lundi 10 janvier 2011

JACQUES HABIB SY: «Dans l’Etat actuelle du Sénégal, dire que nous sommes sortis de la pauvreté, c’est un mensonge d'Etat"


«L’échec de Samuel Sarr dans le secteur de l’énergie, c’est l’échec personnel avant tout du président Wade»
«Si le Sénégal basculait dans la guerre civile, il est certain que cela entraînerait une très grave instabilité dans la sous-région»
«Cette opposition politique, c'est une opposition qui est à la croisée des chemins»
«Il y a une sorte d’hémorragie financière qui passe par toutes les pores du pays à travers lesquelles les richesses créées s’en vont dans des paradis fiscaux»
«Le Fesman a été une orgie financière. Il n’a ni tête ni queue, il n’a aucune substance»
«Cette opposition, très honnêtement je ne la sens pas. Elle est tout à fait amorphe»
«Dans l’affaire Bara Tall, le secteur privé national fait preuve d'une grande cécité»
«Les chefs religieux sont des entrepreneurs politico-financiers. Beaucoup d'entre eux utilisent l'Islam comme un fonds de commerce»


Après avoir réagi sur la saisine du siège de l’entreprise de Bara Tall, Jacques Habib Sy, qui avait disparu de la circulation pour des raisons professionnelles, a accordé un entretien à votre journal préféré. À bâtons rompus, l’actualité économique, sociale et même politique est passée au peigne fin par le Secrétaire exécutif de l’Ong Aid Transparency, qui déclare que parler de la fin de la pauvreté relève du «mensonge d’Etat». Sur l’énergie, il estime que «l’échec de Samuel Sarr, c’est l’échec personnel avant tout du président Wade» et, parlant du Festival mondial des arts nègres qui vient de s’achever, il le qualifie «d’orgie financière» qui «n’a ni tête ni queue, aucune substance». De l’opposition qui «est tout à fait amorphe » au «secteur privé national (qui) fait preuve d'une grande cécité» dans l’affaire Bara Tall, en passant par «les chefs religieux (qui) sont des entrepreneurs politico-financiers», Jacques Habib Sy dit tout.



M. Sy, pourquoi on ne vous entend pas trop vous prononcer sur l’actualité ?
J’ai été pris hors du Sénégal en raison des charges professionnelles qui pèsent sur moi. Comme vous savez, mes activités sont souvent des activités de consultance à l’échelle internationale. Parce que je suis avant tout un spécialiste de la planification des services de communication par satellite. En dehors de cela, je viens de boucler une conférence internationale sur la conservation des manuscrits anciens en mettant pour la première fois en lice des bibliothécaires, des archivistes ainsi que des détenteurs privés de manuscrits anciens. Parce que nos manuscrits sont très gravement menacés. Il y a toutes ces questions qui m’ont pris et qui font que j’ai été tout ce temps-là en dehors du Sénégal tous ces mois passés.

Votre dernière interview, c’était avec notre journal, en octobre 2009, lors de l’affaire Segura. Nous sommes en janvier 2011, avez-vous retrouvé le Sénégal tel que vous l’aviez laissé ?
Le Sénégal est en train de régresser à vue d’œil. Je n’en veux pour preuve que l’incidence de la pauvreté. Ceux qui estiment que le Sénégal est un pays qui émerge, qui va vers l’émergence, à mon avis, font une très grave erreur, au mieux et, au pire, font preuve d’une très grave méprise sur les incidences de la pauvreté dans ce pays. Parce que les mendiants sont dans la rue, les enfants continuent de mendier en guenilles, les gens arrivent à peine à manger trois repas par jour. Je pense même qu’ils en mangent un seul. Je suis allé dans les quartiers populaires, il y a des jeunes qui se bloquent l’estomac avec des aliments très peu nutritifs, juste pour pouvoir se donner l’impression qu’ils n’ont pas faim. Il y a des femmes qui continuent de manger du kaolin. Nous continuons d’avoir une incidence de mortalité effroyable en ce qui concerne les femmes qui mettent au monde des enfants etc. La liste est pratiquement inaltérable. Nous voyons le monde rural qui est complètement pris dans l’engrenage de l’ajustement structurel et de la privatisation, de la libéralisation. Ce qui fait que malgré un hivernage assez généreux, nous en sommes encore au point où les paysans sont en train de brader leurs récoltes dans les loumas (marchés hebdomadaires) à vil prix, simplement parce qu’ils ont affaire à un circuit de commercialisation entièrement pris en otage par des spéculateurs. Et dans tout cela, l’Etat est pratiquement absent et ne se contente que de réparties verbales. Or, on ne peut pas construire une nation juste à partir du discours.

Le tableau que vous dressez est différent de celui du président de la République, qui dit, dans sa dernière adresse à la Nation, que nous sommes sortis de la pauvreté et que nous avons atteint l’autosuffisance alimentaire…
Je qualifierais cela, en pesant les mots, de mensonge d’Etat. Vous savez, les Etats ont recours à cette technique pour pouvoir se maintenir en place. Mais un mensonge d’Etat est une sorte de travestissement des faits économiques et sociaux, et des faits de gouvernance. Dans l’Etat actuel du Sénégal, dire que nous sommes sortis de la pauvreté, cela va d’ailleurs à l’encontre de toutes les statistiques dont nous disposons en l’état actuel. Parce que même les alliés les plus imminents de l’Etat du Sénégal, c'est-à-dire la Banque mondiale, le Fmi, disent que l’incidence de la pauvreté est exactement à hauteur de 63%. D’autre part, il y a que l’accès à l’eau est devenu difficile, sinon très difficile. Comme vous savez, il y a à peu près deux ans, il y avait 500 villages qui avaient des points d’eau que se partageaient les hommes et les animaux. Actuellement, nous sommes à près de 800 points d’eau. Donc, on ne peut pas dire dans ces conditions que la pauvreté a disparu au Sénégal. Tous ceux qui visitent le Sénégal sont frappés par l’immense désespérance qu’on rencontre, non seulement dans les rues d’une capitale engorgée où il y a plus de 1/5 de la population, mais dans la plupart des villes secondaires du pays, ainsi que des campagnes. J’habite à Yoff et j’ai connu trois jeunes du village qui jusqu’ici m’ont beaucoup marqué. Parce que peu avant de disparaître dans l’océan, ils sont venus me voir en me disant : «On ne peut plus subir ça. On ne peut plus regarder nos papas, nos mamans et demander de quoi survivre». Je leur ai dit : «patientez un peu, on va essayer de trouver quelque chose». Une semaine après, ils ont pris les pirogues pour l’Espagne. Ils n’ont jamais été retrouvés. Alors ces jeunes qui sont partis, est-ce que l’Etat n’a pas une responsabilité directe dans leur décès ?

À vous de nous le dire.
Je crois que la réponse est établie à partir du moment où vous avez le taux de chômage qui a dépassé le seuil du tolérable, ces jeunes n’ont d’autre espoir que tenter l’aventure pour traverser l’océan et périr. Aujourd’hui, il y a des milliers de jeunes qui ont péri comme ces trois de Yoff. Personne ne connaît leur nombre, personne ne s’est ému d’ailleurs de faire des enquêtes de terrain, de prendre des statistiques. Il y en a qui ont avancé le chiffre d’une dizaine de milliers, d’autres 5000, d’autres 4000. Mais personne ne sait au juste combien de jeunes ont péri dans les fonds océaniques. Et c’est ça l’un des grands problèmes de l’Alternance. À cela s’ajoute cette catastrophe énorme qu’on a connue dans ce pays, la tragédie du Joola. Je n’aurais jamais pu imaginer qu’aujourd’hui, en 2011, des années après ce drame, ce gouvernement de l’Alternance aurait pu survivre à un scandale pareil. Au moment où je vous parle, pas une seule condamnation, ceux qui devaient être condamnés ont pignon sur rue aujourd’hui et dirigent des structures importantes. À côté de cela, vous avez des cas de corruption et de mal-gouvernance qui ont atteint un point tellement endémique que la Banque mondiale, l’Union européenne, le Fmi, tous les partenaires les plus importants du Sénégal reconnaissent que c’est un pays où elle existe dans toutes les couches de la nation. Et qu’il est important quand même de mener des actions pour juguler ce mal.

On sait que les marchés publics sont justement des niches de corruption. Pourtant on a réformé le Code des marchés qui met des pans entiers de la commande publique hors du contrôle de l’Armp et de la Dcmp. Qu’est-ce que cela vous inspire comme commentaire ?
Écoutez, le décret qui avait fait que j’avais fait partie de l’Armp pour le compte de la Société civile m’a toujours laissé dubitatif. Parce que cette structure avait été mise en place avec des procédures qui me semblaient très peu démocratiques. Il eut fallu, avant de mettre en place l’Armp, avoir de sérieuses discussions avec l’ensemble de la société civile, avec le secteur privé dans son ensemble. Ce qui n’a pas été tout à fait le cas. Les gens ont été choisis, il me semble, un peu au hasard et personnellement, je ne pense que je sois, dans la Société civile, la personne la mieux qualifiée pour cette tâche. Il y a d’éminents chercheurs, des spécialistes de la question des marchés publics qui, j’en suis sûr, peuvent mettre leurs talents à la disposition de la Société civile et de toutes les autres parties, et qui n’ont jamais été concernés.
Donc ce qui s’est passé par la suite m’a confirmé dans les appréhensions de départ, à savoir que c’était juste un mécanisme utilisé par le président de la République pour mieux masquer la mal-gouvernance, mieux masquer les tensions extrêmes qu’il fait peser sur la trésorerie publique.

Mais on ne peut quand même pas reprocher à l’Armp de n’avoir pas fait son travail…
L’Armp a eu des résultats que je qualifierais de mitigés. Il ne faut quand même pas oublier que le Comité de règlement des différends (Crd) a eu à statuer et à bien statuer sur beaucoup de cas. Mais tout de même, c’est une manne de près de 800 milliards de francs Cfa que constitue la commande publique. Et dans ces 800 milliards, je ne pense pas que l’Armp ait statué sur la moitié de ce pactole. Il faut signaler que le cas qui m’a le plus choqué, personnellement, c’était le cas Bara Tall. Lorsque des demandes de renseignement ont été formulées, rien n’est parvenu, sauf quelques pièces sur la bases desquelles M. Bara Tall avait été débouté de ses demandes à l’Anoci. Ce que je trouvais particulièrement injuste. Le Crd se ramenait à trois ou quatre personnes qui ont pris cette décision-là. Donc, à côté des bonnes actions qu’ils ont faites, il y a eu des dérapages, des attitudes complices et extrêmement complaisantes vis-à-vis du pouvoir. Et je crois que c’est ce qui les a rattrapés par la suite. Parce qu’il ne faut pas oublier que l’Etat, c’est un monstre froid, il n’a que des intérêts.

Et que dites-vous alors de l’exclusion du Forum civil du Conseil de régulation de l’Armp ?
Je pense qu’ils ont exclu le Forum civil parce qu’ils ont été un peu gênés par la collusion et le rôle direct qu’il a joué dans l’organisation des Assises nationales. Le pouvoir a vu tout de suite une collusion avec l’opposition. Mais c’est dommage tout cela parce que quand même il y a une séparation qu’il faudrait opérer entre le champ purement politique, entre politiciens si vous voulez, et le champ du processus démocratique qui lui appartient à la société dans son ensemble, aux forces physiques qui ont le devoir, la responsabilité de se comporter en vigile de la société. Ceux qui pensent que la Société civile est une force politique qui peut faire le contrepoids face aux partis politiques dominants font une très grave erreur. Ce n’est pas exact. Les organisations de la société civile n’ont pas les capacités de mobilisation – elles-mêmes ne le formulent même pas de la sorte- pour pouvoir embrasser large sur le front politique. Ne peuvent s’exprimer que ceux qui véritablement, par exemple dans les campagnes présidentielles, ceux qui briguent les suffrages des Sénégalais. Et vous voyez que souvent, ils ne dépassent pas les 2%. Donc il y a une césure totale à faire en ce qui concerne la place de la société civile dans processus démocratique en cours. Personnellement, là où je me sens le mieux à l’aise, c’est dans le rôle de vigile, le rôle d’analyste, et nous, à Aid Transparency, avons surtout mis l’accent sur l’analyse des politiques économiques et sociales et de gouvernance.

Dans cette analyse des politiques économiques et sociales et de gouvernance, que retenez-vous du secteur énergétique qui se débat encore dans des difficultés, 10 ans après l’Alternance ?
N’oublions quand même pas que le président de la République avait dit que nous avions le meilleur homme, le meilleur expert du secteur de l’énergie en la personne de Samuel Sarr. Donc l’échec de M. Sarr dans le secteur de l’énergie, c’est l’échec personnel, avant tout, du président Wade. Ensuite, qu’est-ce qui nous garantit que M. Karim Wade va réussir à rectifier le tir, là où un chapelet d’experts a échoué ? De plus, le fait qu’il ait amené des forces de l’ancienne puissance coloniale pour faire des audits me paraît un peu saugrenu parce que tout de même le Sénégal compte beaucoup d’experts en la matière et aurait pu se passer de l’expertise de Edf.

Et vous en déduisez quoi ?
Depuis quelque temps, on note une volonté délibéré du chef de l’Etat de placer son propre fils aux postes de commande. Je crois que maintenant, ce n’est plus un secret pour personne que M. Karim Wade a des prétentions pour gouverner le Sénégal. il est dans les matches de football, les galas de lutte, il est partout à la fois. Il a un ministère qui regroupe trois ministères ou quatre. Enfin, bref ! M. Karim Wade est partout, il est devenu la personne devant qui des ministres se prosternent, montrent un signe de respect similaire à celui dû au chef de l’Etat. Que je sache, il ne fait pas partie de la nomenclature présidentielle, les Sénégalais ont donné leurs suffrages au président de la République actuel et non à son fils. Il serait inacceptable - de toute façon personne ne l’accepterais- que son fils lui succède comme cela s’est vu un peu partout en Afrique. Si on veut faire l’économie d’une guerre civile au Sénégal, il faudra mettre par terre le projet de dévolution monarchique du pouvoir et laisser les Sénégalais choisir leur prochain président de la République.

Voulez vous dire que nous ne sommes pas à l’abri d’une situation similaire à celle de la Côte d’Ivoire actuellement ?
Il y a effectivement des similarités. Très souvent, on pense qu’il y a une exception sénégalaise. Je ne le crois pas du tout. Regardez notre tissu économique, il est beaucoup plus fragile que celui de la Côte d’Ivoire malgré les affres de la guerre civile depuis 2002. Le pays clopine encore parce que tout simplement il y a eu une sorte de médiocrité de notre classe politique qui s’est arc-boutée sur ses intérêts personnels au détriment de ceux de la majorité. En dehors de cela, il faut noter qu’en Côte d’Ivoire, il y a un niveau de création de richesses qui est infiniment supérieur à celui du Sénégal. C’est peut-être ce qui complique la situation parce qu’il y a des intérêts français, des intérêts stratégiques surtout sur les minerais qui sont considérables. Toutes les grandes puissances y sont agglutinées à l’appareil de production de richesse.
Mais dans le cas du Sénégal, ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que sur le plan géopolitique, il joue un rôle absolument essentiel. Si le Sénégal basculait dans la guerre civile ou montrait un signe d’essoufflement économique tellement prononcé, il est certain que cela entraînerait une très grave instabilité dans la sous-région, notamment dans l’espace Uemoa. Donc, je crois que nous ne sommes à l’abri de rien du tout. Les militaires finissent par maugréer, les marabouts se plaignent de partout malgré tous les avantages qui leur sont consacrés. Donc prévaut, véritablement, une sorte de désamour avec le pouvoir en place. Il y a une très grande déception. Je crois que la déception, c’est le sentiment le mieux partagé aujourd’hui au Sénégal.

Et comment sortir de cette impasse ?
Je crois qu’il appartient aux partis politiques, à la Société civile au sens large, y compris la presse qui a une très grande responsabilité dans l’élection de Me Wade en 2000, de se mobiliser. Il ne faut pas oublier que la presse a véritablement accompagné de façon très puissante l’élan généreux du peuple sénégalais pour la survenue de l’Alternance. Mais il n’y a pas eu d’alternance. L’alternance a été dévoyée. Il y a eu des crimes de sang, des crimes économiques qui sont jusqu’ici impunis, et même sont encouragés par-dessus tout. Il y a des crimes que je qualifierais de sociaux. C’est par exemple lorsqu’un Etat laisse mourir 8000 femmes par ans dans les accouchements. Regardez ce que cela représente en termes de Boeing qui ont fait de crash. C’est une catastrophe si on sait qu’un Boeing fait 300 personnes. Les gens ne se rendent pas compte du nombre de morts, que ce soit les femmes qui accouchent, les jeunes qui périssent de paludisme ou de sida. Il y a les jeunes diplômés qui quittent le Sénégal en très grand nombre, les professeurs qui désertent les Facultés. C’est pour dire que nous sommes dans une crise multidimensionnelle de nature exceptionnelle.
Où va le Sénégal, quel avenir réservons-nous à nos enfants, aux générations futures ? je crois qu'il y a des questions à se poser qui restent sans réponses. Certains minerais, les phosphates par exemple, sont en train d'être épuisés. À l’échelle d'une génération, nous aurons épuisé les phosphates disponibles. C'est un appauvrissement pour le Sénégal. Là, nous n'avons pas fait le meilleur usage de ces richesses. Il y a l'or de Sabodala, l'ancien gouvernement avait développé ce projet de telle sorte qu'on avait une joint-venture, on a enlevé cela pour apporter un secteur privé international, le résultat est extrêmement décevant, cela a entraîné une instabilité dans ce secteur-là avec de zéro retombée pour les populations du Sénégal Oriental. A telle point que cette zone s’est embrasée très rapidement comme une traînée de poudre.
On peut dire aujourd'hui que le Sénégal, parlant de la Casamance, que la guerre est trop loin du vécu des Sénégalais. Mais le jour où la guerre se déportera au Centre du pays et dans tous les autres coins du Sénégal, à travers des actions de guérilla, je crois que ce sera une sorte de métastase au niveau de la société. Mais pour l'instant, on peut dire qu'il y a plusieurs Casamances dans ce pays. Regardez le Nord du Sénégal, vous pouvez parcourir des dizaines de kilomètres sans voir un seul arbre, pas un seul endroit où vous pouvez avoir de l'ombre. Le Fouta se sent piégé par ce modèle de développement. Prenez le Boundou, tout a été essentiellement construit par des travailleurs émigrés. Ces travailleurs émigrés, dans l'ensemble du Sénégal, ont réussi quand même, avec beaucoup de vaillance, à tenir l'économie à bout de bras. On peut dire aujourd'hui que ce sont les travailleurs émigrés qui tiennent le pays. Malgré cela, ils n'ont droit à aucun respect. Il n'y a pas de programmes particuliers qui puissent leur permettre de se faire une place dans le dispositif économique. Le dispositif lui-même est en cours et c'est pourquoi je récuse tout le temps ces taux de croissance surfaits de 6%, de 7%. Ce sont des chiffres tout à fait ridicules, en ce sens que lorsque vous prenez le taux de croissance, vous enlevez la part de la part de la communauté libanaise, vous enlevez la part des 400 entreprises françaises qui dominent l'économie, vous avez au mieux un taux de croissance de 1,8 à 2%. Donc c'est un taux de croissance médiocre, nettement en deçà de la moyenne observée dans le cadre de l'Uemoa et beaucoup plus bas dans le cadre de l'Afrique de l'Ouest et de la Cedeao. C'est dire que le Sénégal actuellement a sérieusement dégringolé, tous les agrégats sont au rouge, sans que le pouvoir réalise cela.

Malgré ce tableau sombre que vous peignez, comment expliquez-vous le manque de réaction des populations, des partis politiques et des autres organisations ?
C'est un problème très difficile, lorsque vous analysez la source de l'argent dont dispose le parti dominant, c'est-à-dire le Pds, c'est essentiellement l'Etat. Il dispose des terres, il dispose du pouvoir de nomination, il dispose des portefeuilles publics, il dispose d'un certain nombre de ressources. C'est ce bien public quintessenciel qui est l'objet d'une compétition de plus en plus féroce. Et l'Etat ne se prive pas de l'utiliser pour perdurer et pour pouvoir rester pendant 50 ans, comme le disait Me Abdoulaye Wade.
Il y a ce premier élément, donc il faut une réforme en profondeur du financement de l'activité politique au Sénégal. En tout cas, on ne peut pas laisser le parti Etat se comporter de façon si partisane. À partir du moment où on laisse le parti Etat montrer sa toute puissance, et son pouvoir corrosif vis-à-vis de la classe politique, on ne peut avoir que ce type de développement et de prébendes qui sont utilisées comme moyen politique. Vous prenez cette opposition politique, c'est une opposition qui est à la croisée des chemins. Parce que la plupart des acteurs ont été là depuis les indépendances, donc la grande question qui se pose, c’est où est la relève. Est-ce que la relève est perçue dans les jeunesses qui sont des appendices des partis politiques, Mais qui sont des appendices qui n’ont pas la possibilité de remettre en cause les paradigmes à partir desquels leurs aînés avaient construit leur projet de société ? Je crois qu’on ne peut pas s’attendre à des miracles de la part de cette jeunesse partisane.
Mais par contre, lorsque vous voyez les jeunes qui sont beaucoup plus nombreux, qui ne sont pas dans les partis politiques, ils ont des aspirations beaucoup plus profondes que celles qu’on leur présente dans le système politique en cours. Ils ont un alphabet politique totalement différent de celui qu’on a connu jusqu’ici. Ils cherchent confusément leurs voies, parce que les partis politiques n’ont pas fait un travail en profondeur qui consisterait à les former. Quelle est l’idéologie à partir de laquelle on veut opérer ? L’idéologie, c’est comme l’air qu’on respire, il est évident qu’il n’y a pas mort des idéologies.
Lorsqu’on voit les prétentions telles qu’elles sont exprimées par la classe politique dominante aujourd’hui, c’est de regarder un secteur, juste un secteur, le secteur des fonctionnaires. Les fonctionnaires se sont appauvris de 60% entre 1960 et maintenant. Donc ça, c’est un indicateur suffisamment puissant, suffisamment vivace, que le système s’est effondré ; le système ne marche pas. Alors comment le reconstruire, comment reconstruire le secteur primaire ? Comment faire en sorte que le secteur secondaire se comporte de façon à créer des richesses qui puissent maintenir le niveau de vie des populations, surtout faire en sorte qu’il y ait de nouvelles filières ? Comment faire en sorte que les Pme puissent se développer à travers une politique de taxation, une politique fiscale qui ne tue pas l’initiative privée et au contraire l’encourage. Aujourd’hui, je crois que l’État a réussi à mener le budget national aujourd’hui là où il se trouve en le multipliant par deux ou trois actuellement, parce que simplement on a tellement tapé dans la poche des Sénégalais, on a tiré sur tout ce qui bougeait sur le front fiscal, et à présent on se rend compte que l’argent n’est pas utilisé de façon démocratique, et de façon surtout utile.
Face à toutes ces questions, c'est une présidence de la République à travers 32 ou 34 agences créées ex-nihilo et qui échappent totalement au contrôle du fisc, qui est en train évidemment de participer très gravement à la fragilisation de l’État et à l’appauvrissement de l’État du Sénégal et de toute la nation. La question que je me pose, c’est : est-ce que les gens voient bien que depuis l’indépendance jusqu’à maintenant, le système de colonisation économique qui maintenait la colonisation en l’état, est resté presque tel quel ? C’est la même société privée française qui est là, il y a la classe tampon libano syrienne qui est toujours là et à côté de cela, il y a un secteur privé national tout à fait médiocre. Alors comment voulez-vous que la pauvreté s’en aille ?
Il y a une sorte d’hémorragie financière qui passe par tous les pores du pays à travers lesquels les richesses créées s’en vont dans des paradis fiscaux. Elles ne restent pas au Sénégal, elles ne sont pas injectées ici, c’est pour ça que la jeunesse n’a pas d’emplois. La jeunesse ne peut pas créer de richesses, c’est impossible ; c’est pourquoi les jeunes sont un peu partout. Nous sommes 800 000 en Côte d’Ivoire, un million dans d’autres pays etc. Nous sommes éparpillés un peu partout, des centaines de milliers aux États-unis. On ne peut pas construire un pays avec ça.

