mercredi 23 juin 2010

LE GOUVERNEMENT ET LE SENS DES PRIORITÉSET DES URGENCES: Quand divertir est plus important que les besoins sociaux de base des populations


Au moment où la Senelec est en mesure de trouver 21 milliards de francs Cfa pour sécuriser son approvisionnement en combustibles dans le dessein de permettre aux férus du ballon rond de suivre convenablement la coupe du monde de football, d’autres secteurs aussi important que le cadre de vie des populations, la santé et l’agriculture attendent. Ce qui pousse certains à ses demander si le gouvernement a le sens des priorités et des urgences.

L’Etat, plus particulièrement la Senelec, de peur de déchaîner la colère des passionnés du ballon rond, s’est débrouillé pour que la coupe du monde puisse être suivie sans délestages en mettant sur la table 21 milliards de francs Cfa. Au même moment, de la bouche du Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, l’on apprend que 50 milliards de francs Cfa sont à chercher pour les inondations (9 milliards), l’Agriculture (12,964 milliards), l’élevage (8,4 milliards) et 21 milliards de francs Cfa pour la finalisation de la construction des hôpitaux, des postes et des centres de Santé sur toute l’étendue territoire national. Ce qui dénote que l’Etat préfère de loin divertir les populations plutôt que leur assurer un bien être à travers des conditions de vie adéquates.

Babacar Mbaye Ngaraf, coordonnateur de Synergie des acteurs pour l’assainissement de la banlieue (Saaba), dans cette démarche de l’Etat, y voit plu qu’un manque d’attention des autorités quant à la prise en charge des problèmes des populations des banlieues. «Ce n’est pas un manque de respect, c’est une injure aux populations de la banlieue. Certains actes ne font que mettre les gouvernants en mal avec les populations», peste M. Mbaye qui ajoute : «On aime tous le football, mais à quoi ça sert de voir les matches quand on a les pieds dans l’eau et qu’on ne mange pas ? ». Pour lui, « Wade doit sanctionner le directeur général de la Senelec qui devrait se cacher de honte au lieu de se pavaner en conférence de presse comme si ce qu’il a fait était une prouesse».

Youssou Touré, Secrétaire général de la Coordination des forces sociales (Cfs) souligne que «le gouvernement n’a pas le sens des priorités et des urgences ». Précisant que «les matches de football, c’est une affaire de petits bourgeois», M. Touré donne sa préférence : «Nous préférons ne pas vivre dans les eaux et manger à notre faim plutôt que regarder une coupe du monde pour laquelle notre équipe nationale n’est pas qualifiée». Avant d’indiquer que «le petit peuple ne se retrouve pas dans ces milliards qui donnent le vertige».

L’Imam Youssoupha Sarr du Collectif des imams de la banlieue, même s’il se réjoui qu’une certaine frange de la population trouve son compte dans les 21 milliards investis pour la coupe du Monde, parle de « pilotage à vue guidée que par des intérêts bassement politiciennes ». Rappelant que « la vie ne s’arrête pas au Mondiale », Imam Sarr prévient : « Il sera très difficile, après la coupe du monde de faire accepter au Sénégalais les délestages. Parce que si on est capable de trouver 21 milliards pour la coupe du monde, on doit être en mesure de fournir l’électricité au Sénégalais tous les jours ».

Pour l’économiste Moubarack Lô, «le modèle populiste tend à prendre le dessus sur les autres modèle » de définition des priorités. «Le gouvernement tend à fonctionner dans l’immédiat et cela donne l’impression qu’on tâtonne », a-t-il ajouté. Non sans prévenir des conséquences de ce populisme : «Cela dérègle constamment les programmes, dérègle les arbitrages budgétaires, brouille la visibilité des gestionnaires de programmes, des partenaires au développement et des investisseurs ». En un mot, renchérit l’économiste, « c’est la crédibilité qui est très difficile à obtenir qui en prend un sacré coup ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire