nicolas Sarkozy, rencontré en 1983 au siège du RPR, "un gamin brillantissime", dit-il.
En 1997, la mort de Jacques Foccart menace soudain de le fragiliser. Il va jouer son coup de maître. Le jour de l'enterrement, alors qu'il pleure comme un enfant la mort de ce "second père", Chirac le prend dans ses bras et le convie à passer le soir même à l'Elysée. Il y a là son secrétaire général Dominique de Villepin. Et Jacques Chirac adoube Robert Bourgi : "Vous allez travailler ensemble, Dominique et vous. Si je ne suis pas disponible, c'est lui qui vous recevra."Désormais, Bourgi initiera Villepin à l'Afrique.
Cela ne va pas sans résistance. Le Quai d'Orsay est révulsé par les méthodes de Bourgi. Le conseiller officiel pour l'Afrique de Jacques Chirac, Michel de Bonnecorse, affirme que le président lui a répondu, alors qu'il lui demandait que faire des demandes de rendez-vous de Bourgi : "Vous ne le prenez pas au téléphone, vous ne le recevez jamais à la présidence. S'il a des choses à dire, qu'il les dise au ministère des affaires étrangères."
Il n'empêche, Robert Bourgi rencontre Dominique de Villepin une fois par mois. Il lâchera cependant le protégé de Jacques Chirac le jour où il comprendra que celui-ci n'a aucune chance de l'emporter à la présidentielle. "Bourgi a ramené à Sarkozy la ration d'aide financière prévue pour Villepin de la part de Bongo et de Sassou", assure aujourd'hui un chiraquien.
Son rôle auprès de Nicolas Sarkozy ? "Du trafic d'influence", pestent les diplomates qui assurent qu'il crée de faux conflits entre la France et les chefs d'Etat africains afin de monnayer sa capacité à les réconcilier. "Je travaille à la fois pour les présidents africains et pour le président français, explique-t-il tranquillement. Je ne suis pas conseiller, plutôt missi dominici. Mais je ne me déplace jamais sans informer Sarko et Guéant."
Le secrétaire d'Etat à la coopération, Alain Joyandet, ne l'ignore pas. "Il ne fait pas la politique de la France en Afrique, affirme-t-il, mais il exprime parfois des choses que nous ne pourrions pas dire." Claude Guéant explique qu'il "aime bien bavarder avec lui des réalités africaines". "Il perçoit l'importance des phénomènes tribaux, des croyances, argumente le secrétaire général de l'Elysée.Mais nous ne lui confions aucune mission. Et s'il prétend avoir vendu aux pouvoirs publics sa préférence personnelle, il va au-delà de son rôle." Bruno Joubert, le conseiller Afrique du chef de l'Etat, voudrait pour sa part ne lui voir jouer qu'un rôle d'informateur sur la vie privée des chefs d'Etat africains, comme lors de l'hospitalisation d'Omar Bongo, que la France n'a pas apprise par les canaux diplomatiques officiels.
Robert Bourgi tourne cela autrement : "Au Gabon, la France n'a pas de candidat, mais le candidat de Robert Bourgi, c'est Ali Bongo, explique-t-il en souriant. Or je suis un ami très écouté de Nicolas Sarkozy. De façon subliminale, l'électeur le comprendra."
Il a en tout cas su se faire adouber symboliquement par le nouveau président français en figurant dans le cercle réservé à la famille, lors de la cérémonie d'investiture, le 16 mai 2007. Puis se faire remettre la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy, le 27 septembre 2007. Obtenir, au nom d'Omar Bongo, le renvoi du ministre de la coopération Jean-Marie Bockel, coupable d'avoir déclaré mettre fin à la Françafrique. "Il a gravi un à un une échelle qui a accrédité l'idée de sa surpuissance et augmenté le nombre de dirigeants prêts à payer ses services", reconnaît l'écrivain Jean-Christophe Rufin, ambassadeur de France au Sénégal. Il appartient aujourd'hui au premier cercle des donateurs de l'UMP, ceux qui peuvent donner au maximum 7 500 euros et apporter les contributions de leurs amis.
Sur le plan politique, la puissance de Robert Bourgi est cependant plus fluctuante qu'il le laisse croire. Il ne monnaie plus son entregent que dans cinq ou six pays sur les cinquante-trois que compte l'Afrique. Mais nombre de diplomates craignent que son influence auprès de Nicolas Sarkozy reflète l'idée que le président se fait de l'Afrique, celle d'"un continent qu'on ne tient que par les barbouzes".

Raphaëlle Bacqué et Philippe Bernard (Le Monde)

EXCLUSIF: Bourgi révéle encore: C’est Youssou Ndour qui m’a demandé de parler…Wade a aussi demandé l’intervention militaire de la France…,


Il est connu comme une icône de la Françafrique, cette relation trouble entre la France et ses anciennes colonies. Conseiller officieux mais influent des chefs d’Etat français, mais aussi d’Afrique, il a jeté un pavé dans la mare d’Abdoulaye Wade , et surtout de son fils Karim avec lequel il entretenait des relations très poussées, en démentant..son démenti sur son appel à l’intervention des forces françaises. Il nous a reçu, dans son bureau parisien, pour dire ce qui a été sa motivation. Non sans nous faire des confidences détonantes.

(Paris-Envoyé Spécial)- «Je ne soutiendrais personne contre mon peuple. J’ai apporté un démenti à Karim Wade par devoir de vérité et par engagement pour le Sénégal où son père est arrivé en 1918, et ma mère en 1933. Tous les deux y sont enterrés, ainsi que mes frères et soeurs décédés. Moi-même je reposerai à Yoff, s’il reste de la place quand je mourrais ». Vint-quatre heures après sa fracassante sortie par laquelle il a apporté un démenti au démenti de Karim Wade qui niait l’avoir sollicité pour une intervention de l’armée française contre les manifestants qui réclamaient l’électricité, le sémillant avocat nous a reçu à son cabinet dans le 16 éme arrondissement français, dans la même rue où logeait Abdou Diouf après son départ du pouvoir et du Sénégal. Robert Bourgi ne renie pas ses relations et son soutien aux Wade. Seulement, nous dit-il, « j’ai été frappé par la dérive prise par le pouvoir, sous l’impulsion de Karim Wade ». [xalimasn.com]L’homme, pour occupé qu’il est, n’en est pas moins accessible: des contacts dans quelques prestigieux journaux pour avoir son contact, un coup de fil passé entre la multitude qu’il reçoit de partout, et le tour est joué. Mais lorsqu’il décide d’opposer le silence, rien n’y fait. Ainsi, nous raconte-t-il, « depuis hier Karim Wade a tenté de m’appeler plus d’une dizaine de fois, passant aussi par des membres de ma famille. Il a même appelé Claude Guéant (ministre français de l’Intérieur), qui lui a répondu: Robert sait ce qu’il fait ».
Revenant sur le fameux appel paniqué de Karim Wade dans la soirée du 27 juin, il nous confie que le fils du président a invoqué les manifestations pour dire: «Ils ont incendié la maison de 3 ministres, ils sont devenus fous. Avec les Français qui vivent ici, tout peut arriver… » Ce à quoi l’icône de la Françafrique, un moment le collaborateur le plus proche de Jacques Foccart, indique avoir répondu: « Je ne suis pas habilité à le faire. Et même si je l’avais été je ne l’aurais pas fait. Ton père et toi avez les numéros de Guéant et Sarkozy, vous n’avez qu’à les appeler ».

Après Karim, l’appel de Wade…

Mais le pire, dans ce que nous confie me Bourgi, c’est que quelques minutes après le fils, c’est le père, le président Wade lui-même qui l’a appelé. Pour formuler la même demande d’intervention des forces françaises. « Tonton, tu sais combien j’ai de l’affection pour toi, et combien je suis engagé à tes côtés. Mais là, c’est non, et définitivement. Je pense que si les la situation était aussi cahoteuse que Karim l’a décrite, l’ambassadeur Normand aurait avisé l’Elysée. Mais ce ne serait jamais pour demander l’intervention de l’armée française alors que leurs citoyens qui vivent là-bas ne sont pas menacés»…
Les preuves de ces appels existent. L’avocat franco-sénégalais confie qu’il a été très tourmenté par cette demande, et surtout par les dénégations qui se sont ensuivies. [xalimasn.com] « Lorsque l’Express a sorti son article, Karim Wade m’a appelé, pour me dire qu’il allait démentir. Je lui ai conseillé de ne pas le faire. Après son démenti et celui de l’ambassade du Sénégal à Paris, il m’a demandé d’en faire autant. Là, je me suis dit qu’il disjonctait. Vous me voyez démentir une vérité? D’abord, je tiens à vous dire que la fuite de notre entretien est venu de Dakar. Et il y a des traces. Vous imaginez à quoi je vais ressembler si je démens, et que demain on m’oppose les preuves? Arrêtez tout cela Karim, vous en faites trop » raconte avoir dit, Bourgi. Le coup de fil qui l’aura le plus énervé est celui de Cheikh Diallo, conseiller de Karim Wade. « Depuis quand suis-je votre interlocuteur? N’essayez plus de m’appeler » dit-il lui avoir répondu.
Dans son vaste bureau parisien, aux murs fleuris de photos, dont un poster de Sarkozy, une photo de la défunte épouse de Karim, une photo des enfants du même Karim avec un mot de remerciement à Bourgi, ce denier nous confie: « Ce fauteuil sur lequel vous êtes assis, c’est là que Tanor Dieng s’est assis, c’est là qu’Idrissa Seck s’est assis. A Dakar, je suis allé rendre visite à Macky Sall, en conduisant une voiture de la présidence de la République. Je ne cache pas mes amitiés » avise-t-il, pour illustrer son propos sur ces rapports avec les personnalités politiques sénégalaises. Et pas seulement. Entre deux anecdotes, une confidence savoureuse et des instruction à son secrétariat, il passe un coup à un nommé Bizimuth, « personnalité haut placée à la présidence de la République du Gabon…
Pourquoi Karim Wade a-t-il paniqué, pour demander l’intervention de l’armée française, dans une situation de maintien de l’ordre par des forces de la police nationale? Avec un soupir de déception, Robert Bourgi avance: «Si vous saviez ce que Karim pense de nos compatriotes…»
L’histoire de son intervention à Rfm s’explique par une demande de Youssou Ndour. «Il m’a appelé pour me faire la demande, en me rappelant que je l’avais beaucoup aidé à avoir sa télévision alors que Karim Wade s’opposait à cela. Quelques minutes après que j’ai donné mon accord, sa radio m’a appelé».
Aujourd’hui, Robert Bourgi est convaincu que Karim Wade ne connait pas bien les Sénégalais, et qu’il sous-estime «le génie de notre peuple». Car, avance-t-il, «J’ai tout fait pour le convaincre qu’il allait droit dans le mur. Qu’il était en train de polluer la présidence de son père qui ne mérite pas cela parce qu’il a beaucoup fait pour le Sénégal. Malheureusement, Karim a tout gâché. Tout le monde le connait: il est convaincu d’être le seul à détenir la vérité», se désole celui qui dit ne point renier l’amitié des Wade, même s‘il ne se retrouve plus dans leur façon de diriger le Sénégal.

Avec Xalimasn.Com et Kotch (du vendredi 8 juillet 2011)

LA CONTRITION DES LÂCHES


Quand Papa Samba Mboup a dit «Yène gueumou lène daara», il a raison, trop raison. Moi qui vous parle, je suis ministre dans le gouvernement actuel. J’en suis à mon troisième ou quatrième décret de reconduction, je boucle quasiment mes sept ans de ministère et je sais que P.S. Mboup a raison. Pourquoi ?? Le jeudi 16 juin quand vers la fin du Conseil des ministres, le Président annonce sa «trouvaille» de projet de révision constitutionnelle, nous étions un groupe de huit ministres dont deux femmes à discuter en aparté. Je ne donne le nom de personne, ils se reconnaîtront tous ; chacun et chacune.
Verbatim
Ministre N°1 : «Non, mais, vous avez vu comment le Vieux nous a traités ? Comme des moins que rien ? Avec toutes ces années de servitude on ne peut même plus bénéficier d’un minimum de considération ? Vous vous rendez compte ?»
Ministre 2 : «En tout cas cette fois ci, c’est sûr il va se casser la gueule.»
Ministre 3 : «Tu parles !! Ça va passer comme lettre à la poste avec cette Assemblée d’analphabètes.»
Ministre 4 : «Non cette fois, je ne sais pas mais je sens que ça va caller. Il est allé trop loin.»
Ministre 5 : «Et le plus offensant dans cette affaire, c’est que c’est KMW qu’on veut nous imposer.»
Ministre 6 : «Eh parlez doucement les gars on va nous entendre.»
Ministre 7 : «Les gars y a pas de parler doucement dara !!! Je crois que ça commence à trop en faire. Il faudra qu’on se secoue.»
Ministre 8 : «Attendons de voir ce que cela va donner d’abord. Après on verra. En attendant on garde le contact Ok ?? Salut …»
Tout le monde se sépare.
Jeudi 23 Juin avec les évènements qu’on a vécus, et après le Conseil des ministres du jour, le groupe se retrouve :
Ministre 1 : «Alors vous avez vu ? Que faire maintenant ?»
Ministre 2 : «Attendre la réaction du Vieux.»
Ministre 3 : «Il n’y a rien à attendre ; il faut qu’on lui parle et qu’il entende raison.»
Ministre 4 : «Pour une fois, je suis totalement en phase avec le peuple.»
Ministre 5 : « Tu n’es pas le seul. Enfin les gens sortent dans la rue pour marquer leur désaccord profond. Et nous dans tout cela, qu’allons nous faire ?»
Ministre 6 : «Comme il convoque le Cd demain, on va se partager les tâches. Chacun d’entre nous va prendre la parole pour dire notre désapprobation de la manière dont cette affaire-là a été menée jusqu’ici l’un après l’autre, sans avoir l’air de s’être concertés. Ok ?»
Ministre 7 : «Je suis d’accord car vraiment trop c’est trop. Comme nous avons une opportunité de réagir il faut en profiter pour régler avec le Vieux un certain nombre de problèmes.»
Ministre 8 : «Ah oui : Notam¬ment la banalisation du titre de ministre. Vous avez lu Lamine Bâ dans le journal ? Il a raison. Des gens qui n’ont même pas le Bepc a fortiori le Bac sont bombardés ministre et ils nous narguent.»
Ministre 6 : «Moi celui qui me rend malade, c’est bien SMN. Vraiment ce gars-là, je ne le piffe pas. Et puis avec sa grande bouche-là il ne sort que des catastrophes.»
Ministre 8 : «Moi, je le soupçonne d’être un vrai cheval de Troie de Agne. Car figurez-vous que cet homme a tellement haï le Vieux qu’il ne peut pas du jour au lendemain, devenir un allié fidèle et digne de confiance. Je le soupçonne d’avoir organisé une brouille avec SMN pour nous infiltrer et nous miner de l’intérieur.»
Ministre 1 : « En tout cas le constat est là. Depuis que ce gars analphabète et arrogant de surcroît porte la parole, on n’entend que des inepties enrobées dans des envolées lyriques inappropriées. Il faut arrêter tout cela et on va le dire tous ensemble lors de la réunion du Cd de demain Ok ?»
A l’unisson : «Ok. A demain»
Vendredi, jour du Cd. Tout le monde est là, tout le monde retient son souffle. Les uns et les autres prennent la parole jusqu’au guignol Farba qui en rajoute avec ses larmes de crocodile. Notre «groupe» attend. Qui va parler en premier ? Chacun attend chacun. Personne ne se décide à parler. Seul le doyen Mbaye Jacques s’est un peu rebiffé avant qu’un autre analphabète du royaume ne le «massacre». Finalement personne ne parle par lâcheté. Oui ! Nous avons été lâches et le resterons toujours. Il a fallu que le Vieux nous regarde avec son crâne trop poli, ses yeux de braise et sa bouche déformée par un rictus de colère pour que tous et chacun, nous prenions peur et restions pétrifiés. Incapables de la moindre réaction. Nous n’avions rien dit et sommes restés silencieux jusqu’à la fin de la rencontre.
Nous avions fait ce que nous savons faire le mieux : casser du sucre sur le dos du Vieux et attendre que des collègues ouvrent la bouche pour les écraser avec la férocité des lâches pour plaire au Maître.
Nous sommes restés lâches par avidité, par peur, par parjure et par luxure. Nous resterons lâches pour notre famille, nos enfants, nos «guels», en somme pour notre ventre et notre bas ventre. Triste.
A toutes les échelles où l’on peut mesurer la lâcheté peut-on trouver plus lâches que Nous ? C’est pourquoi, Papa Samba Mboup a raison : «Gnoune guemou gnou dara.»

Que Dieu sauve le Sénégal

(Article paru dans Le Quotidien du vendredi 8 juillet 2011)