Il y a trop de bruit autour du Festival mondial des arts nègres, avec peu de transparence sur l'argent utilisé ?
On a vécu pire. Parce que, tout de même, vous prenez un chef de l’Etat qui commet deux parjures. Le premier, c’est à travers la construction du colosse des mamelles. Un chef de l’État, c’est nous qui le payons, nous garantissons son salaire ; s’il vient maintenant nous dire que c’est lui le propriétaire intellectuel de cette œuvre, il y a vraiment des dérapages extrêmement graves dont s’est rendu coupable Me Abdoulaye Wade, en bradant nos terres pour payer une statue qui aurait pu créer au moins une dizaine d’hôpitaux, c'est-à-dire un hôpital régional de grande classe dans les différentes parties du pays. L’autre aspect, c’est ce qu’on a vécu à travers son lopin de terre, qui se trouve du côté du virage où il a construit le village. Il y a des structures physiques qui sont mises là, qui ne vont pas partir, il y a des routes ; c’est sur son terrain, c’est son terrain personnel. Il l’a mis, j’ai entendu, au nom de son fils. J’en ai pas la preuve, mais quoi qu’il en soit, c’est son bien personnel. Je crois que ce n’était pas correct de prendre l’argent public, l’argent du Sénégal, pour l’investir dans une entreprise familiale. Ne serait-ce que de ces deux points de vue, on peut estimer que le festival a été une orgie financière. On ne sait pas quel est le chiffre, il a d’abord dit 5 milliards, ensuite il a parlé de 17 milliards ; c’est une énorme nébuleuse. On attend des clarifications. Mais il reste qu’il faudrait quand même que les institutions, malgré tout l’apparentement politique, puissent jouer leurs rôles. Rien n’empêche le Sénat d’exercer véritablement son rôle de contrôle ainsi que l’Assemblée nationale. Je crois qu’il y a des dérapages qui sont inacceptables dans le Sénégal d’aujourd’hui. Le festival s’avère potentiellement un autre scandale avec tous les dérapages qui ont été dénoncés.
Pourtant, Me Wade déclare que le Festival n’a pas de prix ?
Ces procédés-là, ce sont des procédés politiciens de bas étage, très décevants, d’un chef d’État comme Monsieur Abdoulaye Wade au crépuscule de sa vie, qui devrait avoir un sens de l’équité et de la justice beaucoup plus grand. Il devrait faire preuve de beaucoup plus de compassion vis-à-vis des Sénégalais. Au moment où les militaires sont tombés sur le champ d’honneur, au moment où une grande partie des populations vit en détresse dans des eaux boueuses, monsieur Abdoulaye Wade organise un festival qui n’a ni tête ni queue. Parce que ce festival-là n’a aucune substance. Tous les intellectuels qui avaient été trompés un moment et qui étaient venus, pensant qu’ils allaient pouvoir débattre de questions essentielles, sont repartis désabusés. Ce sont là des lacunes coupables, des manquements que le peuple sénégalais devrait sanctionner très sévèrement, non seulement à travers un vote négatif, un vote de défiance, mais en plus il faudrait entrevoir la possibilité de poursuivre des crimes. Parce que ce sont des crimes économiques doublés de crimes de sang.

Il faudrait qu’il y ait alternative en face, et dans l’opposition, c’est toujours la guéguerre pour une candidature unique ou plurielle…
Cette opposition, je ne la sens pas ; très honnêtement, je ne la sens pas. Prenez le cas précis des inondations : pendant quatre ans, on n’a pas senti l’opposition. Elle devrait se positionner, mais on n’a pas senti l’opposition dans toute sa puissance mettant des moyens, organisant même - parce que le peuple sénégalais est généreux - des donations pour que les gens puissent faire face à la crise. Mais au lieu de cela, on a vu une opposition tout à fait amorphe. Vous prenez le cas de toutes les grandes crises qui ont lieu ici, prenez le cas du Joola par exemple, quel rôle a joué l’opposition dans cette crise-là. Au finish, on n’a pas eu de résultats probants sur la capacité de mobilisation de l’opposition. On a vu qu’ils ont perdu beaucoup de temps dans des réunions de salon, ensuite quand ils se sont un peu essoufflés, ils ont cru qu’à travers l’organisation des Assises nationales, qu’avec la Société civile, on aurait fait un bond qualitatif. Mais cela n’a pas eu lieu, parce qu’ils ont en face un politicien qui, il faut le reconnaître, est assez talentueux dans la capacité de nuisance. C’est de ce point de vue seulement qu’on peut lui reconnaître un talent. Mais, l’opposition fait ce qu’elle peut. Dans tout cela, et le peuple sénégalais ? C’est un grand problème. Parce que les populations les plus pauvres, vous discutez avec elles, vous leur donnez les faits, vous leur faites toucher du doigt les problèmes, dès que vous tournez le dos, elles se laissent aller. Il y a une corruption des consciences. C’est ça le grand problème. Les consciences sont obscurcies, les gens ne voient pas très loin et donc, c’est pourquoi on a vu les imams prendre le relais avec succès, et les gens les suivre. Mais on est en face d’une population qui a véritablement perdu espoir et qui peut-être montre une méfiance vis-à-vis de la chose politique. Parce que quand même, ce que l’alternance a créé, c’est une énorme déception au niveau de la population. Je crois qu’après, pour que des forces politiques puissent développer un message crédible, il va falloir faire beaucoup plus qu’actuellement. C'est-à-dire, ce n’est pas des slogans, mais un travail beaucoup plus sérieux, beaucoup plus soutenu au niveau de la population et beaucoup plus massif. Malheureusement, c’est le pouvoir de l’argent qui actuellement domine tout ce processus-là. Il y a des dizaines de milliards qui sont investis dans ce processus. Il ne faut pas se faire d’illusions, ce n’est pas seulement des fonds internes, ce sont des fonds de l’État, ce sont des fonds qui viennent de l’extérieur. Dans ces conditions-là, le combat est tout à fait inégal. Mais malgré tout cela, il ne faut pas oublier quand même qu’en 2000, nous étions dans des circonstances similaires. Et que malgré sa toute puissance, le parti socialiste de l’époque n’avait pas réussi à juguler la levée de boucliers nationale qui l’a conduit à rendre le tablier et à quitter le pouvoir. Je crois que les mêmes circonstances peuvent être, sauf qu’ici, en la circonstance, nous sommes à quelques mois des élections et véritablement, lorsque vous voyez les chiffres département par département, village par village, il n’y a pas encore des structures mises en place sur le terrain pour pouvoir préparer les populations. Et ceci est vraiment inquiétant.

Est-ce que les Assises nationales ont participé à la création d’une nouvelle société sénégalaise ?
Les Assises n’ont fait que brosser de façon générale les problèmes. Il y a eu, c’est vrai, des contributions d’une exceptionnelle qualité, au cours de ces débats-là, mais ce n’était pas suffisant. Ce qui a probablement manqué, c’est peut-être de grands consensus sur la façon dont la politique est menée. Ça, c’était la première chose ; à partir de quels outils, à partir de quels mécanismes devions-nous engager l’action politique ? C’est là où on a buté, nous n’avons pas pu définir une réforme qui aurait pu véritablement satisfaire tout le monde, parce que les courants politiques sont éclatés entre un socialisme bon teint, quelqu’un qui se réclame du communisme, quelqu’un qui n’a même pas d’idéologie qui se réclame tout simplement des lois du marché. Comment concilier toutes ces exigences-là ? je crois que ça, personne n’y a encore répondu. La question à laquelle on n’a pas répondu, c’est comment faire la politique autrement ? Personne n’y a répondu précisément, et personne n’a fait une autocritique approfondie de son action au cours des 50 dernières années. Ce n’est pas demander pardon d’avoir amené Abdoulaye Wade au pouvoir, mais c’est regarder l’action menée. Le modèle politique dominant n’a jamais été remis en cause.

Malgré le sort qui s'abat sur les 3 000 travailleurs de Jls, au-delà de Bara Tall, on assiste à une réaction timide de l'opposition et un silence coupable du secteur privé. Comment expliquez-vous cela ?
L'opposition a toujours réagi à contretemps dans des situations aussi complexes. Elle était attendue, elle a mis beaucoup de temps à réagir. Ce n'est pas seulement l'affaire Bara Tall, c'est le secteur privé dans son ensemble. La classe politique réagit très, très lentement. Les déclarations n'auraient de toute façon pas suffi à juguler le mal. Et le mal, c'est que Monsieur Bara Tall, on a détruit son entreprise. Il a formé pendant des décennies des cadres de très haut niveau qui sont en train de partir en Angola, en République démocratique du Congo, un peu partout à travers la sous-région. Ça, ce sont des pertes inestimables. C'est plus important que les pertes en argent. Ensuite, il y a le fait qu'il y a plus de 3 000 pères de familles qui vont aller au chômage. Quand on multiplie ce chiffre par 5, on voit l'effet que cela fait sur des populations non négligeables.
Il y a aussi le fait que le secteur privé national fait preuve d'une grande cécité. Parce que ce qui arrive à M. Bara Tall pourrait très bien leur arriver demain. Deuxièmement, s'il laisse le pouvoir fragiliser une seule entreprise, c'est une action de trop qui pourra demain, ou dans pas très longtemps, lui retomber sur les pieds. Il est essentiel que le secteur privé national - je ne parle pas de tout le monde, parce que dans ce secteur privé, il y en a qui ont montré des attitudes de principes très fermes sur cette question-là, mais ils n'ont pas été suivis - il y ait un mouvement d'ensemble ferme et qui fait bloc autour de M. Bara Tall, pour que ces dérives autoritaires et dictatoriales cessent. Parce que cela porte atteinte non seulement au tissu économique national, mais aussi à l'honorabilité de M. Bara Tall et au gagne-pain de beaucoup de milliers de Sénégalais. Qu'allons-nous faire de ces Sénégalais qui se retrouveront du jour au lendemain au chômage et qui depuis des mois et des mois font preuve d'une grande dignité face à l'adversité ? Il faut que les gens se mobilisent. Je suis d'accord avec les initiatives prises par la Société civile et visant à faire en sorte que M. Abdoulaye Wade desserre l'étau. Et paie à M. Bara Tall son dû. Même si son dû lui était payé maintenant, le mal est déjà fait. Pour se relever d'un coup comme celui-ci, il faut plusieurs années de dur travail, pour remettre l'entreprise à flot.

Dans une affaire aussi grave, on ne sent pas les chefs religieux. Pourtant les 3 000 travailleurs qui risquent d'être jetés dans la rue sont leurs talibés. Et pour des différends concernant Wade et certains de ses collaborateurs, on les a vus publiquement s'investir pour trouver la solution…
Il faut avoir le courage de reconnaître que les chefs religieux, je ne parle pas de tous les chefs religieux, mais la grande majorité sont des entrepreneurs politico financiers. Beaucoup d'entre eux utilisent l'Islam comme un fonds de commerce. Ça, nous le savons tous. Maintenant, il faut que les fidèles commencent à dénoncer ce genre de dérives-là. Les fidèles sénégalais, à cause de la «confrérisation» de l'Islam, on a un modèle tout à fait particulier. Vous allez dans les autres pays de la Umah islamique, les gens se comportent différemment face au message islamique et face à la foi tout simplement. Ça, c'est une question individuelle, on ne peut pas la laisser entre les mains d'un homme que l'on considère presque comme un Dieu. C'est grave. Il y a une confusion assez extraordinaire. Le peuple sénégalais est gravement touché sur cette question-là. Il faut que ça s’arrête. Il faut que ceux qui sont saints, que l'axe saint de ce pouvoir maraboutique prenne le relais, se lève comme un seul homme et dise : assez, c'est assez. Les marabouts doivent retourner dans les mosquées, prier, se mettre dans les actions caritatives comme le font les autres voies religieuses, veiller à une meilleure conscience des hommes et faire en sorte que l'aspect éthique liée à la religion puisse faire tâche d'huile dans la société pour le plus grand bien de tout le monde. C'est ça qu'on attend du pouvoir religieux, mais pas ces genres d'attitude où ils deviennent des sortes d'Etat dans l'Etat et où on les voit jouir de beaucoup de biens de ce monde. On a des chefs religieux qui ont 9 femmes, d'autres en ont beaucoup plus, on les voit dans des grands boubous bien amidonnés. Alors que les leaders originels qui ont créé ces confréries étaient beaucoup plus simples.
Il y a des dérives fondamentales et il est essentiel que la classe politique qui a une responsabilité dans ces dérives-là arrête. Quand ils ont un problème, ils vont se réfugier à Touba. Ils demandent une intervention ; quand ils cherchent le pouvoir politique, ils vont demander les prières du marabout. Les couches dominantes du pouvoir religieux comme du pouvoir économique, chacun y trouve son compte.

Pensez vous qu’avec l’affaire Modibo Diop, nous sommes dans la voie de la bonne gouvernance ?
Il y a le cas scandaleux de la Lonase. En fait, vous prenez tous les grands chantiers entre guillemet du chef de l'Etat, tous font l'objet véritablement de tensions de trésorerie qui sont liées à la mauvaise gestion ou à la corruption. Personne ne fait l'effort pour prévenir cela. L'ambassadeur des Etats-unis s'est ému de ça, le délégué de l'Union européenne. Donc, nous sommes en plein dans le règne de l'impunité. La bonne gouvernance n'est pas partie pour s'installer au Sénégal. En tout cas pas avec ce pouvoir. Et je serai réservé en ce qui concerne tout parti politique ou mouvement politique futur qui prendrait le pouvoir, s'il n'est pas en mesure de remettre en cause fondamentalement les paramètres en place.

Propos recueillis par
Bachir FOFANA et
Birane LO,
Ibrahima Niang (Photos)

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